KrISS feed 8.9 - Un simple et superbe (ou stupide) lecteur de flux. Par Tontof
  • Monday 08 April 2024 - 18:54

    Des rencontres printanières antinucléaires et anti-autoritaire auront lieu du mercredi 17 au mardi 23 avril 2024 à Bure (55). Au programme : assemblée plénière antinucléaire, promenades, plein d'ateliers, tables de presse, spectacles et 2 soirées concerts (les 20 et 23) ! Venez, ça va être super !!

    Pour être certain.es d'avoir les dernières informations sur la lutte à Bure et les rencontres printanières, le plus simple est de consulter bureburebure.info ! Plus précisément, les informations pratiques sont sur cet article et le programme est sur celui-là.

    Nous nous adaptons aux emplois du temps et besoins de toustes, donc certains ateliers du programme qui suit ne sont pas encore confirmés et risquent de changer de place ou d'être annulés. D'autres arriveront plus tard ou pendant l'évènement.

    Le programme

    On met ici le programme synthétique visuel. Pour des infos plus précises, allez sur bureburebure !

    Et on a également prévu de laisser de la place pour une programmation autogérée :) Donc venez avec vos idées et vos envies ! Si vous voulez proposer d'avance un créneau pour un atelier, contactez nous sur semaine-antinuc2024 [at] riseup [point] net

    À noter qu'on fera une soirée boom le samedi 20 soir et qu'on finira la semaine par une soirée boom boom le mardi 23 avril de 21h à 3h du matin !!

    Infos pratiques

    Les informations pratiques actualisées et plus précises sont aussi sur bureburebure.info.

    On vous résume ici les informations principales :

    - Pour nous aider à anticiper la logistique, c'est cool si tu te pré-inscris via le formulaire de pré-inscription. C'est anonyme, pas obligatoire, pas engageant mais ça nous donne des repères sur combien de personnes souhaitent venir.

    - l'accueil sera à la maison de résistance de Bure dès le montage (à partir du 13 avril donc) au 2 rue de l'Église, 55290 Bure. Plus d'infos sur les différentes façons de venir à Bure sur cette page.

    - De nombreuses tâches de vie collective et quotidienne seront autogérées par les participant.es.

    - on mangera de l'excellente nourriture végétalienne cuisinée par nos ami.es allemand.es de Freiburg !

    - il y a possibilité de poser sa tente sur place et de garer des camions aménagés. Il y aura également plus d'une centaine de places en dortoir et il y a moyen de nous contacter si vous avez des besoins spécifiques !

    - les possibilités en douche sont limitées sur place mais on se débrouillera pour que chacun.e puisse se laver :-).

    - La lutte à Bure (et la lutte antinucléaire) est soumise à du fichage. Il y a une présence policière sur le territoire de la Meuse. Si au quotidien les contrôles sont peu fréquents, on s'attend à ce qu'il y en en ait sur cet évènement. Mais ne laissons pas la répression nous empêcher de nous organiser ! Il y aura un numéro de téléphone infotrafflic qui sera publié sur bureburebure peu avant le début de l'événément.

    - l'événement est à prix libre (et il n'y a pas de distributeur sur place). Le prix coutant de l'événement devrait être autour de 7 euros par personne par jour (plus d'infos sur place).

    Pourquoi ces rencontres antinucléaires ?

    L'industrie nucléaire francaise avance actuellement à pas de géants.

    Le projet de poubelle nucléaire CIGEO [1] s'accélère avec les récentes annonces de fouilles archéologiques et d'expropriations à partir de janvier 2024 (permises par la validation de la Déclaration d'Utilité Publique).

    L'enfouissement des déchets sert surtout à maintenir et accroître la production nucléaire en france. Vote de la « relance », projets de construction de 6 nouveaux réacteurs nucléaires, allongement de la durée d'exploitation des réacteurs déjà en « fin de vie », formation d'ingénieurs du nucléaire dans les écoles, « taxonomie européenne » [2] , etc…

    À quoi s'ajoute le fait que nous n'avons jamais été aussi proches d'une guerre nucléaire depuis la fin de la guerre froide, et la france est le dernier pays de l'Union européenne à produire et détenir la bombe atomique.

    Dans ce contexte militaro-industriel, la course à la productivité ne semble pas prête de s'interrompre d'elle même. Bure et ses alentours, territoire rural que le projet CIGEO veut détruire, devient un lieu stratégique pour construire nos luttes, car en s'opposant à sa poubelle, on s'oppose à l'industrie nucléaire dans son ensemble.

    Depuis Bure, on pense qu'un temps de rencontres antinucléaires sur des bases anti-autoritaires et anti-capitalistes doit avoir lieu pour accompagner cette volonté de structuration des oppositions et donner de la force aux résistances.

    Post-scriptum

    Pour toutes questions, contactez nous à [semaine-antinuc2024 [at] riseup [point] net


    [1] CIGEO : Centre Industriel de stockage Géologique

    [2] cette taxonomie européenne inclue la reconnaissance ridicule de l'industrie nucléaire en tant qu'énergie « verte », avec toutes les subventions européennes que cela autorise

  • Monday 08 April 2024 - 18:58

    En soutien à Soso, détenue à Corbas.

    Soso est une femme de 25 ans, à la rue depuis des plombes parce qu'impossible de trouver un logement. Abandonnée par l'Etat, avec des problèmes d'addictions, Soso se retrouve parfois dans des situations compliquées. Les assistances sociales parlent mal, les SPIP aussi, la psychologue comprends rien... Alors parfois elle explose et ça tourne mal. Après un vol au supermarché, elle prends plusieurs mois de prison.
    A sa sortie, on lui dit qu'elle peut finir sa peine en conditionnelle.
    Sauf qu'au centre de semi-liberté, son ex la harcèle. Tout le monde le sait, personne ne réagit. Pour lui échapper, Soso ne revient pas au centre à l'heure indiquée. Elle est arrêtée quelques jours plus tard, doit finir sa peine, et prend 4 mois de plus pour évasion.

    On doit aussi souligner la situation de la sinistre prison de Corbas, où les morts, parfois suspectes, s'accumulent au fil des années. La majorité se déroulent dans le silence, mais parfois des proches se mobilisent pour remettre en question les versions officielles.

    Depuis 2013 la famille de Sofiane Mostefaoui se bat pour obtenir la vérité et la justice, en 2020 Idir Mederres meurt au mitard, et ses proches ont monté une association pour lutter contre les violences pénitentiaires, les morts en prison, et pour faire fermer le mitard.
    Ces derniers mois encore, on apprend de nouveaux drames...
    En décembre une jeune femme est décédée seulement 2 jours après son arrivée, et à la fin du mois de janvier, Nizar est décédé au mitard dans des circonstances obscures...
    Évidemment toute info pouvant aider les familles à comprendre ce qui s'est passé, est bienvenue.
    Encore et encore, la prison tue...

    En prison, tout coûte cher.
    La gamelle est souvent mauvaise, et doit être remplacée ou complétée par les cantines, produits surtaxés par rapport aux prix extérieurs. La télévision, le frigo, sont payants. Les appels téléphoniques sont hors de prix.
    Il faut aussi souvent payer les avocats, les amendes, les parties civiles...
    Tout ceci pèse très souvent sur les proches, car le travail en prison n'est pas accessible à tout le monde, et les détenu.es sont payés des miettes, pour le plus grand plaisir des entreprises qui les exploitent.
    Il faut en plus ajouter le prix des déplacements au parloirs, et parfois de l'hébergement pour les personnes qui viennent de loin.
    Pour toutes ces raisons, nous proposons une fois par mois une cantine en soutien, pour alléger la charge financière qui pèse sur des proches de détenu.es.

  • Monday 08 April 2024 - 19:03

    Concert de poèmes qui associe Clume, trio vocal à danser, et Flora Souchier, poétesse. Vendredi 12 avril à 20h30 au Remue-Méninges

    Cette création, qui fait se rencontrer le français et l'occitan, trace un portrait possible de notre époque, et de notre génération aux prises avec elle. Des poèmes de confinement, de manifestations, de changement climatique. Et puis des poèmes de lumière, pour chercher l'air entre les mailles, une ligne de crête, une ligne de vie. Par la délicatesse, le soin, le plaisir charnel, la sororité ; par l'écoute du sensible et l'amour du vivant.

  • Monday 08 April 2024 - 19:04

    C !EL est un·e artiste queer non-binaire qui tire son inspiration principalement des sons folk et pop. À travers des textes engagés, iel raconte son histoire, ses combats, ses souffrances, tout en étant accompagné·e de sa guitare.

    Concert au Remue-Méninges le samedi 13 avril à 20h30

  • Monday 08 April 2024 - 19:07

    « Le jour où Paris aura compris que savoir ce qu'on mange et comment on le produit est une question d'intérêt public ; le jour où tout le monde aura compris que cette question est infiniment plus importante que les débats du Parlement ou du conseil municipal, ce jour-là la Révolution sera faite. » (Kropotkine, 1892)

    Nous sommes un collectif réuni au sein d'une association exploitante agricole dénommée Caracol, installée dans le parc naturel régional des Causses du Quercy (département du Lot). Nous avons débuté la création d'une ferme en maraîchage biologique dont le produit sera distribué par une caisse autogérée de sécurité sociale de l'alimentation.

    Notre démarche articule des problématiques agricoles, écologiques, et politiques. Elle intègre des solutions accessibles, écologiques, économiques pour l'alimentation, l'habitat, l'énergie. Elle repose sur un fonctionnement strictement égalitaire, autogestionnaire. Elle prend en compte la qualité de vie, via notamment la rotation des tâches, la pluriactivité, et le temps libre. Notre souci pour le bien-être et la santé s'étend aux animaux non humains et leur environnement : notre ferme n'impliquera aucune forme d'exploitation animale (élevage, traction animale), le régime alimentaire sur l'exploitation est végétalien, nous mettons en place des protocoles de protection de la biodiversité (exclos, participation à des programmes de recherche participative, etc.) Enfin, notre démarche s'inscrit dans un effort de changement social global inspiré notamment par l'écologie sociale, le zapatisme.

    Nous souhaitons favoriser la réplication d'une telle initiative, mais aussi intégrer de nouvelles personnes à notre collectif.

    Si vous souhaitez participer à une journée de rencontre sur notre ferme (tous les derniers dimanches du mois), si vous souhaitez venir nous aider, participer à un chantier participatif (écoconstruction, préparation de la première saison de culture maraîchère, aménagements agroécologiques), nous vous invitons à nous contacter à cette adresse : caracol46 chez protonmail.com

    Nous présentons ci-dessous les grandes lignes de notre projet. Vous pouvez également consulter notre blog : https://caracol46.noblogs.org/

    Maraîchage bio-intensif sur petite surface, pluriactivité

    Notre projet n'est pas la reproduction d'un modèle paysan reposant sur l'auto-exploitation, la pauvreté, l'aliénation du temps de vie à des tâches agricoles. Nous avons retenu un modèle de maraîchage offrant à la fois d'excellentes conditions de vie et une production à haut rendement permettant de nourrir un grand nombre de personnes. La gestion collective permet une rotation sur les tâches ainsi que la pluriactivité : une fois que notre ferme sera en activité, chaque personne pourra consacrer une moitié de ses journées aux activités maraîchères, l'autre moitié aux activités de son choix.

    Caisse de sécurité sociale de l'alimentation

    Nous souscrivons à l'idée que « l'impossibilité d'accéder à la nourriture est une violence qui s'exerce contre les plus pauvres. » (Bénédicte Bonzi, 2023) Notre démarche n'est pas un repli sur soi communautaire, mais une action politique de solidarité envers les personnes victimes de cette violence.

    À court terme, le produit de notre ferme sera destiné aux personnes en situation d'insécurité alimentaire. À moyen terme, nous créerons une caisse de sécurité sociale de l'alimentation devant assurer le financement des exploitations maraîchères (salaires, frais de fonctionnement, aide à l'installation) et l'accès direct des personnes cotisantes à un volume stable de denrées biologiques locales qui satisfasse leurs besoins nutritionnels. Ce système de cotisation solidaire, géré par les fermes et les bénéficiaires, doit permettre un accès universel à l'alimentation.

    Quelques étapes

    Nous avons déjà créé deux parcelles de maraîchage bénéficiant d'un aménagement agroécologique (haies bocagères, arbres fruitiers, etc.) et d'un apport en matières organiques (bois raméal fragmenté, engrais verts, etc.) Nous créons actuellement une troisième parcelle dédiée à la production de plantes à fibres et de plantes tinctoriales. La première saison de production doit débuter en septembre 2024.

    Ce printemps 2024 sera consacré à la mise en place d'un atelier léger en bois sur le modèle du pont de Vinci, permettant la construction d'un premier bâtiment (local de transformation) durant l'été. Nous avons travaillé à un modèle constructif économique, écologique, réplicable : fondations en pierre sèche, murs en paille porteuse, dalle en terre, charpente légère en poutres treillis, etc. Les équipements combineront énergies renouvelables et basses technologies (low-tech) : système photovoltaïque sobre, éoliennes domestiques, récupération de l'eau de pluie traitée par filtration lente sur sable, chauffe-eau solaire thermosiphon, traitement des eaux grises par phytoépuration, etc.

    Autogestion

    Notre fonctionnement est strictement égalitaire et autogestionnaire : (i) toutes les tâches (manuelles, intellectuelles, culturelles, administratives) sont réalisées de manière égale par l'ensemble des membres, (ii) l'acquisition des savoirs et savoir-faire nécessaires est assurée par une démarche collective de formation continue, (iii) toutes les décisions sont prises au consensus.

    Nous « prenons notre temps ». Nous sommes conscient.e.s de l'urgence des enjeux socio-environnementaux actuels et nous participons à l'accélération des initiatives de lutte, cependant nous maintenons que cela ne peut pas être tout. Un fonctionnement autogestionnaire requiert du temps : du temps pour apprendre, du temps pour échanger, du temps pour améliorer. Cette démarche est la seule concevable pour ne pas reproduire une différenciation hiérarchique entre les personnes, pour lutter contre les oppressions, pour ménager notre bien-être et notre santé, pour développer et diffuser une culture de la coopération et de l'entraide.

    Conditions d'accueil

    Afin que tout se passe pour le mieux pour tout le monde, il est important que les personnes souhaitant participer à nos activités se reconnaissent dans notre démarche, nos valeurs. Nous vous invitons à prendre connaissance du règlement de l'association, qui précise notamment que la consommation de produits d'origine animale et de drogues psychotropes (alcool, tabac, cannabis, cocaïne, MDMA, etc.) n'est pas autorisée sur la ferme.

    On a hâte de vous rencontrer !
    La bande à Caracol

  • Monday 08 April 2024 - 19:13

    Coucou, ici le FC Verdéter !
    On est une équipe de foot non compétitive, destinée aux personnes qui n'ont pas facilement accès au foot de manière générale c'est à dire qu'on est ouvert.e.s à tout le monde, tout niveau et toutes envies. L'ambiance est chouette et sans pression, c'est plus pour s'amuser qu'autre chose. On se retrouve tous les mardis et jeudis à 18h au parc François Mitterand (en hiver ce sera sans doute différent, on cherche un autre endroit pour s'entraîner).
    A bientôt alors !

  • Tuesday 09 April 2024 - 00:30

    Le 9 avril 1834, à Lyon, débute la seconde insurrection des Canuts. Après l'échec des grèves de février, puis le vote de la loi contre les associations ouvrières, le jugement des « meneurs » de février, en fait des mutuellistes, ce 9 avril, met le feu aux poudres.

    « Vivre libre en travaillant ou mourir en combattant »

    Au début de l'année 1934, le patronat juge que la bonne conjoncture économique a fait augmenter de manière excessive les salaires des ouvriers et prétend leur imposer une baisse. En résulte un conflit, des grèves, dont les meneurs sont arrêtés et traduits en justice. Leur procès commence le 5 avril, au moment où la Chambre des pairs discute d'une loi destinée à durcir la répression contre les associations républicaines. Les républicains parviennent à créer un amalgame entre les associations politiques, qui sont en réalité visées par ce texte, et les associations mutuelles ouvrières auxquelles les canuts lyonnais sont très attachés. Aussi, le 9 avril, des milliers d'artisans se soulèvent tandis que les meneurs édictent des « ordres du jour » qu'ils n'hésitent pas à dater du « 22 germinal an XLII de la République ».

    L'armée occupe la ville et les ponts, mais déjà les premières fusillades éclatent avec la troupe, qui tire sur la foule désarmée. Aussitôt, les rues se couvrent de barricades. Les ouvriers organisés prennent d'assaut la caserne du Bon-Pasteur, et se barricadent dans les quartiers en en faisant de véritables camps retranchés, comme à la Croix Rousse. C'est le début de la « Sanglante semaine ».

    De nouvelles fusillades ont lieu avec la troupe. Les insurgés s'emparent du télégramme, du quartier de la Guillotière, puis de Villeurbanne où les casernes sont prises. Le drapeau noir flotte sur Fourvière, St Nizier et l'Antiquaille.

    Le 11 avril 1834
    Les combats se poursuivent. Le quartier de la Croix Rousse est bombardé par la troupe qui a reçu des renforts, massacre de tous les habitants de l'immeuble de la rue Transnonain. Tentatives d'insurrection à Saint Etienne et à Vienne.

    Le 12 avril 1834
    La troupe attaque et prend le quartier insurgé de la Guillotière, après avoir détruit de nombreuses maisons avec l'artillerie.

    Le 14 avril 1834
    L'armée reconquiert progressivement la ville et attaque pour la troisième fois le quartier de la Croix Rousse, massacrant de nombreux ouvriers.

    Le 15 avril 1834
    Fin de la « Sanglante semaine ». La deuxième grande insurrection des Canuts est matée dans le sang. Plus de 600 victimes sont à nouveau à déplorer. 10.000 insurgés faits prisonniers seront jugés dans un « procès monstre » à Paris en avril 1835, et condamnés à la déportation ou à de lourdes peines de prison.

    Sur la première révolte

    Le 22 novembre 1831, à Lyon. Les ouvriers prennent possession de la caserne du Bon Pasteur, pillent les armureries. Plusieurs corps de garde de l'armée ou de la garde nationale sont attaqués et incendiés. Les ouvriers se rendent maître de la ville, qui est évacuée par les autorités. La bataille est rude. Environ 600 victimes dont environ 100 morts et 263 blessés côté militaire, et 69 morts et 140 blessés côté civil.

    Le 23 novembre 1831, à Lyon. Les ouvriers occupent l'Hôtel de Ville. Une tentative de gouvernement insurrectionnel voit le jour. Mais, soit par manque de projet politique, soit par la ruse des autorités, ces dernières reprendront le contrôle de la ville à partir du 2 décembre 1831. Une armée de 26 000 hommes, 150 canons commandée par le fils du roi et le maréchal Soult, mate la rébellion. Il y a 600 morts et 10 000 personnes sont expulsées de la ville.

    À l'origine de ces révoltes

    Vers 1825, un industriel propriétaire d'une filature possède des métiers à filer du modèle A qui fabriquent 100 broches à l'heure. Admettons, le salarié qui s'occupe de cette machine est payé 10 F de l'heure, soit 10 centimes par broche. Deux ans plus tard, l'évolution technologique met sur le marché des métiers à filer qui produisent 200 broches à l'heure. Les gains de productivité du capital technique sont importants et les industriels qui ne posséderont pas ces nouveaux métiers seront inévitablement battus par ceux qui les utiliseront. L'industriel, pour se développer, doit donc être parmi les premiers à pouvoir acheter ces nouvelles machines s'il n'est pas capable de fabriquer lui-même des machines innovantes. De manière à conserver cette capacité à investir et à suivre le progrès technologique, il va imposer le calcul suivant :

    La machine va produire 200 broches mais le salarié n'a rien à voir dans ce progrès technologique, il va continuer à être payé 10 F de l'heure mais rien ne pourra l'empêcher de calculer son nouveau tarif aux pièces : celui-ci sera divisé ici par deux, il passera à 5 centimes par broches. Ce nouveau tarif sera injustement apprécié au regard des manipulations qui vont doubler et fatiguer d'autant le salarié. La répartition de la plus-value est alors totalement en faveur du Capital aux détriments des travailleurs. Les canuts vont se révolter en lançant ce slogan qui sera repris tout au long du XIXe siècle : « le tarif ou la mort » .

    La suite de cet article à lire sur rebellyon.info

  • Tuesday 09 April 2024 - 07:29

    Venez partager un repas au ptit resto vegan des garagnas, entre adultes ou avec des enfants. Les bénéfices seront reversés à une famille.

    A partir de midi : cantine vegan

    14h30 : ouverture de la bibliothèque de la Gueule noire

    jeux tout l'après-midi

  • Wednesday 10 April 2024 - 22:18

    Ce texte a été publié en 1991 dans le zine NN, soit Nomen Nescio (« nom inconnu ») la locution latine utilisée aux Pays-Bas par les flics pour désigner une personne sous X. Il fait le récit de luttes qui, entre 1984 et 1986 à Amsterdam, ont chahuté la ville dans sa candidature pour accueillir les JOP d'été 1992. En PDF imprimable en fin d'article.

    Le Comité International Olympique (CIO) désigne une ville hôte plusieurs années avant chaque édition. Les sélections pour 92 s'ouvrent donc au milieu de la décennie 1980, période riche en mouvements de contestation très affirmés en Hollande, notamment autour des squats, milieux autonomes et révolutionnaires, contre par exemple la gentrification, l'apartheid ou encore les politiques d'immigration.
    La candidature finira par être rejetée, au bout de deux années d'agitations audacieuses.

    « Nolympics » semble avoir été repris plusieurs fois depuis, pour désigner les antagonismes au CIO dans différentes régions du monde, lorsqu'il compte y mettre les pieds.


    « Populaire ou pas, l'action directe permet de maintenir des questions importantes dans l'actualité et les conversations privées : saboter un barrage destructeur de l'environnement peut apporter ses effets écologiques, que les gens approuvent ou pas le sabotage lui-même. L'action directe peut donner à un groupe un poids politique et social : dans les années 1980, les squattereuses néerlandais⋅e⋅s faisant face à la menace d'expulsion ont démontré leur force avec une campagne ciblée de harcèlement et de vandalisme qui a fait perdre à Amsterdam sa candidature en tant que ville hôte pour les Jeux Olympiques, et ainsi gagné un avantage dans la négociation avec la ville pour leurs maisons. »


    Recipes for Disaster : An Anarchist Cookbook
    (CrimethInc., 2004)

    « Une des raisons pour lesquelles Amsterdam a perdu sa candidature pour les JO de 1992, ouvrant la voie a une gentrification agressive à Barcelone, est qu'un groupe déterminé d'autonomes, de squattteureuses, et d'anarchistes était stratégiquement attentif aux mouvements de leurs adversaires, a eu vent des projets, et lança une campagne créative, perturbatrice, tenace pour harceler le Comité Olympique et promettre un désastre si les Jeux venaient dans leur ville. »

    Peter Gelderloos (ROAR Magazine, 2015)

    « On ne sait pas pour le moment comment procéder. Il n'ya pas encore de projets concrets. On veut examiner comment s'est passée la campagne à Amsterdam et ce qu'on peut en apprendre. Ce qu'on a entendu jusqu'à présent nous semble très bien, en particulier le fait de rendre les choses publiques et de prendre en chasse le CIO pour ouvertement attirer l'attention. De plus on va probablement mener des actions sur les sites en construction et expliquer aux riverain·e·s les conséquences : ainsi on espère que l'opposition s'y développe également. »

    Une personne de Nolympics Berlin (NN n°94, 3 octobre 1991)

  • Friday 12 April 2024 - 00:30

    Un commando de minimum 70 mercenaires (ex-paras pour beaucoup) armés de manches de pioche, commandés par le colonel Cocogne (ex-aviateur recruté par Peugeot) tabassent et expulsent les ouvriers qui occupent l'usine de Saint-Étienne, dans le quartier Bellevue. Un événement marquant en cette année 1973, le mai 68 stéphanois. Article publié sur le blog 1968-73 Saint-Étienne révolutionnaire et repris d'un article d'époque du journal L'Unité.

    Vous pouvez également écouter cette émission du Gremmos (Groupe de recherche et d'étude sur la mémoire du mouvement ouvrier stéphanois) : Le conflit de Peugeot de 1973

    Et lire cet article de Michelle Zancarini-Fournel sur 1973, le mai 68 stéphanois.

    « La fête est finie. Rentre là-dedans ! »

    II est 3 h 30 du matin, jeudi 12 avril 1973. Marcel Faure, 28 ans, émailleur à l'usine Peugeot de Saint-Étienne, vient, comme il le racontera plus tard, de sortir de l'atelier B 16 pour prendre l'air. Face à lui, une dizaine d'hommes, revêtus de treillis verts et manches de pioche à la main. Il n'y a pas à discuter : Marcel Faure recule aussitôt vers la cabine des gardiens, près du portail d'entrée. Trois ouvriers, grévistes comme lui, y sont déjà enfermés.

    Puis, comme l'attention des hommes en treillis se relâche un instant, Marcel Faure en profite pour se glisser entre la cabine et le mur d'enceinte de l'usine. La voie est sans issue, il est bloqué. Les coups de matraque pleuvent. A moitié assommé, le crâne en sang, Faure est traîné à l'intérieur de la cabine des gardiens. Peu à peu, tous ses camarades du piquet de grève seront, comme lui, faits prisonniers. Eux aussi se sont laissés surprendre.

    Dernière précaution, les hommes du commando disposent aussitôt deux containers devant la porte de la cabine où s'entassent les grévistes. A 4 h 30 du matin, l'usine est « nettoyée » des quelques dizaines d'ouvriers qui l'occupaient.

    Une semaine plus tôt, le mercredi 4 avril, le travail s'était arrêté aux usines de Peugeot de Saint-Étienne. Les ouvriers de la « tôlerie » avaient prépare un cahier de revendications, l'avaient soumis aux autres ateliers, puis présenté à la direction. Qui refusait d'en discuter.

    Réaction immédiate : la grève — avec occupation— est votée par la grande majorité des 1 050 ouvriers. Les syndicats (C.g.t., C.f.d.t., et F.o.) demandent à la direction l'ouverture de négociations. Nouveau refus : « Évacuez l'usine, reprenez le travail et nous discuterons. » Peugeot choisit l'épreuve de force.

    Comme il est habituel lorsqu'une grève éclate dans quelque usine de l'empire Peugeot, la stratégie à appliquer sur le terrain est dictée de Paris. Le directeur de Saint-Étienne, Jean Charrel, 49 ans, ne sera donc que le pâle exécutant des décisions prises par l'état-major de la firme.

    Et les grandes manœuvres commencent. Les grévistes occupent les trois quarts des locaux. La direction y fait aussitôt couper téléphone et chauffage. Elle regroupe les non-grévistes dans l'immeuble administratif, « le Château », et dans une partie de l'atelier des compresseurs.

    L'escalade continue le lendemain. L'état-major parisien dirige vers Saint-Étienne quelques groupes d'ouvriers sûrs, prélevés dans ses autres usines. Avec l'aide de plusieurs dizaines de non-grévistes, ces « jaunes » pénètrent dans l'entreprise et tentent de remettre certaines machines en route. Sans grand succès.

    Cela n'empêchera pourtant pas Jean Charrel, le directeur, d'annoncer à la presse, jour après jour, que le travail va reprendre, dès le lendemain, et que les grévistes sont de plus en plus isolés. Mais personne ne le prend vraiment au sérieux.

    Le général et le colonel

    Le général Feuvrier, lui non plus, n'a pas haute opinion de Jean Charrel. Il lui a d'ailleurs dépêché du renfort, la veille de la grève, en la personne de François Cusey. Cet ingénieur de 39 ans, père de 4 enfants, suivait un séminaire à l'École des Hautes études commerciales de Jouy-en-Josas, lorsqu'un coup de téléphone l'a rappelé au siège social de la firme, 75, avenue de la Grande-Armée. Le soir-même, François Cusey prenait l'avion pour Saint-Étienne.

    A peine arrivé, premier compte rendu téléphonique au général Feuvrier pour lui exposer la situation. Elle n'est pas bonne. Jean Charrel fait bien ce qu'il peut, mais cela ne suffit pas. Trois jours plus tard, le vendredi 6 avril, l'envoyé spécial du général retourne à Paris assister à une réunion de l'état-major Peugeot. Samedi matin, enfin, François Cusey repart pour Saint-Étienne, nanti de consignes brutales.

    A l'heure où l'ingénieur François Cusey arrive de Paris, le 7 avril, les juges du tribunal des référés viennent de rendre publique leur décision. Ils autorisent Peugeot à faire appel aux forces de l'ordre pour chasser les piquets de grève de l'usine. Une première victoire.

    Le mardi 10 avril, Jean Charrel demande donc au préfet Paul Camous d'appliquer la décision du tribunal. Il se heurte à un refus poli. Le préfet sait parfaitement que si la police s'en mêle, il y aura de la casse. Mieux vaut donc attendre. Première déception pour Peugeot.

    Tandis que traînaient en longueur ces démarches officielles, l'état-major parisien et ses deux représentants à Saint-Étienne, François Cusey et Jean Charrel, mettaient au point une technique de remplacement. Le temps presse. A Sochaux, les chaînes de montage des 304 et des 504 commencent à manquer de pompes à huile et des autres pièces que fabriquaient les grévistes de Saint-Étienne. En quatre jours, Peugeot a déjà vu sa production quotidienne de voitures baisser de 50 unités (le 11 avril, par exemple, l'usine Peugeot de Lille ne fabriquait plus que 250 moteurs au lieu des 450 habituels). Il faut donc tout faire pour éviter l'asphyxie.

    Dimanche 8 avril, dans la soirée, avec l'accord de la direction générale de la firme, le général Feuvrier donne ses ordres. Il faut « nettoyer » l'usine de Saint-Étienne par une opération commando.

    Sur le papier, tout est simple. Les mercenaires attaqueront tard dans la nuit. A cette heure, les hommes des piquets de grèves seront peu nombreux et ensommeillés. L'usine sera rapidement « libérée ». Des équipes venues de Sochaux, Mulhouse et Dijon récupéreront ensuite des pièces et aussi des matrices pour reprendre, ailleurs qu'à Saint-Étienne, la fabrication des pompes à huile. Si l'opération réussit, les non-grévistes pourront revenir dès l'aube et remettre en route les chaînes.

    La grève sera cassée

    La mobilisation est train. A Sochaux, le colonel Henri Cocogne, responsable des opérations « spéciales » à la direction du personnel, a passé en revue , les 6 et 7 avril, les hommes dont il dispose. Deux jours plus tard, c'est un lundi, le colonel a fait son choix et sélectionné les meilleurs. Très tôt le matin, il téléphone dans les ateliers et les bureaux où ses gens travaillent et leur annonce leur départ pour Saint-Étienne dans l'après-midi. Rendez-vous est pris à la gare de Montbéliard.

    Sur le quai, le colonel Cocogne retrouve 16 hommes. Tous de fidèles employés de Peugeot : entre 5 et 10 ans de maison. Et une équipe parfaitement homogène : il n'y manque même pas le militant de service de la C.f.t. Le colonel en tête, le groupe embarque dans le train pour Lyon. Les 16 hommes y arriveront dans la soirée du 9 avril, et s'installeront dans un foyer de travailleurs célibataires. Quand au colonel, il ira sur le terrain fignoler les derniers préparatifs de l'opération.

    D'autres hommes ont été mobilisés dans d'autres usines Peugeot. 24 ont quitté celle de Dijon, 11 celle de Mulhouse et 2 celle de Bart. Eux aussi arrivent à Lyon et s'installent dans un foyer. Mardi matin, le colonel Cocogne dispose donc déjà de 53 hommes pour constituer ses différents commandos. Mais cela ne suffit pas.

    Il lui faut encore battre le rappel. Et faire venir auprès de lui un homme comme Michel Monneret. Cet employé administratif est, depuis le 1er avril en vacances chez son frère et, quelle chance, à Saint-Étienne même. Le colonel Cocogne téléphone et Monneret accepte aussitôt de sacrifier quelques jours de repos pour casser du gréviste. Son passé a fait de lui un employé discipliné : 22 ans d'armée pour un grade d'adjudant à la sortie.

    Quelques jours plus tôt, à Paris, dans un bureau du 109 de la rue de Courcelles, dans le 17e arrondissement, Marcel Michaut, responsable de la C.f.t. chez Berliet [1] était en conversation avec son ami Albert Gaillard, lorsqu'un coup de téléphone leur a demandé de se rendre au siège social de Peugeot. Ces deux hommes sont des experts : ils ont commencé à mettre en place pour Paul Berliet et son directeur du personnel Paul Brejeon, une véritable organisation policière à l'intérieur des usines de Vénissieux.

    Peugeot a fait école. Avec l'aide de la C.f.t., grâce aux subventions de Berliet, Albert Gaillard est alors à la tête d'un réseau d'agences d'intérim : Siter, Sertra, Itet, etc. On y recrute pour Berliet des « jaunes » et autres ouvriers très spéciaux. Joli travail, mais la carrière d'homme d'affaires d'Albert Gaillard touche pourtant à sa fin : le 22 octobre 1973, il se verra interdire l'exercice de toute profession commerciale et industrielle.

    Dès leur arrivée au siège de Peugeot, Marcel Michaut et Albert Gaillard sont vite introduits dans le bureau du général Feuvrier. Quelques mois plus tard, Marcel Michaut racontera ainsi cette entrevue : « Nous avons discuté quelques minutes avec Feuvrier. Il a dit à Gaillard : « L'usine est occupée. Il faut me vider tout cela le plus rapidement possible. » Aussitôt, nous avons pris l'avion pour Lyon. Puis nous sommes allés à Saint-Étienne et avons pénétré dans le bâtiment de la direction, qui n'était pas occupé par les grévistes. »

    Là, Marcel Michaut et Albert Gaillard se feront remettre le plan des lieux. Au siège lyonnais de la Siter, 20, rue Creuzet, Gaillard recrutera ensuite une équipe supplémentaire. Dix hommes de plus pour le colonel Cocogne

    Place du Châtelet, toujours à Paris, le lundi 9 avril, sept hommes ont rendez-vous autour de 21 h. Parmi les premiers arrivés, Jacques Schnell, 48 ans, surnommé « Tarass Boulba ». Il a été contacté, la veille, au bar de l'Association des anciens combattants de l'Union française, rue Saint-Joseph. Pour cet ancien parachutiste devenu déménageur, le raid prévu est une occasion de gagner facilement de l'argent : on lui promet 200 F par jour. Une aubaine qu'il a voulu faire partager à l'un de ses amis, un ancien para, lui aussi dans la débine, Christian Mercier. Tous deux partiront pour Lyon dans une Simca 1300, immatriculée 5370 YF 75, qu'un autre mercenaire, Michel Boetz, a loué chez Mattéi quelques heures plus tôt. Pour couvrir les frais du voyage, Boetz a reçu une avance, dans l'après-midi, au siège parisien de la Siter.

    Le même soir, une autre voiture quitte la place du Châtelet. Au volant, Paul Tombini, 37 ans. C'est le prototype du mercenaire Peugeot : ancien parachutiste du 1er Rep, ancien de l'0.a.s., engagé comme mercenaire à Sochaux, Tombini, interpellé à plusieurs reprises par la police, est cependant resté un employé modèle pour la firme. Arrêté une nouvelle fois, pour vol, puis condamné à deux mois de prison, Peugeot ne lui aura pas tenu rigueur de cette application dans la récidive. Une fois encore, on fait appel à lui.

    C'est un meneur d'hommes, Paul Tombini. La veille de son départ pour Saint-Étienne, il a recruté, dans un bar proche de la Bastille, Bernard Melero, 30 ans, un pied-noir du Maroc. Ce sergent-chef du 94e régiment d'infanterie motorisée va profiter d'une permission pour jouer au mercenaire. Autre candidat au voyage, Hervé Valère, 30 ans, un ancien para reconverti dans la plongée sous-marine, rejoint place du Châtelet Tombini et Melero, suivi de près par Ferenc Bodo, un ancien légionnaire d'origine hongroise. A chacun, Paul Tombini a promis 5 billets de 100 F. Deux voitures, six hommes et un chef : Paul Tombini. Le colonel Cocogne fera de cette équipe l'avant-garde de ses commandos.

    Au soir du mardi 10 avril, 70 hommes [2] sont prêts. Pour les conduire de Lyon à l'usine de Saint-Étienne, trois cars sont loués à la société Philippe par Alfred Fabry, responsable à l'information du syndicat C.f.t.-Berliet. Tout est paré. A 15 h, Paul Tombini prévient les six hommes de son équipe : « L'opération est pour cette nuit. »

    Peu avant minuit, un premier car bleu et jaune prend la route de Saint-Étienne. Les occupants des deux autres resteront « en réserve ». Le rendez-vous avec les voitures d'accompagnement est fixé rue de la Monta, à Saint-Étienne, en face d'une station-service Elf. Le colonel Cocogne a tout réglé jusqu'au moindre détail : à ceux qui n'ont pas revêtu leur battle-dress, il fait distribuer des bleus de travail.

    A 2 h 30 du matin, le car du premier commando, encadré par les deux voitures de l'équipe Tombini, se dirige vers les usines Peugeot. Pour que la bande soit vraiment au complet, il ne manque plus que Jean-Claude Hourdeaux. Quelques minutes avant l'attaque, celui-ci rejoint le commando dans la rue Gutenberg, qui longe l'une des usines Peugeot. Ancien parachutiste, bien sûr, ancien de l'O.a.s., naturellement, ancien d'Ordre nouveau, comme il se doit. Jean-Claude Hourdeaux, 36 ans, est l'un des responsables de la sécurité à l'usine Peugeot de La Garenne, dans la banlieue de Paris. C'est un sportif et un méchant. De temps en temps, Hourdeaux participe à des stages d'entraînement parachutiste. Et ce n'est pas seulement pour se maintenir en forme.

    Ce petit chef a la confiance du général Feuvrier. Jean-Claude Hourdeaux a en effet suivi depuis le début la mise au point du raid de Saint-Étienne. C'est aussi un ami de Paul Tombini : tous deux ont combattu dans le même régiment, au temps de la guerre d'Algérie. Mercredi soir, Jean-Claude Hourdeaux a quitté Paris à bord de sa voiture. Il a roulé vite dans la nuit pour ne pas manquer l'heure « H » : 3 h 30 du matin, le jeudi 12 avril.

    Clôture cisaillée à la pince

    Le long de l'enceinte de l'usine, rue Gutenberg, les six hommes de Paul Tombini passent les premiers à l'action. L'un d'eux, Jacques Schnell, racontera plus tard : « A l'aide de pinces coupantes, nous avons cisaillé la clôture de l'usine et nous sommes entrés par derrière afin de surprendre le piquet de grève. »

    A leur suite, le colonel Henri Cocogne, François Cusey, Jean-Claude Hourdeaux et les hommes de Mulhouse et de Sochaux s'engouffrent dans la brèche. Tous confondus dans l'action, du colonel aviateur breveté au truand déjà confirmé.

    Première action d'éclat, ils interceptent un premier ouvrier, Marcel Faure, et le passent à tabac. Avec les armes du bord. Lors de son interrogatoire par la police, le 20 août 1974, Jacques Schnell précisera : « Nous avions des matraques, des chaînes de vélo, des grenades à plâtre et autres engins de ce genre. Ce matériel nous a été donné à Saint-Étienne. »

    Le commando poursuit sa progression. Dans l'atelier d'outillage, les hommes en treillis tombent sur 20 autres grévistes. Matraque dans les côtes, ces derniers se feront conduire jusqu'à la cabine des gardiens pour y être à leur tour enfermés.

    La petite armée du colonel Cocogne se dirige ensuite vers la seconde usine Peugeot. Un ouvrier, Roger Dubœuf, sort dans la cour pour voir ce qui se passe et reçoit aussitôt une barre de fer dans le genou gauche. Malgré sa blessure, il parvient à s'enfuir par le toit.| D'autres grévistes, constatant qu'ils ne font pas le nombre, suivent le même chemin. F A chacune des haltes de son commando, le colonel laisse quelques hommes pour couvrir ses arrières. Les leçons de l'Ecole de guerre,' ; sans doute.

    A 4 h du matin, le colonel Henri Cocogne, François Cusey, Jean-Claude Hourdeaux et Paul Tombini pénètrent dans les locaux de la direction. Ils y retrouvent le directeur de l'usine, Jean Charrel et Jean-Marie Maulpoix, un ancien journaliste de « l'Est Républicain ». A leurs côtés, déjà parvenus jusqu'à ces bureaux, une quarantaine d'autres mercenaires qui ont pénétré dans l'usine par l'avenue de la Rochetaillée, sans rencontrer la moindre opposition. Mission accomplie.

    Les mercenaires et les « jaunes »

    Maintenant, le travail va pouvoir reprendre. L'état-major parisien a, une fois de plus, tout prévu. Des mercenaires vont remettre certaines machines en route et charger dans des camions les pièces qui font défaut à Sochaux. D'autres surveilleront les grévistes prisonniers et les relâcheront avant l'aube par groupes de trois. A l'heure de la première prise de poste, les non-grévistes, convoqués un par un dans la soirée et, pour certains, en pleine nuit, arriveront à l'usine. Ainsi, le travail reprendra comme si rien ne s'était passé. Sur le papier, tout est simple.

    La réalité sera moins brillante. Tout d'abord les hommes du colonel Cocogne se révèlent incapables de remettre la moindre machine en marche. Quant au chargement des camions, ils ne s'y intéressent guère, malgré tes ordres.

    A la première heure du matin, les non-grévistes —200 au maximum — arrivent à l'usine. Ils y découvrent alors les hommes des commandos, leur armement et la trace des bagarres de la nuit. Malgré les adjurations de Jean Charrel et du colonel Cocogne, ils ne reprennent pas le travail. A l'extérieur de l'usine, les cris des grévistes, rassemblés devant les portes, se font de plus en plus violents. Les « jaunes » ne sont jamais des héros.

    L'usine est cernée. La nouvelle de l'intervention des commandos s'est vite répandue dans Saint-Étienne et les grévistes sont venus aux] portes de leur usine. Peu à peu, ils en bloquent toutes les issues. Dès le début de la matinée, des grèves spontanées éclatent dans les entreprises voisines. Des ouvriers viennent rejoindre ceux de Peugeot. Les « jaunes » préfèrent alors quitter bien discrètement les lieux. Autour de Jean Charrel, Henri Cocogne, François Cusey et Jean-Claude Hourdeaux, il ne reste bientôt plus que des mercenaires.

    La direction de Peugeot, à Paris, commence à s'inquiéter. Les radios, dans leurs journaux du matin, racontent le raid de la nuit. On y parle de commandos, de bagarre, du style « para » des assaillants, etc. Rien de très bon. Les coups de téléphone entre Paris et Saint-Étienne se font alors plus nombreux, plus tendus. Il faut trouver une issue. En attendant, un communiqué de Peugeot affirme que les commandos « étaient constitués de gardiens appartenant à la société ». Il faut bien dire quelque chose.

    A 11 h 30, par l'intermédiaire du préfet de la Loire, la direction prend contact avec les délégués syndicaux. Elle promet que l'usine sera évacuée à 15 h ; que les négociations, obstinément refusées depuis une semaine, s'engageront aussitôt. De son côté, le préfet annonce simplement que l'usine sera gardée par les policiers. Dans l'attente d'un accord entre direction et syndicats.

    A 15 h, l'évacuation commence. Sous la protection des C.r.s. et des policiers de Saint-Étienne, les premiers mercenaires embarquent dans les estafettes bleues de la police locale. Quelques-uns reçoivent au passage des boulons et des bouteilles vides lancés par les grévistes. On échange des coups. Un commissaire est atteint d'une pierre en plein front... Quelques instants plus tard, un groupe d'ouvriers arrive à pénétrer dans l'usine. Les hommes du colonel, surpris, prennent une correction.

    Certains s'enfuient par les toits et quittent le quartier sans demander leur reste. D'autres ont moins de chance : les grévistes les rattrapent. Le dernier carré se réfugie dans le bâtiment de la direction autour du colonel Cocogne et attend l'arrivée des policiers. A 16 h, les six derniers quittent l'usine derrière les grillages d'un car aux vitres brisées.

    Une vraie débâcle

    37 hommes se retrouvent ainsi à l'hôtel de police de Saint-Étienne. Parmi eux, le colonel Henri Cocogne, ses adjoints et les autres participants de « l'opération-commando ». La police relève leurs noms, puis les relâche en fin de journée. Il ne leur reste plus qu'à quitter la ville.

    Le colonel embarque ses hommes dans un car qui les conduit à la gare de Lyon-Perrache. Et là, direction Montbéliard et Mulhouse. Les hommes de Paul Tombini, eux, regagnent Paris par la route et par train. Enfin, François Cusey, Jean-Claude Hourdeaux et Jean-Marie Maulpoix s'en vont à Paris raconter la débâcle au général Feuvrier.

    Chacun recevra son dû. Peugeot est une maison sérieuse : elle règle toujours ses dettes. Ceux de Sochaux, Mulhouse, Bart et Dijon se verront accorder des primes substantielles en fin de mois. Les hommes de Paul Tombini recevront chacun leurs 5 billets de 100 F. Pour sa prestation de service, la Siter d'Albert Gaillard aura droit à 5 millions d'anciens francs en trois versements. Le général Feuvrier réglera lui-même ce petit problème d'intendance.

    Le colonel Henri Cocogne, enfin, enverra une lettre au dirigeant de la C.f.t., Marcel Michaut, pour le remercier de son aide. C'est un homme bien élevé. Les tribunaux ne connaîtront jamais rien de cette affaire. Cinq ouvriers, membres du piquet de grève, porteront plainte pour coups et blessures. Le juge d'instruction Lalanne ouvrira une information, contre X, pour « coups et blessures volontaires ». Des policiers interrogeront les 37 hommes du commando dont ils possèdent l'identité ; ils le feront sans zèle, d'ailleurs. Et tous mentiront : les cadres de Peugeot comme les truands.

    L'élection de Giscard à la présidence de la République leur évitera de se retrouver, fraternellement unis, dans un procès public. L'amnistie présidentielle tombera à point nommé. Elle sauvera Peugeot d'une condamnation inévitable.

    Le 17 décembre 1974, le procureur de la République de Saint-Étienne rend une ordonnance définitive de non-lieu. « Attendu que les faits dénoncés auraient été commis le 12 avril 1973, qu'à les supposer établis, il s'agirait de délits commis à l'occasion d'un conflit du travail. Qu'ils se trouvent donc amnistiés, par application des dispositions de l'article 2 de la loi du 16 juillet 1974 portant amnistie. »

    Depuis, la vie continue. Le général Charles-Valère Feuvrier, le colonel Henri Cocogne, François Cusey, Jean-Claude Hourdeaux et beaucoup d'autres travaillent toujours chez Peugeot.

    ANGELI Claude et BRIMO Nicolas, L'Unité

    Tiré des « cahiers de mai »

    [1] Marcel Michaut quittera la C.f.t., le 18 décembre 1973. Il fournira alors à la C.g.t. de nombreux documents sur son ancien « syndicat ».

    [2] Ce chiffre de 70 est un minimum. Il est probable que les membres des commandos de Saint-Étienne étaient plus nombreux. Nous nous en sommes volontairement tenus à ces 70 dont nous possédons les identités précises et contrôlables.