KrISS feed 8.9 - Un simple et superbe (ou stupide) lecteur de flux. Par Tontof
  • Saturday 30 March 2024 - 13:11

    Pendant un mois, le Sénégal s'est retrouvé plongé dans le noir. Le 3 février, Macky Sall annonce qu'il annule l'élection présidentielle prévue trois semaines plus tard. Aveu de faiblesse du président après de nombreuses tentatives d'éliminer les candidats de l'opposition à sa succession, en particulier ceux qui représentent une alternative au système néocolonial.

    Près de deux mois plus tard, l'élection vient finalement d'avoir lieu et l'on semble se diriger vers une victoire de Bassirou Diomaye Faye, qui se revendique d'un panafricanisme de gauche et veut abolir le franc CFA.

    Si le player ne fonctionne pas, écoutez ici !

    MEDIAS
    Afrique XXI, France 24, TV 5 Monde, Mediapart, Basta.

    MUSIQUE
    1'15 Bu Ko Sax — Jéem
    11'03 Thiat — Mackycratie
    24'26 — Fou malade, Cool10, Kab2seus, Magui, Kilifeu, Bm Jaay, Aroo, Xuman, Simon et Iss 824

    VISUEL
    Affiche d'une journée ville morte, 14 février 2024

  • Saturday 30 March 2024 - 13:09

    Le 30 mars est chaque année une journée particulière en Palestine, et pour toutes et tous les Palestiniens, qu'ils vivent en Israël, en Cisjordanie et à Gaza, dans les camps de réfugiés des pays arabes, ou dans la diaspora dans le monde entier. C'est “la Journée de la Terre” commémorée depuis le 30 mars 1976.

    Le début des événements remonte à l'annonce par le gouvernement d'occupation israélien dirigé par Yitzhak Rabin, en 1975, d'un plan de judaïsation de la région de Galilée. L'objectif était de construire des colonies juives sur des terres appartenant aux citoyen·nes arabes palestinien·nes qui représentent la majorité dans cette région, sous le nom de “Projet de développement de la Galilée”.

    Le 30 mars 1976, la police israélienne tire sur des Palestiniens qui manifestaient contre la confiscation de leurs terres. Bilan : six morts, des dizaines de blessés et des centaines de détenus. Le 30 mars est devenu pour tous les Palestiniens et Palestiniennes dans le monde la « Journée de la Terre ». Elle est le symbole de leur attachement à leur terre, de leur résistance et de leur lutte contre l'occupation et la colonisation. Cette année, nous commémorons le 48e anniversaire de la Journée de la Terre qui prend un caractère particulier avec le génocide en cours dans la Bande de Gaza qui dure depuis plus de cinq mois sans discontinuer.

    En toute impunité, le gouvernement suprémaciste d'extrême-droite israélien s'affranchit du respect du droit international. Il refuse d'appliquer l'ordonnance de la Cour Internationale de Justice (CIJ) pour l'arrêt des actes génocidaires. Au contraire, il intensifie sa guerre atroce et cruelle contre la population de Gaza. Il tue, mutile des milliers d'hommes, de femmes, d'enfants, de bébés. Il détruit habitations, hôpitaux, écoles, universités, monuments et biens culturels. Rien n'est épargné ! Aux bombardements intensifs et déplacements forcés, il a ajouté l'organisation délibérée de la famine. Gaza sous blocus était une prison à ciel ouvert, c'est devenu un cimetière à ciel ouvert !

    Il faut arrêter les massacres et acheminer l'aide humanitaire sans restriction ni contrôle.

    En Cisjordanie, la population subit un nettoyage ethnique avec les attaques répétées de l'armée et de colons israéliens protégés par l'armée. Des centaines de morts, des habitations détruites, des confiscations de terres et des emprisonnements par milliers rendent toute vie normale impossible et encouragent ainsi le déplacement ou l'exil. Au vol des terres s'ajoute celui de 80% des réserves d'eau au profit des colonies illégales, privant ainsi les agriculteurs palestiniens d'une ressource indispensable à la sécurité alimentaire des Palestiniens de Cisjordanie. Le nombre de colonies a considérablement augmenté ces dernières années, le nombre de leurs habitants est passé de 250 000 en 1993 à plus de 700 000 en 2023, et plus de 700 checkpoints quadrillent la Cisjordanie, un territoire de 5 600 km².

    A Gaza comme en Cisjordanie, l'objectif est d'éliminer la présence palestinienne pour la remplacer par des colonies juives. Par leur inaction, voire par leur soutien direct, les pays occidentaux alliés d'Israël, dont la France, sont complices de ce génocide.

    Assez de paroles et de discours, nous exigeons des actes :

    • un cessez-le-feu immédiat, total et permanent dans la Bande de Gaza
    • l'entrée sans restriction de l'aide humanitaire et le financement de l'UNRWA
    • le retrait immédiat des troupes israéliennes de Gaza et de Cisjordanie
    • le financement par Israël de la reconstruction de Gaza
    • la libération de tous les prisonniers politiques palestiniens soumis à des traitements inhumains
    • des sanctions contre Israël tant qu'il ne respecte pas le droit international
    • l'arrêt des livraisons d'armes par la France à Israël et de toute coopération militaire
    • la France doit agir pour la suspension par l'U.E. de l'accord d'association

    Le peuple palestinien a le droit de vivre sur sa terre. Nous soutenons son droit à l'autodétermination, sa lutte contre l'occupation et la colonisation jusqu'à l'instauration d'une paix juste et durable.

    Nous appelons à manifester, se rassembler pour la « Journée de la Terre » partout en France sur les bases de cet appel.

    À Saint-Étienne, nous appelons à une manifestation samedi 30 mars à 14h à la Bourse du Travail.

  • Wednesday 27 March 2024 - 21:09

    Discussion-interview croisée avec Aurélien Catin et Mael·le_lhg du syndicat édutiant Massicot AURA.
    Lundi 8 avril 17h30 Auditorium ESADSE
    14 Rue Marius Patinaud, 42000 Saint-Étienne
    Ouvert à tous.te

    Membre du collectif La Buse, de l'association Réseau Salariat et du syndicat STAA CNT-SO Aurélien Catin invite les artistes-auteurs à développer « une militance politique, qui ne soit pas d'abord morale ou esthétique, mais qui s'attaque directement aux structures encadrant le travail artistique ». En l'occurence, il s'agit de sortir du paradigme du droit d'auteur, qui transforme les artistes en propriétaires d'un patrimoine dont ils s'efforceraient de tirer une rente. « Nous ne pouvons pas continuer de nous poser en esprits indépendants, en chercheur·ses de formes et d'idées neuves, et en même temps défendre la propriété intellectuelle », écrit-il dans son ouvrage percutant. « Plus que de fantaisie, l'art a besoin de politique ». Nourri des travaux de Bernard Friot sur le salaire à vie, Aurélien Catin appelle à se placer résolument sur le terrain du travail. Car oui, sous le voile de la « passion », de la « vocation » et de la « création », les artistes et les auteurs travaillent, produisent de la valeur économique et sont donc légitimes à conquérir des droits sociaux. C'est en tant que travailleurs solidaires avec les autres travailleurs qu'ils trouveront leur juste place dans les mouvements sociaux.

    La maison d'édition stéphanoise Riot Editions, qui publie le livre d'Aurélien "Notre condition" Essai sur le salaire au travail artistique, sera présente avec son journal Après la révolution : application de la pensée architecturale à d'autres objets que la production de bâti ; en attendant, vous pourrez télécharger gratuitement le pdf du livre d'Aurélien.

    Lundi 8 avril 17h30 Auditorium ESADSE
    14 Rue Marius Patinaud, 42000 Saint-Étienne
    Ouvert à tous.te

    Conférence organisée par les membres du syndicat étudiant Massicot-Aura (Auvergne-Rhône-Alpes), suite à l'invitation d'Aurélien par Jeremy Nuel et Jacopo Rasmi dans le cadre des journées d'études As long as you don't steal, we share (3/4/5 Avril 2023) à l'ESADSE et l'UJM.

  • Wednesday 27 March 2024 - 21:09

    La vie rêvée de sainte Tapiole est le seul roman publié par Hervé Brizon. Mais quel livre !
    Initialement publié dans la collection le rayon gay dirigée par Guillaume Dustan chez Balland en 2000, ce court roman est une ode à la liberté et à la force collective des marges. Un livre aussi culte que FHAR qui n'a rien perdu de sa charge subversive.

    Qu'est-ce qu'il raconte ce roman au juste ?

    Il décrit les petits mondes de la nuit, celui des souterrains et de la déviance qui s'organisent pour attaquer, en mode lutte armée, le capitalisme. C'est certainement un des derniers romans d'une culture populaire des années 70 et 80 défendant l'idée que l'homosexualité était révolutionnaire et qui porte les traces du FHAR, de la lutte contre le VIH et des alliances politiques anticapitalistes.

    A l'occasion de la réédition de ce livre culte, la librairie Lune et l'Autre et les éditons Terrasses vous invite à venir échanger avec son auteur Hervé Brizon au Remue-Méninges pour une soirée qui sera forcément un peu mémorable...

    Rendez-vous au Remue-Méninges - vendredi 5 avril à 20h pour une soirée tout feu, tout flamme et paillette.

  • Wednesday 27 March 2024 - 15:52

    Pourquoi ce lieu ?

    L'actualité politique locale, nationale et internationale le démontre quotidiennement : nous avons besoin de lieux d'autodéfense populaire, de lieux de production de pensée qui reposent sur une économie propre, dissociée du capital. Ces lieux de vie, de détente et de débats, de transmission d'expériences de luttes sont essentiels, parallèlement à la vie des partis ou des syndicats, hors du lieu de travail. Nous sommes convaincu·es que de tels lieux ne peuvent exister qu'en ne dépendant pas des subventions de la puissance publique. Parce qu'une mairie peut être profondément corrompue, une région peut mener une politique de destruction de la liberté d'expression, un gouvernement peut être raciste, autoritaire et antisocial.

    En 2024 nous allons ouvrir un de ces lieux, visant à produire cette autonomie économique et politique, à Saint-Étienne. Ce lieu rouge sera, pour commencer, principalement un bar associatif et une unité de production de livres.

    Le bar sera ouvert 2 ou 3 jours par semaine. Riot Éditions y installera Riot Production, un outil de fabrication de livres en impression Riso.

    Nous utiliserons aussi ce lieu pour y donner des conférences, organiser un programme d'éducation populaire, mettre à disposition une salle de réunion et accueillir des formations d'autodéfense juridique. Une part de l'économie du lieu alimentera des caisses de grève.

    Ce lieu ouvrira à l'automne 2024 à Saint-Étienne. Il sera porté par les associations Après la révolution et Combat Ordinaire.

    Après la révolution

    Après la révolution est une association loi de 1901 qui a pour objet de développer l'application de la pensée architecturale à d'autres objets que la production de bâti en explorant particulièrement la capacité de cette discipline à transformer l'ordre du monde. L'association se propose dans la perspective de la réalisation de son objet d'organiser et de soutenir la mise en place d'un journal imprimé intitulé Après la révolution, d'une revue télévisuelle ou radiophonique, d'un programme de résidences d'études et de production, d'un ciné-club révolutionnaire, d'expositions, d'un bar marxé, ainsi que de lieux marxistes de production.

    Combat Ordinaire

    Combat Ordinaire est une association ayant pour vocation d'aider financièrement et matériellement tout·e travailleur·euse, groupe de travailleur·euses et organisations de travailleur·euses en lutte pour la défense de leurs droits, la sauvegarde de l'emploi, et plus généralement menant toutes actions visant à l'amélioration des conditions de travail. Par l'organisation d'événements culturels, sportifs, et plus généralement tout événement ou vente de produits permettant de financer cette activité.

    Afin de construire l'indépendance de ce lieu, nous souhaitons commencer à construire une communauté de soutiens constituée de personnes intéressées par ce projet. Merci à toutes les personnes souhaitant suivre la conduite de ce projet de nous envoyer un message à l'adresse ci-dessous. Nous créerons une liste de diffusion sur les avancées du projet.
    projetdelieurouge chez apreslarevolution.org

    Cette présentation sera suivie d'une moment convivial et musical avec les DJ Ourson 3000 et Izwalito.

    Le journal Après la révolution - 4 - production sera en vente sur place.

  • Tuesday 26 March 2024 - 11:58

    Le camarade Sante Notarnicola est mort à 82 ans. Portrait d'un bandit, révolutionnaire et poète, auteur de sa magnifique autobiographie L'evasione impossibile.

    Sante, né en 1938 à Castellaneta dans la province de Tarente, a émigré dans le nord, à Turin, alors qu'il n'avait que 13 ans. « Je suis venu du Sud avec une valise en carton », écrivait-il. Prolétaire immigré du mezzogiorno, il exerce à Turin divers emplois et fréquente les sections du PCI et de la FIGC, mais il s'éloigne rapidement de la politique institutionnelle, davantage attiré par les idées des groupes de la gauche révolutionnaire.

    En 1963, il rencontre Pietro Cavallero, et dans le quartier populaire de la banlieue turinoise Barriera di Milano naît le groupe de braqueurs qui entrera dans l'histoire sous le nom de Banda Cavallero. Cavallero, Sante Notarnicola et ses camarades – comme ils l'expliqueront eux-mêmes – n'étaient pas tant motivés par le problème de la faim que par le désir de justice sociale. Leurs points de référence étaient les révolutionnaires, communistes et anarchistes, et les bandits de l'histoire. Avec les braquages, la Banda Cavallero s'attaquait au pouvoir bourgeois et capitaliste. Pour Sante et les autres, c'était une façon de combattre et de saboter un système injuste, de se réapproprier la richesse que ce système volait au prolétariat et aux pauvres, sans se faire exploiter à l'usine, sur le chantier ou d'autres lieux de travail.

    Le 3 octobre 1967, Sante Notarnicola et Pietro Cavallero sont arrêtés. Lors de leur dernier braquage, le 25 septembre, Banco di Napoli à Milan, la police avait réussi à intervenir avant qu'ils ne s'échappent. Une poursuite et une fusillade ont suivi, faisant 4 morts. Lors du procès, qui se déroule entre juin et juillet 1968, Sante Notarnicola (ainsi que Pietro Cavallero) est condamné à la prison à vie.

    Pour Sante, c'était le début d'une nouvelle bataille. Avec les autres détenus, il a lutté contre les dures conditions carcérales auxquelles ils étaient contraints, réussissant, grâce à plusieurs révoltes, à obtenir une série de droits qui étaient refusés jusqu'alors : parmi ceux-ci, la possibilité d'avoir du papier et un crayon pour écrire ou d'avoir plus d'un livre dans sa cellule. En prison, il a également été actif dans la lutte pour le décret d'amnistie des prisonniers politiques emprisonnés pendant l'automne chaud, puis contre l'introduction de prisons spéciales et le régime carcéral du 41bis. Il a participé à la vague de révoltes qui a marqué l'histoire des prisons italiennes tout au long de la période précédant et suivant la loi Gozzini. En novembre 1976, avec quatre autres détenus, il tente de s'échapper de la prison de Favignana par un tunnel souterrain, mais celui-ci est découvert par les agents pénitentiaires. En 1978, il est le premier sur la liste des 13 noms de détenus à libérer indiquée par les Brigades Rouges en échange de la libération du président de la Démocratie chrétienne Aldo Moro.
    En prison, Sante a étudié, écrit des livres comme le célèbre L'evasione impossibile, publié par Feltrinelli en 1972, et des recueils poèmes comme La nostalgia e la memoria (1986).

    En 1995, il obtient une semi-liberté et, pendant la journée, il gère pendant cinq ans le pub Mutenye, à Bologne, où il s'est installé depuis 2000, date à laquelle, à la fin de sa peine, il est enfin libre.

    Via Infoaut

    Article publié sur acta-zone

  • Sunday 24 March 2024 - 15:09

    La permanence de mars du groupe Contraceptions pour toustes 42 (information et discussions autour des contraceptions « testiculaires » thermiques, hormonale, vasectomie...) sera l'occasion de préparer un repas ouvert à toustes.

    Le menu est en cours d'élaboration, ça sera végé et ça sera bon !

    On se retrouve pour cuisiner et pour la permanence à partir de 16h, et cette fois on proposera à 19h un petit arpentage / lecture / écoute de podcast autour de textes choisis dont on pourra discuter pendant le repas.
    Mais aucune obligation d'être présent·e à 19h ou de lire un texte pour partager le repas, qui sera servi vers 20h !

    Bienvenue à toustes,

    Pour savoir combien de personnes viendront merci d'inscrire son blase sur le pad suivant : https://pad.riseup.net/p/ilestpan%C3%A9ledivinenfant42586214

    A bientôt !

    Contraceptions pour toustes 42

  • Sunday 24 March 2024 - 08:29

    Lundi 25 Mars 2024, un conseil municipal de plus avec l'infâme Perdriau et son équipe abjecte...
    Rassemblement à 18h devant l'Hôtel de ville

    La situation semble plus que jamais préoccupante à Sainté. A l'heure où les structures d'éducation populaire, contribuant largement au fait qu'il reste encore un peu de lien social et de solidarité dans cette ville, ferment (ou sont menacées de fermeture à plus ou moins long terme) faute de financements, il semble que l'austérité municipale ne touche pas de la même façon le Design et le ravalement des façades du centre ville, ou l'organisation du passage de la flamme olympique. Perdriau, le maire multimis en examen, et sa clique de courtisan·es n'ont pas l'air de douter de grand chose. Au delà des affaires judiciaires qui ont rajouté un parfum d'indécence dans un air déjà irrespirable, c'est bien leur politique antisociale et sécuritaire qui justifierait en premier lieu qu'on leur ferme les portes du pouvoir municipal.

    Donc, l'heure et grave et les raisons de leur crier notre rage sont nombreuses. Pour ce prochain conseil municipal, le Comité Défaite n'a malheureusement pas eu l'énergie de prévoir soirée à thème, menu gastronomique, discours et déguisements. On appelle néanmoins à se retrouver à 18h devant l'Hôtel de ville pour montrer qu'il y a toujours des Steph' qui ont envie d'en découdre. Ramenez quelque chose à dire et quelque chose à boire si vous voulez !

    A lundi !

    Le Comité Défaite

  • Sunday 24 March 2024 - 00:30

    Suites à de nombreuses grèves dans les années 1870 dans le bassin de Saint-Étienne, dont celle de La Ricamarie de juin 1869, les idées de l'Internationale se propagent. Bakounine et l'Association Internationale des Travailleurs préparent un soulévement à Lyon depuis l'automne 1870. À la suite de l'insurrection parisienne du 18 mars 1871, l'Hôtel de ville de Lyon est occupé le 22.
    Peu d'informations sur ce qui s'est passé à Saint-Étienne mais ce texte de David Cizeron offre une belle éphéméride à cet épisode révolutionnaire méconnu. Des informations sur les prémices de ce soulèvement ici.

    La Commune de Saint-Étienne

    Article publié sur le site des ami.e.s de la Commune de Paris

    A Saint-Étienne, le 4 septembre 1870, on apprend la proclamation de la République. Le conseil municipal dissous mais toujours en place décide de nommer un conseil provisoire et Tiblier-Verne, un républicain modéré, marchand de bois, est élu maire. Le 5 septembre César Bertholon, ancien député de l'Isère en 1848, exilé en Algérie, rédacteur en chef du journal radical l'Éclaireur est nommé préfet.
    Le 12 septembre, il proclame « la Patrie en danger » et ouvre l'enrôlement dans la Garde nationale, il remplace le Conseil général par un Comité départemental républicain dont il choisit les membres parmi les républicains les plus connus. La municipalité lance un emprunt pour l'armement de la ville et des gardes nationaux et subventionne un Comité de défense employant 350 personnes pour produire jusqu'à 50 000 cartouches par jour. Elle s'attaque courageusement à la puissance de l'Église en supprimant les subventions aux établissements d'enseignement confessionnel et en installant dix-neuf écoles laïques dans des locaux appartenant à des Congrégations. Mais la guerre provoque une crise économique grave et une chute des commandes et des milliers d'ouvriers se retrouvent au chômage. Les républicains et socialistes de toutes tendances s'organisent en clubs.

    Pendant l'automne et l'hiver 1870-1871, la gauche stéphanoise se structure en deux mouvements principaux : l'Alliance républicaine, qui s'exprime essentiellement par le journal l'Éclaireur regroupant des « modérés » et le Comité central républicain ou Club de la rue de la Vierge recrutant dans la Garde nationale, chez les ouvriers du textile, les employés de commerce et les artisans.

    LE MOUVEMENT EN FAVEUR DE LA COMMUNE

    Le 31 octobre, apparaissent sur les murs, des affiches rédigées au nom du préfet Bertholon convoquant le jour même les électeurs pour des élections municipales et appelant à l'élection d'une Commune. Les 13 et 17 décembre, les dirigeants du Club de la rue de la Vierge et ceux de l'Alliance républicaine organisent au Grand Théâtre des réunions pour réclamer la proclamation de la Commune. Le 29 décembre, le Club de la rue de la Vierge, dont le secrétaire est Jean Caton, fait paraître le journal La Commune avec comme sous-titre : Défense nationale. Le journal multiplie les appels en faveur de la Commune : « La Commune c'est notre titre, et nous en sommes fiers. La Commune, c'est la pyramide sociale remise sur sa base : le peuple, c'est-à-dire la totalité des citoyens. »

    Le 3 février 1871, une nouvelle affiche annonce la proclamation de la Commune pour ce jour mais le conseil municipal refuse de se dissoudre, provoquant une division dans le mouvement républicain entre ceux qui font confiance aux élections et aux institutions et ceux qui veulent aller plus loin et, sans attendre, proclamer la Commune.

    Aux élections législatives du 8 février 1871, les républicains sont divisés et seul Frédéric Dorian, un industriel protestant et saint-simonien est élu alors que les conservateurs ont dix élus dans le département. Le 10 février, Bertholon démissionne car il refuse de faire afficher le décret reconnaissant les droits des membres des familles royales et impériales. La méfiance des républicains radicaux et socialistes s'accroît de jour en jour et La Commune appelle à la vigilance. Le 26 février le journal écrit : « On parle déjà de désarmer la Garde nationale. C'est toujours ainsi qu'on s'y prend quand on veut étouffer la République. » Le 3 mars, malgré la désunion aux élections, les membres du Club de la rue de la Vierge et ceux de l'Alliance républicaine organisent une réunion en hommage à Jean Thomas, veloutier, trésorier du comité de grève de 1865, « vieux républicain qui vient de décéder. »

    LA PROCLAMATION DE LA COMMUNE À SAINT-ETIENNE

    Le 18 mars, le peuple parisien s'insurge et les 72 jours de la Commune de Paris débutent. Le 22 mars, La Commune exulte : « La révolution triomphe ! […] Le peuple se réveille et veut la Commune. » Dans la journée les autorités militaires demandent le désarmement de la Garde nationale. Une réunion se tient dans la salle du Prado ; la Commune y est acclamée et on adhère au « mouvement de Paris ». Il est décidé d'envoyer une délégation commune du Club de la rue de la Vierge et de l'Alliance républicaine, « exiger du maire la proclamation immédiate de la Commune ».

    Le 23 mars, apprenant la proclamation de la Commune à Lyon, les délégués de l'Alliance Républicaine et du Club de rue de la Vierge demandent à nouveau au conseil municipal de se dissoudre et l'élection immédiate d'une Commune. Le maire Pierre Boudarel, qui a remplacé Tibier-Verné mort en décembre, répond qu'il va soumettre cette proposition au conseil municipal. Le soir, une nouvelle réunion se tient au Prado. De Rolland pour l'Alliance Républicaine déclare : « il faut aller demander la Commune avec l'arme au pied, la cartouche aux dents. »

    Le 24 mars, La Commune écrit : « Gardes nationaux, imitez l'exemple de Paris ; et que la triste fin des généraux pour lesquels la vie du peuple est un marchepied, serve de leçon à ceux qui seront tentés de les imiter » et le journal alléguant une conspiration « antirépublicaine de la réaction » propose à l'Alliance républicaine de former « en commun une liste de candidats en vue de l'installation de la Commune ». Une nouvelle délégation se rend à l'Hôtel de Ville et le conseil municipal (sauf huit membres) accepte de démissionner mais le maire indique qu'il reste en fonction jusqu'aux prochaines élections. Les délégués de l'Alliance républicaine se déclarent satisfaits.

    Dans la soirée, une nouvelle assemblée se tient à la salle de la rue de la Vierge, les orateurs mécontents de la tournure des événements proposent la désignation de onze délégués « plus énergiques ». On réclame « d'agir sans plus tarder » et de « marcher sur l'Hôtel de Ville ». Vers huit heures, la Garde nationale occupe l'Hôtel de Ville « en chantant la Marseillaise et en acclamant la Commune ». Une heure plus tard, les lieux sont envahis par la foule, et les représentants du Club de la Vierge demandent aux autorités présentes (le préfet intérimaire, le maire et deux de ses adjoints, le commandant de la Garde nationale) de proclamer la Commune ! Évidemment, ils refusent et sont arrêtés. Vers minuit, la Commune est proclamée par la foule. Le drapeau rouge est hissé. Les prisonniers sont remis en liberté sous « la seule condition que le conseil municipal serait appelé à décider si la proclamation de la Commune à Saint-Étienne devait être soumise à un vote populaire ». La Garde nationale et les manifestants se retirent au petit matin. Pendant ce temps, les autorités désignent un nouveau préfet, Henri de l'Espée qui, immédiatement, fait placarder une affiche menaçante : « Arrivé cette nuit dans les murs de votre chef-lieu j'ai trouvé des factieux tentant de consommer un attentat contre l'ordre et les lois de la République [...] Puissamment secondé par l'autorité militaire j'ai pu convoquer la Garde nationale de Saint-Étienne. La seule apparition de quelques bataillons, accourus avec un empressement dont je les remercie, a déterminé la complète retraite de séditieux. »

    Le conseil municipal demande au préfet le retrait des troupes, deux escadrons de cavalerie et 160 hommes d'infanterie, massées aux abords de l'Hôtel de Ville. Une compagnie de gardes nationaux de l'ordre puis une seconde viennent assurer la sécurité du préfet installé dans la mairie qui sert aussi de préfecture. Dans la ville, le rappel est battu, des gardes nationaux en armes et des manifestants parcourent les rues « drapeau rouge en tête » et s'emparent de la Manufacture. Le 25 à midi, les délégués de la Garde nationale sont reçus par le conseil municipal qui accepte l'organisation, dans leur sein, d'un référendum pour ou contre la Commune. De l'Espée refuse. Vers quatre heures, les garde nationaux reviennent en force, bousculent les gardes de piquet qui n'ont pas le temps de fermer les grilles et font prisonniers le préfet de l'Espée et le substitut du procureur, Gubian. Dehors des coups de feu éclatent, un garde national est tué. Vers dix heures, une nouvelle fusillade a lieu à l'intérieur ; trois personnes dont le préfet sont tuées. Devant la tournure des événements Jolivalt, désigné comme commandant de la place, prend la direction des opérations ; il fait occuper la gare, le télégraphe, la poudrière et décide la tenue d'élections à la Commune pour le 29. Il fait placarder deux affiches au nom d'un Comité révolutionnaire qu'il préside et réquisitionne quatre cent mille cartouches, un canon et huit mitrailleuses.

    Caton puis Antoine Chastel sont nommés secrétaires du Comité, Guillaume Michel-Berton commandant provisoire de la Garde nationale, et Durbize, chargé de la Direction du télégraphe. Le 26, Gubian et un garde national de l'ordre, Édouard de Ventavon, sont traduits pendant trois heures devant le « Comité constitué en tribunal », les deux hommes sont acquittés et libérés. Des cartes d'électeurs sont commandées, les cafés sont ouverts et les élections préparées. Mais le mouvement reste isolé, peu de décisions sont réellement prises, la foule commence à quitter les lieux. Le 27, les troupes commencent à arriver de Lyon et le 28 à six heures du matin, l'Hôtel de Ville est encerclé, le drapeau rouge est enlevé. Un envoyé provisoire, de Mongolfier, nanti des pleins pouvoirs pour rétablir l'ordre arrive. Il ne reste qu'une soixantaine de personnes dans l'Hôtel de Ville qui se rendent après négociation. La Commune de Saint-Étienne est vaincue.

    LA RÉPRESSION

    Les arrestations se multiplient ; les militants du Club de la Vierge [1] se cachent. Mais le 30 avril les élections municipales portent à la mairie trente-deux candidats présentés par les républicains de l'Alliance républicaine et les socialistes du Comité central encore en liberté, contre quatre élus soutenus par Ducros. Boudarel est réélu maire mais immédiatement révoqué par Ducros qui le remplace par un délégué de la préfecture puis finalement remplace le conseil tout entier par une commission.

    Les autorités se méfient d'un procès à Saint-Étienne et après quelques hésitations cinquante-six accusés (douze sont contumaces) sont traduits devant la cour d'assises du Puy-de-Dôme à Riom. Caton, Chastel, journalistes à La Commune, Marchetti, Tamet et Thibaudier, membres de l'Internationale et Amouroux, délégué de la Commune de Paris, sont condamnés à la déportation en enceinte fortifiée ; un accusé est condamné à douze ans de travaux forcés, trois à la déportation simple, quatorze à des peines de un à dix ans d'emprisonnement, vingt-trois prévenus sont acquittés.

    Les arrestations se poursuivirent longtemps encore, jusqu'en 1874. Lorsqu'en 1873 se déclencha une grève des mineurs, le préfet de police écrivit au préfet de la Loire : « Je suis informé qu'une grève vient d'éclater à Saint-Étienne, elle est probablement l'œuvre des délégués de l'Internationale qui ont dû se réunir clandestinement dans cette ville ». La réaction se remettait difficilement de sa peur. L'Internationale, proscrite, lui semble resurgir à chaque colère populaire. Le spectre de la Commune la hante encore.

    ANNE MORFIN-CATON (ARRIÈRE PETITE-FILLE DE CATON)
    PIERRE-HENRI ZAIDMAN

    Un peu d'Histoire : « La Commune de Saint-Étienne »

    Je ne sais pas si la Commune de Saint-Étienne mérite d'être signalée – si elle appartient à l'histoire, je veux dire une histoire digne de ce nom et non pas un récit scrupuleux d'événements superficiels fait par des nécrologues, chroniqueurs ou mémorialistes maniaques ou des érudits locaux, si elle ne dépend pas du mirage d'une nostalgie rouge ou noire qui se trompe trop souvent de souvenirs et désire voir au moindre « mort aux vaches » du Kroptokine dans le geste quitte à surévaluer ces faits minuscules dont les rapports entretenus avec l'Internationale relèvent plus, pour la plupart, du malentendu ou du fantasme. Pour tout dire, l'événement majeur de cette Commune stéphanoise semble être la mort d'un préfet et encore la majorité des récits la considère, cette mort, comme accidentelle – mais l'histoire est légitimiste.

    J'en viens enfin aux faits, brièvement… il ne faut jamais oublier de délimiter le terrain de jeu au risque de se perdre dans une abstraction schématique et sans borne et oublier de donner un quelconque support et ordonnancement chronologique, humain, factuel à l'événement. Donc : la Commune de Saint-Étienne a lieu entre le 24 et le 28 mars 1871, après plusieurs jours d'agitation montante. Le 24 mars une centaine de manifestant.e.s rejoints par la Garde Nationale et la foule ; ils et elles investissent l'Hôtel de ville et hissent sous la coupole le drapeau rouge.

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    Le 12 septembre la Patrie est proclamée en danger. Dès le 31 octobre, Saint-Étienne s'agite à l'appel des socialistes qui réclament la Commune. Dans les cafés et cercles, comme à Paris, on parle de démocratie à la base. A partir de décembre paraît un journal qui a pour nom La Commune. Dès le premier numéro, le journal donne le ton : "La Commune c'est la pyramide sociale remise sur sa base... c'est l'appel social au banquet de la vie, à l'harmonie, à l'entente cordiale." Il n'aura de cesse d' inciter à la constitution d'un pouvoir de type nouveau. Le fédéralisme apparaît comme la solution. Tout ce qui n'est pas fédéralisme est assimilé au système impérial, "qu'il s'incarne dans un Bonaparte, un Gambetta ou un Robespierre, peu importe !"

    Le 23 mars, c'est une compagnie nombreuse de gardes nationaux qui traverse la place de l'Hôtel de Ville aux cris de "Vive la Commune !" Une délégation du club de la rue de la Vierge se rend aussitôt à la mairie et demande la démission du Conseil municipal. Par 17 voix contre 7, les conseillers municipaux se déclarent prêts à se retirer mais décident aussi de demeurer en fonctions jusqu'aux élections destinées à pourvoir à leur remplacement. Le lendemain, plusieurs centaines de membres des clubs socialistes font irruption sur cette même place et envahissent le pérystile de l'Hôtel de Ville. Les grilles cependant empêchent la foule de pénétrer plus avant dans le bâtiment. Le colonel Lagrive se présente à elle et après négociations autorise une délégation, dont fait partie Durbize, à pénétrer dans les lieux pour y rencontrer le maire. Elle demande à Boudarel et à Morellet de proclamer la Commune. Sur leur refus, la Garde nationale laisse entrer la foule qui s'engouffre dans les couloirs. Dans la nuit, Durbize proclame lui-même la Commune et arbore le drapeau rouge. Cou-Tors fait partie, le 24 mars, du comité insurrectionnel qui s'empare de l'Hôtel de Ville et procède à l'arrestation des autorités. Désigné responsable de la police, il fait afficher un appel au peuple en vue d'élire les membres d'une Commune. »

    L'intégralité de l'article à lire sur le site de Résistance Verte.

    La Commune de Saint-Étienne

    Le 18 mars 1871, une émeute éclate à Paris sur la butte Montmartre, marquant le commencement de la Commune. Ce mouvement insurrectionnel dura 71 jours dans la capitale et s'acheva dans un affreux bain de sang essaima dans divers villes de province : Lyon, Marseille, Toulouse... Et à Saint-Étienne du 24 au 28 mars 1871. Quatre petites journées de braise marquées par l'occupation de l'Hôtel de Ville et le meurtre de préfet Henri de l'Espée. L'insurrection est né à la fois d'un sursaut patriotique contre l'abdication du pouvoir politique, synonyme de trahison, durant la guerre contre la Prusse, et d'un puissant réflexe républicain contre les périls d'une restauration de nature monarchique. Par la masse de ses combattants et par le fort pourcentage d'ouvriers au sein de ses instances dirigeantes, elle apparaît comme la première insurrection prolétarienne et la première tentative de gouvernement de la classe ouvrière.

    En juillet 1870, "Napoléon le petit" déclare la guerre à la Prusse. Mal préparés, inférieurs en nombre et surtout mal commandés, les soldats français sont submergés et leur défaite consommée en quelques mois malgré des faits d'armes célèbres, comme celui de Reichshoffen. Le 2 septembre, à Sedan, Napoléon III est fait prisonnier. A Paris, un gouvernement provisoire de défense nationale est formée sous la présidence du général Trochu, gouverneur militaire. Il est composé de Républicains dont les plus célèbres sont Léon Gambetta, ministre de l'Intérieur, Jules Favre et Jules Ferry. Sous la pression populaire, la IIIe République est proclamée le 4 septembre. Le siège de Paris débute le 19 septembre. Dans un rayon de 10 km autour de la capitale, les armées allemandes encerclent la capitale et attendent. Les troupes parisiennes, soldats et gardes nationaux (c'est à dire des civils mobilisés), tentent quelques sorties pour faire sauter le verrou mais leurs tentatives échouent. Début octobre, Gambetta quitte Paris en montgolfière et gagne Tours où il réorganise une armée pour libérer Paris. Tentative courageuse mais sans lendemain. A Metz, ce même mois d'octobre, Bazaine se rend avec 100 000 hommes ! Dans la capitale, de nombreux clubs révolutionnaires entretiennent l'agitation politique et cultivent dans les esprits des idées héritées de 1793 : "la Patrie en danger", la "levée en masse". Une première manifestation a lieu le 31 octobre 1870. Elle réclame une commune, c'est à dire un gouvernement du peuple destiné à instaurer, comme dans l'esprit de 1792, des mesures de salut public. Elle est réprimée.

    Vient l'hiver, terrible, et les bombardements de l'artillerie prussienne. La pénurie s'installe ; les prix flambent ; la mortalité augmente. Les animaux du Jardin des plantes, éléphants, antilopes et chameaux sont sacrifiés au profit des tables de luxe. Les plus humbles chassent les chats et les chiens, les rats. Le 22 janvier 1871, le général Trochu, après la désastreuse sortie de Buzenval, démissionne et préconise la capitulation. Une émeute éclate, des délégués de la Garde nationale, des clubs politiques parisiens, des comités de vigilance, décident un manifestation place de l'Hôtel de Ville mais des soldats tirent sur la foule qui s'éparpille tandis que des gardes nationaux ripostent. Paris capitule et Jules Favres signe l'armistice le 28 janvier, malgré Gambetta qui veut poursuivre la lutte. Dix jours plus tôt a eu lieu l'humiliation de Versailles où Guillaume, roi de Prusse a été proclamé Empereur d'Allemagne.

    L'armistice est signée pour une période de quelques semaines, le temps aux vaincus d'élire une assemblée nationale. Bismark en effet, a besoin que le traité de paix définitif soit entériné par une autorité légitime afin de ne pas être plus tard contesté. Les élections du 8 février 1871 donnent le pouvoir à une large majorité royaliste, de diverses tendances. Mais à Paris ce sont les Républicains qui sont majoritaires. L'Assemblée nationale, réfugiée à Bordeaux, nomme alors Adolphe Thiers chef du gouvernement. Celui-ci cherche à conclure un traité de paix avec la Prusse. Le 1er mars, les Teutons défilent dans les rues de la capitale où les statues sont voilées de noir par les habitants. La population rumine son humiliation. Un certain Georges Clémenceau, maire de Montmartre, affiche une proclamation où l'on peut lire : « On vous a livré sans merci. Toute résistance a été rendue impossible. »

    Une série de mesures décrétées par le gouvernement (depuis Versailles maintenant où il est protégé par les troupes du Kaiser) va mettre le feu au poudres. Le 10 mars, il décide de lever le moratoire sur le remboursement des effets de commerce et les loyers qui avait été instauré au début de la guerre. Il supprime aussi l'indemnité de 30 sous par jour due aux 180.000 hommes de la Garde nationale, majoritairement issus de la petite bourgeoisie et du monde ouvrier. 180 000 hommes en armes ! Thiers enfin, allume la mèche en décidant de récupérer les 227 canons positionnés sur les buttes de Montmartre et de Belleville. Le 18 mars, la foule s'assemble et fait face au détachement envoyé par le chef du gouvernement. Les soldats se débandent ou se rallient au petit peuple. Les généraux Lecomte et Clément-Thomas sont arrêtés puis sont passés par les armes. Le second, en 1848, avait durement réprimé le soulèvement républicain. D'autres émeutes se produisent au même moment en d'autres quartiers de Paris et des soldats fraternisent avec les insurgés. Les bataillons de la Garde nationale se groupent en fédérations d'où le nom de « fédérés » que l'on donnera aux insurgés.

    Elu au Conseil de la Commune et maire de l'arrondissement des Batignolles dont il organise la défense pendant la Semaine sanglante. Il prend le chemin de l'exil après la chute de la Commune, revient après l'amnistie de 1880 et préside le congrès socialiste de Saint-Étienne (1882) qui voit la rupture entre réformistes (possibilistes) menées par Paul Brousse, et guesdistes (marxistes). Socialiste indépendant, il est le fondateur, avec Elie Peyron et le premier directeur, de 1885 à sa mort, de La Revue socialiste qui fut ouverte à toutes les tendances du socialisme français. Il publie de nombreux ouvrages, dont Le Socialisme intégral (1891) qui devait influencer toute une génération de militants. A sa mort, 10 000 personnes accompagnent son corps au Père-Lachaise. En 1913, un monument destiné à recueillir ses cendres est érigé face au Mur des fédérés et Jean Jaurès lui rend hommage.

    Le 26 mars, des élections sont organisées pour désigner les membres du Conseil général de la Commune de Paris. La moitié des électeurs a voté. L'autre moitié, gens aisés et fonctionnaires, a détalé vers Versailles. Outre une vingtaine de républicains, toutes les tendances socialistes sont représentées. Parmi les révolutionnaires, on trouve les "jacobins", centralisateurs et intransigeants, Delescluze, Gambon, Pyat... admirateurs de la Révolution de 1789 et qui entendent mener la lutte contre la bourgeoisie et l'église. Les "blanquistes", privés de leur chef de fil, emprisonné en Bretagne, sont une dizaine : Chardon, Ferré, Eudes, Rigault... adeptes d'une insurrection avant-gardiste plus que d'un large mouvement de masse. Les « radicaux » dont sont Arnould, Amouroux ou Clément sont partisans de l'autonomie municipale et d'une république démocratique et sociale. Il y a encore les internationalistes "proudhoniens" dont Eugène Varlin et le Forézien Benoît Malon, tous deux dirigeants de l'Association Internationale des Travailleurs (la 1re Internationale, créée en 1864), des "indépendants" : Jules Vallès et le peintre Gustave Courbet...

    A Saint-Étienne, l'annonce de la chute de l'Empire et la proclamation de la République soulève l'enthousiasme des classes populaires. Depuis 1831, l'histoire ouvrière de la ville, et en règle générale de tout le bassin stéphanois, se distingue par un foisonnement de luttes extrêmement dures. En 1831, une émeute des armuriers fait plusieurs blessés à Saint-Étienne et entraîne l'arrestation de 18 personnes. Cette même année, les mineurs de Rive de Gier, puis les verriers, font grève. En 1834, les manifestations sociales des passementiers stéphanois, en liaison avec le mouvement lyonnais, se doublent de revendications républicaines contre la monarchie (Louis-Philippe est roi des Français). Des barricades sont élevées à Chavanelle, à Badouillère... Les affrontements font six morts et de nombreux blessés tandis qu'à Paris, un certain Thiers, futur boucher de la semaine sanglante, se fait la main rue Transnonain. En 1840 et en 1844, grève des mineurs de Rive-de-Gier. En 1846, grève des mineurs de Saint-Étienne. A la mine du Gagne-Petit, la Compagnie des Mines de Saint-Étienne fait tirer sur la foule : six morts. Personne n'oublia le geste du général Charron qui, frappé d'une pierre, désigna une femme qui fut aussitôt fauchée par les balles. Aussi, en 1848, la chute de Louis-Philippe et la proclamation de la République est elle accueillie avec un immense enthousiasme. Le drapeau rouge est hissé pour la première fois sur l'Hôtel de Ville de Saint-Étienne. A Rive-de-Gier aussi, où Jean-Marie Sigmard, un verrier, fait acclamer la République. Quelques semaines plus tard, une grave crise touchant la passementerie, les ouvrières ourdisseuses de soie saccagent plusieurs couvents-ateliers auxquels les rubanniers réservent leurs rares commandes et qui emploient des orphelines. Devant celui de la Sainte-Famille, les balles des soldats fauchent quatre femmes et un enfant.

    Le coup d'État du 2 décembre 1851 enterre la Seconde République. Dans les mois qui suivent, les arbres de la Liberté, plantés à Saint-Étienne durant les événements de 1848, sont arrachés et une quinzaine de socialistes locaux sont arrêtés. Louis-Napoléon Bonaparte, qui n'est pas encore officiellement l'Empereur Napoléon III (21 novembre 1852) mais Prince-Président, visite Saint-Étienne le 18 septembre 1852 et y reçoit un accueil très chaleureux. Dans un article du Siècle, Edmond Texier écrit : "Il y a un mois, Saint-Étienne nommait Jules Favre membre du Conseil général, aujourd'hui cette ville crie "Vive l'Empereur !" La légende impériale est toujours vivante dans le souvenir du campagnard et de l'ouvrier. Mais les drapeaux serrés, les échafaudages disparus, les uns retournent à la charrue, les autres à l'atelier et tous, à leurs instincts démocratiques."

    Un temps jugulées par l'Empire, les grèves reprennent dans le milieu des années 1860. En 1865, plusieurs milliers de veloutiers cessent le travail pendant quelques jours. En 1868, c'est dans le milieu ouvrier de la passementerie stéphanoise qu'est accueillie une première antenne de l'Association Internationale des Travailleurs (A.I.T), formé à Londres en 1864. Au passage, si c'est l'image du mineur en lutte qui prévaut aujourd'hui dans les mémoires stéphanoises, c'est le monde passementier qui le premier structura ses moyens d'actions : sociétés de secours mutuel, coopératives de production, sociétés secrètes... L'A.I.T devait jouer un grand rôle dans la mise en place des cercles ou clubs de Saint-Étienne et de Saint-Chamond et des comités dont le plus célèbre à Saint-Étienne est le comité de la rue de la Vierge. Futur "Comité central des quatre cantons", il sera l'initiateur de l'insurrection de 1871.

    L'année 1869 est secouée par de nombreux mouvements, celui des chapeliers à Chazelles-sur-Lyon, des teinturiers à Izieux, des chaudronniers à Saint-Étienne... Il y a surtout la fusillade du Brûlé, à La Ricamarie, qui secoue profondément l'Empire finissant. Lors du plébiscite de mai 1870, destiné à affermir le régime en s'appuyant sur la voix du peuple (en arguant de la libéralisation du pouvoir et en faisant adopter au passage l'idée de sa transmission "de mâle en male par ordre de primogéniture", autrement-dit à son fils), Napoléon III recueille en France une large majorité de "oui". A Saint-Étienne, les élections municipales du 7 juillet portent à la mairie vingt-huit radicaux et seulement deux libéraux. Quelques semaines plus tard, à Sedan, le régime renforcé par les urnes s'écroule piteusement par les armes.

    Le 4 septembre 1870, le Conseil municipal de Saint-Étienne, que le gouvernement avait en théorie révoqué le 6 août, se réunit dans les bureaux du journal L'Eclaireur (socialiste et anticlérical), pour rédiger une proclamation. M. Tiblier-Verne est élu maire provisoire par 24 voix contre 2 à Dorian. Le lendemain, César Bertholon, qui n'est autre que le directeur de L'Éclaireur, est nommé Préfet. Il dissout le Conseil général remplacé par un Comité Départemental Républicain, présidé par Henri Thomas ; lequel est secondé par Boudarel et Bouzol. A Saint-Étienne, un Comité central se met en place rue de la Vierge, présidé par Durbize, un comptable, ainsi qu'un comité de Salut Public. Au sein du Club de la rue de la Vierge, outre Durbize on trouve Antoine Chastel, Adrien Jolivalt, un officier de carrière, et Étienne Faure, dit "Cou-Tords" en raison d'une malformation. Ils seront les chefs de l'insurrection. Le club rallie à sa cause le peuple des ouvriers stéphanois, notamment les passementiers et les armuriers. Dès le 12 septembre la Patrie est proclamée en danger et de nombreux ouvriers s'enrôlent avec enthousiasme.

    Le 15, un emprunt municipal est voté. Il doit servir à la défense de la ville, l'armement de la Garde nationale et l'organisation des ambulances. Mais dix jours après, seulement 300.000 francs ont été réunis et la municipalité décrète la suppression des subvention aux établissements d'enseignement confessionnel. Le 3 novembre, dix écoles laà¯ques de garçons et neuf écoles de filles s'installent dans des locaux appartenant à des Congrégations. Le 28 septembre, le dernier bataillon du tristement célèbre 4e de ligne, responsable de la tuerie du Brûlé, quitte la ville pour aller combattre l'ennemi.

    Les ouvriers, dont beaucoup se sont enrôlés volontairement par patriotisme, ne peuvent avoir confiance dans le républicanisme d'une bourgeoisie qui boude un emprunt patriotique. Dès le 31 octobre, Saint-Étienne s'agite à l'appel des socialistes qui réclament la Commune. Dans les cafés et cercles, comme à Paris, on parle de démocratie à la base. A partir de décembre paraît un journal qui a pour nom La Commune et qui porte comme sous-titre : Défense nationale. Dès le premier numéro, le journal donne le ton : "La Commune c'est la pyramide sociale remise sur sa base... c'est l'appel social au banquet de la vie, à l'harmonie, à l'entente cordiale." Il n'aura de cesse de dénoncer "la trahison des avocats", la "complicité des Thiers et des Favre avec Bazaine" ; d' inciter à la méfiance envers L'Éclaireur, les généraux et les prêtres, de demander la démission de la municipalité, de nouvelles élections et la constitution d'un pouvoir de type nouveau. Le fédéralisme apparaît comme la solution. Tout ce qui n'est pas fédéralisme est assimilé au système impérial, "qu'il s'incarne dans un Bonaparte, un Gambetta ou un Robespierre, peu importe !" La Commune d'ailleurs prend Gambetta violemment à partie. Elle l'accuse de faire chorus avec la bourgeoisie, "de crier aux factieux, aux partageux, d'agiter le spectre rouge et d'affecter de croire la propriété menacée". La propriété, s'écrie-t-elle, "mais nous ne la menaçons pas, nous cherchons seulement à défendre la nôtre que vous prenez impitoyablement. La Commune se dresse contre la soi-disant République du 4 septembre, plus loin cent fois de la République que ne l'était l'Empire."

    Jean Pralong, dans son ouvrage Saint-Étienne, histoire de ses luttes économiques et sociales se souvient l'avoir connu à la fin de sa vie. Il distribuait des tracts libertaires "Ni Dieu, ni Maître" et pour survivre vendait des potions et des plantes médicinales. Il est décédé en 1911. A ses obsèques vinrent de nombreux militants de la mouvance anarchiste dont Sébastien Faure, également originaire de Saint-Étienne et leader national du mouvement libertaire.

    Le 26 décembre, Boudarel est élu maire en remplacement de Tiblier-Verne qui a succombé à une maladie. Début février 1871, des affiches sont placardées dans les rues de la ville annonçant que "le public est prévenu qu'il y aura une réunion de citoyens sur la place de l'Hôtel de ville, pour proclamer la Commune". La démission de la municipalité est exigée. Le 4 février, le Conseil municipal se déclare "prêt à résigner son mandat à qui de droit" mais "considère comme une faiblesse, comme une lâcheté coupable, l'abandon spontané de ce mandat, au moment où il pouvait présenter quelque danger". Aux élections de l'Assemblée, le 8 février 1871, Dorian est avec 79 508 voix le seul élu dans la Loire de l'Alliance Républicaine. A l'image du pays, le département a voté pour les conservateurs ! Seuls les cantons de Saint-Étienne ont voté pour les candidats du Comité de la rue de la Vierge. Deux jours plus tard, le Préfet Bertholon démissionne après avoir refusé de faire afficher le décret reconnaissant le titre de citoyen aux membres des familles royale et impériale. Et le Conseil municipal est toujours en place.

    La méfiance s'accroît de jour en jour. La Commune appelle à la vigilance. Le 26 février son ton se fait plus énergique encore : "On parle déjà de désarmer la garde nationale. C'est toujours ainsi qu'on s'y prend quand on veut étouffer la République. Peuple, réponds hardiment à ceux qui te les (tes armes) demanderont ; viens les prendre et n'hésite pas à t'en servir pour les défendre." Les Républicains se divisent. L'Alliance républicaine, qui regroupe les républicains libéraux et radicaux et Michel Rondet suivi par un grand nombre de mineurs et de passementiers, estiment qu'il faut respecter le résultat des élections. Au contraire, les comités, avec l'appui des gardes nationaux, se dirigent vers l'insurrection.

    L'Éclaireur publie le 22 mars un appel au calme : "Dans les circonstances graves que nous traversons, il importe à la démocratie de ne juger et d'agir qu'avec la plus extrême prudence. Toute fausse appréciation, toute fausse démarche pourrait causer un préjudice plus ou moins grand au parti républicain. C'est ce qu'il ne faut pas, c'est ce que tous les démocrates doivent éviter avec le plus grand soin..." Le nouveau préfet intérimaire, M. Morellet fait afficher sur les murs une proclamation de l'Assemblée adressée au peuple et à l'armée l'engageant à se serrer autour du gouvernement de Versailles. Quant au Mémorial, il se moque ouvertement des extrémistes. Le 23 mars, nouvelle proclamation adressée par M. Morellet, recommandant la modération, le calme et l'apaisement. Toute la presse stéphanoise fait chorus avec lui et L'éclaireur agite le spectre de la Monarchie qui pourrait tirer profit des troubles pour restaurer le trône de France. Le colonel Legrive, commandant démissionnaire de la Garde nationale reprend du service. Il espère, semble-t-il, dompter cette troupe rebelle et l'utiliser au service de l'ordre.

    Le 23, c'est une compagnie nombreuse de gardes nationaux qui traverse la place de l'Hôtel de Ville aux cris de "Vive la Commune !" Une délégation du club de la rue de la Vierge se rend aussitôt à la mairie et demande la démission du Conseil municipal. Par 17 voix contre 7, les conseillers municipaux se déclarent prêts à se retirer mais décident aussi de demeurer en fonctions jusqu'aux élections destinées à pourvoir à leur remplacement. Le lendemain, plusieurs centaines de membres des clubs socialistes font irruption sur cette même place et envahissent le pérystile de l'Hôtel de Ville. Les grilles cependant empêchent la foule de pénétrer plus avant dans le bâtiment. Le colonel Lagrive se présente à elle et après négociations autorise une délégation, dont fait partie Durbize, à pénétrer dans les lieux pour y rencontrer le maire. Elle demande à Boudarel et à Morellet de proclamer la Commune. Sur leur refus, la Garde nationale laisse entrer la foule qui s'engouffre dans les couloirs. Dans la nuit, Durbize proclame lui-même la Commune et arbore le drapeau rouge.

    Le 27 mars, l'Assemblée nationale décréta qu'il avait bien mérité de la patrie.
    Ses funérailles, en grandes pompes, eurent lieu le 30 mars 1871 à la Grand Église.

    Le 24 mars au soir, Henri de l'Espée, 45 ans, qui vient d'être nommé Préfet de la Loire arrive à Saint-Étienne. Il se rend chez le général Lavoye, commandant la subdivision de la Loire, pour se concerter avec lui des mesures à prendre. Michel Rondet, un des fondateurs de la Fédération du Sous-Sol, l'accusera d'être responsable de la fusillade d'Aubin (Aveyron) qui coûta la vie à 17 grévistes en 1869. Il s'en défendra, affirmant qu'à l'époque, il était à Fourchambault. Il paraît cependant décidé à employer la manière forte. Il commence par convoquer la troupe de ligne et deux escadrons de hussards qui, au petit matin, prennent position aux abords de l'Hôtel de Ville. Les révolutionnaires, qui par ailleurs apprennent l'échec de l'insurrection lyonnaise, s'éparpillent. L'Espée commet alors l'erreur de faire afficher un texte quelque peu méprisant qui va réchauffer leurs ardeurs : "Arrivé cette nuit dans les murs de votre chef-lieu j'ai trouvé des factieux tentant de consommer un attentat contre l'ordre et les lois de la République... Puissamment secondé par l'autorité militaire j'ai pu convoquer la garde nationale de Saint-Étienne. La seule apparition de quelques bataillons, accourus avec un empressement dont je les remercie, a déterminé la complète retraite des séditieux. Vous comprendrez tous combien il faut que les lois soient, à l'avenir, respectées..."

    L'émeute, dans l'après-midi du 25 mars, reprend de plus belle. Dans la ville, des personnalités dont les opinions conservatrices sont connues sont brutalisées. Quelques membres du Conseil municipal proposent alors au préfet de retirer les troupes positionnées place de l'Hôtel de Ville et qui apparaissent comme une provocation. Le préfet accepte et de la sorte facilite au contraire la tâche des émeutiers. Vers 15h, des gardes nationaux et des militants du Comité central s'y portent en masse, bientôt renforcés par de nombreux ouvriers de la Manufacture. Des drapeaux rouges flottent au vent. Soudain, un coup de feu retentit et un garde national, J.-B. Lyonnet, passementier de son état tombe à terre. On prétend que le coup de feu a été tiré par M. Marx, propriétaire du magasin "A Sainte-Barbe" tout proche. La foule en fureur s'engorge dans la boutique et le malheureux gérant, sans doute innocent, reçoit un coup de revolver qui lui traverse la mâchoire. Dans le même temps, la mairie, désertée par le maire, est occupée rapidement et de L'Espée est arrêté et conduit dans la grande salle en compagnie de M. Gubian, substitut du procureur de la République (nommé Gabiau dans certains textes). On exige d'eux leurs démissions. Ils refusent. De L'Espée déclare : "Vous me demandez ma démission et je ne suis ici que depuis hier ; vous ne m'avez pas encore vu agir. Vous me demandez de proclamer la Commune et vous savez que je ne le puis, puisque je représente le gouvernement de Versailles."

    Plusieurs gardes nationaux sont particulièrement excités, en particulier les nommés Fillon et Victoire. Plusieurs versions coururent sur les faits qui se sont produits ensuite et qui furent à l'origine de la mort du préfet. Selon une d'entre elles, de L'Espée, durant la nuit, aurait saisi un revolver qu'il dissimulait sur lui et aurait ouvert le feu sur Fillon et Victoire, avant d'être abattu. Cette version des faits fut vite démentie. Le préfet avait été fouillé et les deux gardes nationaux portaient des traces de balles de fusils et de baïonnettes. Il semblerait que Fillon, décrit comme étant un faible d'esprit, aurait dégainé pour protéger les captifs et ouvert le feu lors d'un mouvement de foule incontrôlé, tuant Victoire et blessant le tambour Jacob. Une fusillade anarchique aurait suivi, lui coûtant la vie, ainsi qu'au préfet.

    La muse de Léon Velle, en réponse à des chansonniers foréziens exaltant ces journées rouges, s'attacha plus tard à rappeler cet épisode :

    "De l'Espée, au milieu d'une foule en fureur,
    Calme et fier, affrontait de lâches épithètes.
    Fillon, Fillon surtout, dit le « fou de Maclas »
    Surveillait le martyr en l'accablant d'injures.
    Ils ont, pour le garder, choisi ce monstre-là ,
    La plus vile des créatures !
    En vain, il le pressait de signer le décret
    Proclamant la Commune ; à pareille insolence,
    Le patient opposait un silence
    Qu'il savait être son arrêt.
    En effet, tout à coup, cet idiot infâme
    Fait feu sur de L'Espée et l'un des siens rend l'âme ;
    Ce fut là le signal ; le préfet, en héros,
    Reçoit sans sourciller le plomb de cent bourreaux."

    Quant au substitut Gubian, il est indemne. Il est libéré par un tribunal improvisé, présidé par Jolivalt, un des chefs de l'insurrection. L'élection d'un Conseil de la Commune, composé de 36 membres, est annoncé pour le 29. Elle n'aura jamais lieu. Dans la journée du 26, les Communards disposent deux pièces de canons dans le péristyle et des mitrailleuses qu'ils braquent sur la place. Une proclamation tente de rassurer la population : « La Commune n'est ni l'incendie, ni le vol, ni le pillage, comme on se plaît à le répéter. » De son côté, Étienne Faure dit « Cou-Tord », commissaire central du mouvement, s'emploie à rouvrir les magasins que leurs propriétaires ont fermés par crainte du pillage. Les autorités militaires y vont aussi de leur placard : « Aux citoyens honnêtes, un moment égarés par de perfides conseils, de déposer les armes et à rentrer dans leurs fabriques... Vous voulez la Commune, ce souvenir sanglant du plus pur despotisme républicain ? La Commune, vous ne l'aurez pas ! La France entière la repousse avec horreur et dégoût.... Ce que nous voulons, nous, c'est une République une et indivisible. Ce que nous voulons, ce sont des institutions larges, en harmonie avec les progrès de la civilisation... Nous voulons vivre sous la noble devise : Liberté, Égalité, Fraternité... »

    Le lendemain, des troupes venant de Lyon arrivent à la gare de Châteaucreux et par la rue de Lyon se rendent à la caserne. Un hobereau local, Vital de Rochetaillée conjure le général d'éviter toute effusion de sang et propose de jouer les médiateurs. Le 28 au matin, il se rend à l'Hôtel de Ville avec un officier délégué par le général et demande aux insurgés de déposer les armes. Les Communards, lâchés par leurs chefs et par les masses, ne font aucune difficulté pour se rendre. L'Hôtel de Ville est occupé, sans coup férir, et Vital de Rochetaillée, sous les vivats de la foule, jette à terre le drapeau rouge qu'il remplace par le drapeau tricolore. « L'émeute est dissipé, l'ordre est rétabli » proclament les autorités militaires. Le même jour, envoyé par l'Assemblée Nationale, arrive de Montgolfier nanti des pleins pouvoirs civils et militaires. La Commune de Saint-Étienne a vécu.

    De nombreuses arrestations ont lieu durant le mois d'avril mais les inculpés, au nombre de cinquante-six, ne sont pas jugés dans la Loire. C'est la cour d'assises de Riom, à partir du 15 novembre, qui accueille le procès, entend 126 témoins et prononce le verdict le 5 décembre. Vingt-trois accusés sont acquittés. Amouroux, émissaire de la Commune de Paris, Caton, journaliste de La Commune, Chastel, l'Italien Machetti, Tamet et Thibaudier, ces deux derniers accusés d'être affiliés à l'Internationale, sont condamnés à la déportation. Rondet, malgré une présence effacée durant les évènements, en prend pour 5 ans. Girard est condamné à 12 ans de détention. Salichon 10 ans. D'autres peines vont de trois à un an d'emprisonnement et diverses amendes. Hormis Chastel, les leaders sont en fuite.

    Charles Amouroux. Ouvrier chapelier originaire de l'Aude, opposant actif au 2d Empire, membre de l'A.I.T. et secrétaire du Conseil de la Commune de Paris. Chargé des Relations extérieures, ses missions le mènent à Lyon, Saint-Étienne, Marseille et Toulouse. Il fut condamné à la déportation. En mai 1885, il est élu député d'extrême gauche par le département de la Loire.

    L'histoire de Joannès Caton est connue grâce à ses mémoires, publiées en 1986 aux Editions France Empire sous le titre Journal d'un déporté, 1871-1879, de la Commune à l'île des Pins. Né à Beaubrun le 28 octobre 1849, il est le fils cadet d'une famille de cinq enfants. En septembre 1870, il est secrétaire du comité de la rue de l'ancienne rue de la Vierge. Réfugié un temps à Genève, il revient fin avril et est arrêté à la frontière le 1er mai. Condamné à Riom, il est transféré à Oléron puis à la Rochelle où il est embarqué le 17 mai 1873 pour arriver en Nouvelle Calédonie le 27 septembre 1873. Après un séjour dans un camps voisin de Nouméa, il est transféré le 15 avril 1877 dans la dépendance voisine de l'Ile des Pins où il jouit d'une certaine indépendance et exerce même pendant quelques temps les fonctions de maître d'école. Le 10 mai 1879, il est gracié mais reste volontairement quelques mois à Sydney (Australie). Il y aurait même exercé durant une certaine période des fonctions de correspondant de presse, y compris, paraît-il, pour un journal stéphanois ! Le 10 avril 1880, il revient en France. En janvier 1881, il est présent à l'enterrement d'Auguste Blanqui. Candidat élu aux élections de 1881, il siège au Conseil municipal jusqu'en 1885. Il se marie le 22 décembre 1883 avec Jeanne Meunier qui donne naissance à trois filles. Il s'éteint le 10 février 1914, entourés des siens. Il repose au cimetière du Crêt de Roch à Saint-Étienne, allée 17.

    " Oui, le drapeau rouge est bien
    Le plus bel emblême
    De l'ouvrier citoyen ;
    C'est pourquoi je l'aime,
    L'étendard du travailleur
    Sera toujours le meilleur
    Vive la Commune !
    Enfants,
    Vive la Commune !"

    Maxime Lisbonne

    Maxime Lisbonne, colonel de la Commune de Paris condamné à mort puis au travaux forcés. Il s'est éteint à La Ferté-Alais en 1905. Il a vécu quelques temps à Saint-Étienne où il aurait tenu un bar.

    "Quand les temps seront venus,
    Aucune famille
    N'aura plus d'enfants pieds-nus,
    Traînant la guenille.
    Tout le monde aura du pain,
    Du travail et du bon vin.
    Vive la Commune,
    Enfants,
    Vive la Commune !"

    Eugène Chatelain, chansonnier forézien

    Publié sur le site forez-info.com


    [1] Parmi ceux qui appartinrent au Club de la rue de la Vierge : Arnaud, dit Charles, Castillon, Caton J., Chastel A., Coste S., Dallier, Durbize B., Duvand A., Hubert F., Jolivalt, Lyonnet, Méjasson H., Meunier J.B., Mille, Romeyer, Rousset N., Roux, Teillier, Thibaudier B., Thomas H., Vignal J.

    Furent condamnés, le 5 décembre 1871, par la cour d'assises de Riom, en raison de leur participation à l'insurrection stéphanoise de mars 1871 : Amouroux, Caton J., Chastel A., Marchetti J., Tamet J.-B., Thibaudier : déportation dans une enceinte fortifiée. Balimon : dix ans de détention. Gidrol B., Volozan J.-M. : huit ans de détention. Girard J. : douze ans de travaux forcés. Rondet M. : cinq ans de prison.
    Entresangles J.-B., Fialon J., Luzier J.L., Poncept J.P., Rochette F., Scherrer F.J. : trois ans de prison. Aulagnier, Basson S., Ponceton J.-B., Villebelle G. : un an de prison.

    Citons encore parmi ceux qui furent mêlés à l'insurrection : Agier J., Arnaud dit Charles, Berthon M., Bertrand M., Castillon, Champion, Coste S., Courage, Faure E., Hubert F., Jolivalt A., Marconnet P., Méjasson H., Meunier J.-B., Montel B., Olagnier A., Rochette F., Rousset N., Salichon J., Sirdey, Terrasse J.-M., Vignal J.
    Voir également Barallon E.

  • Friday 22 March 2024 - 20:34

    Il en rêvait, il l'a fait. Un article de Reporterre nous apprend que Laurent Wauquiez a fait voter jeudi 21 mars en Conseil régional le déploiement de la vidéosurveillance algorithmique dans tous les lycées et trains d'Auvergne-Rhône-Alpes, profitant de l'expérimentation accordée aux Jeux olympiques de Paris.

    Actuellement 129 gares seraient surveillées par 2 300 caméras, dont les images sont visionnées en temps réel au CRST. 285 lycées, 750 cars et la totalité des rames ferroviaires seraient également équipés.

    Selon la délibération votée par le Conseil régional, l'équipement de ces caméras avec la vidéosurveillance automatisée pourra détecter huit types d'événements prédéterminés : « le non-respect du sens de circulation, le franchissement d'une zone interdite, la présence ou l'utilisation d'une arme, un départ de feu, un mouvement de foule, une personne au sol, une densité trop importante, un colis abandonné. ». Les événements seront ensuite vérifiés par un agent, qui décidera des mesures à prendre.

    L'exécutif régional promet d'utiliser cette vidéosurveillance algorithmique « sans mettre en œuvre de reconnaissance faciale, ni d'identification de données biométriques [qui permettent d'identifier une personne]. » Cependant, comme l'a très bien démontré la Quadrature du Net, la VSA implique nécessairement une identification biométrique.

    La VSA et la reconnaissance faciale reposent sur les mêmes algorithmes d'analyse d'images, la seule différence est que la première isole et reconnaît des corps, des mouvements ou des objets, lorsque la seconde détecte un visage.

    La VSA est capable de s'intéresser à des « événements » (déplacements rapides, altercations, immobilité prolongée) ou aux traits distinctifs des personnes : une silhouette, un habillement, une démarche, grâce à quoi ils peuvent isoler une personne au sein d'une foule et la suivre tout le long de son déplacement dans la ville. La VSA identifie et analyse donc en permanence des données biométriques.

    « En réalité, l'algorithme identifie des actions qui peuvent être rattachées à son auteur » (Marne Strazielle, directrice de la communication de La Quadrature du net.)

    Ce sont généralement les mêmes entreprises qui développent ces deux technologies. Par exemple, la start-up française Two-I s'est d'abord lancé dans la détection d'émotion, a voulu la tester dans les tramways niçois, avant d'expérimenter la reconnaissance faciale sur des supporters de football à Metz. Finalement, l'entreprise semble se concentrer sur la VSA et en vendre à plusieurs communes de France. La VSA est une technologie biométrique intrinsèquement dangereuse, l'accepter c'est ouvrir la voie aux pires outils de surveillance.

    « Loi J.O. : refusons la surveillance biométrique », La Quadrature du Net

    Cela fait longtemps que M. Wauquiez projette d'équiper massivement cars scolaires et inter-urbains, gares et TER d'Auvergne-Rhône-Alpes en caméras et de connecter le tout à la reconnaissance faciale.

    En juin 2023, nous avions déjà sorti un article sur le sujet, au moment de la signature d'une convention entre la région Auvergne Rhône Alpes, le préfet et la SNCF, autorisant le transfert aux forces de sécurité, des images des caméras de vidéosurveillance de 129 gares sur les quelque 350 que compte la région AURA.

    Depuis fin 2023, il demande également d'utiliser à titre expérimental des "logiciels de reconnaissance faciale" aux abords des lycées pour pouvoir identifier des personnes "suivies pour radicalisation terroriste".

    Une mesure qui a déjà été reconnue comme illégale par la justice, comme l'a rappelé le media Reporterre. En 2019 un projet de mise en place de portiques de reconnaissance faciale à l'entrée de lycées à Nice et Marseille avait été contesté par La Quadrature du net et la LDH. La Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) , qui avait déjà formulé des recommandations, a rendu à l'époque un avis qui jugeait le dispositif pas nécessaire et disproportionné.

    Mais cela qui n'arrêtera Laurent Wauquiez, celui-ci a déclaré qu'il allait demander au Premier ministre, Gabriel Attal, la permission d'élargir la loi pour couvrir les lycées et les transports régionaux...

    La CNIL, qui n'a pas été consultée par l'équipe de Laurent Wauquiez, a rappelé à Reporterre sa position de principe, qui « considère que la mise en œuvre de caméras augmentées conduit fréquemment à limiter les droits des personnes filmées ».

    Pour elle, « le déploiement de ces dispositifs dans les espaces publics, où s'exercent de nombreuses libertés individuelles (liberté d'aller et venir, d'expression, de réunion, droit de manifester, liberté de culte, etc.), présente incontestablement des risques pour les droits et libertés fondamentaux des personnes et la préservation de leur anonymat ».

    Des dizaines d'organisations, parmi lesquelles Human Rights Watch, ont adressé une lettre publique aux députés, les alertant sur le fait que les nouvelles dispositions créent un précédent inquiétant de surveillance injustifiée et disproportionnée dans les espaces publics, et menacent les droits fondamentaux, tels que le droit à la vie privée, la liberté de réunion et d'association, et le droit à la non-discrimination.

    Résistons à la VSA et à la technopolice !

    Autres sources

    Wauquiez veut surveiller les trains et lycées régionaux avec l'intelligence artificielle

    Reconnaissance faciale dans les lycées d'Auvergne-Rhône-Alpes ?

    Vidéosurveillance « augmentée » dans 129 gares d'Auvergne-Rhône-Alpes

    JO 2024 : « surveillance », médaille d'or assurée pour la France

    Wauquiez, « ses » panneaux, « ses » investissements techno-sécuritaires

  • Friday 22 March 2024 - 16:20

    Appel international par Gaza Sunbirds.
    Organisé à Saint-Étienne par un groupe de militant.e.s « Ride4Palestine ».

    Le 10 avril, nous roulons en solidarité avec la Palestine, appelant à la fin du génocide et à la fin de l'occupation.

    Ce tour fait partie de la série « Great Ride of Return » (initié par @gazasunbirds), et des milliers de personnes y ont déjà participé, dans le monde entier !

    La balade débutera devant le Stade à 15h et nous serions ravis que vous nous rejoigniez !

    Apportez votre vélo, vos drapeaux, votre keffieh, … et préparez-vous à envahir les rues de Saint-Étienne !

    Quelques consignes importantes à rappeler :

    1. Pas de haine. Aucune tolérance à l'égard d'aucune forme de discours haineux ou d'abus dans nos tours
    2. Des-escalader, ne pas rentrer en conflit, dans la mesure du possible éloigner tout le monde d'un éventuel incident
    3. Ne pas engager la discussion avec d'éventuels éléments perturbateurs, ça ne cause que des problèmes
    4. Ayez des personnes responsables de la sécurité à l'avant et à l'arrière du cortège. Assurez-vous que personne ne soit laissé en arrière
    5. Prenez votre temps et faites du bruit. Ce n'est pas une course
    6. Ne faites pas d'infraction au code de la route, nous ne serons pas en mesure de prendre en charge les frais
    7. Faites attention aux autres participant.es, nous sommes une communauté. Veillez les uns sur les autres
    8. Amusez-vous
  • Friday 22 March 2024 - 16:19

    En ce 19 mars, le siège militaire de la Crem'Arbre en est à son 34e jour

    Aujourd'hui, malgré les difficultés et la répression, c'est avant tout une victoire, construite par une action collective déterminée, qu'il s'agit de célébrer.

    En effet, alors que le chantier de l'A69 se poursuit et qu'ATOSCA fanfaronne à chaque pile de béton posée, il ne fait aucun doute que le calendrier est aux fraises. Les rumeurs internes au bitumeur parlent d'au moins un an de retard, alors que les travaux ont commencé il y a seulement 12 mois.

    La résistance face aux expropriations, les désarmements, les occupations et les blocages portent leurs fruits. La ZAD de la Crem'Arbre tient depuis quatre mois, malgré la cellule anti-ZAD de Darmanin et malgré un mois de siège. Chaque jour de blocage grippe la machine industrielle de l'artificialisation. Leurs agendas capitalo-efficacistes sont bousculés, la machine s'enraye : la lutte offre un sursis aux terres face au béton et du temps précieux aux lents tribunaux.

    À la Crem'Arbre, les zadistes des cimes, les « écureuil·les », se sont engagé.es le 15 février. Un engagement pris malgré la promesse de la répression et avec une date en ligne de mire : le 31 Mars, jour de la fin des coupes légales.
    Et la répression n'a pas manqué, le bras armé de l'État s'est pleinement déployé sur la ZAD, 8 interventions militaires depuis le 20 janvier, 34 jours de siège par les gendarmes, des dizaines d'interpellations et procès. Des camarades sont en détention provisoire ou subissent des peines de prison ferme prononcées en comparution immédiate.

    La ZAD subit un véritable « tarif ZAD », où chaque personne interpellée s'expose à des humiliations et des peines plus sévères. Des camarades en récup' poubelles ont fini en GAV avec un procès et une prise d'ADN violente sous injonction du parquet. Entre deux rayons de soleil, les gendarmes déclenchent des charges et interpellent aléatoirement des personnes venues en soutien. Chaque manifestation et rassemblement est interdit et lourdement « sécurisé ».

    Dans les arbres, un seul petit maigre ravitaillement a été possible sous une pression politico-juridique intenable pour la préfecture. Les écureuil·les subissent privations de sommeil, humiliations et interventions quotidiennes des grimpeurs de la CNAMO. 34 jours en alerte permanente, à 20m du sol, alors qu'iels en sont réduit.es à boire de l'eau sucrée/salée et manger des bourgeons de platane. Pourtant iels résistent, perché·es et non armé·es.

    Un mois à tenir bon. Cette victoire est collective. C'est le pari fou de la résistance aux moyens militaires. Ce sont des milliers de contributions multiples à cette mobilisation déterminée, ancrée sur le terrain. Ces 34 jours sont le fruit d'AG à rallonge pour affiner les dispositifs, de prises d'initiatives spontanées, de petits groupes autonomes et d'un réseau d'allié·es essentiel. C'est le refus de la naïveté face à la répression et la construction des conditions d'un véritable rapport de force.

    Depuis ces 4 mois, nous avons lutté contre les oppressions sexistes, transphobes, racistes, classistes et validistes. Nous avons combattu les tentations de personnification, l'injonction à la productivité, la moyennisation de la diversité de nos identités. Aujourd'hui après des mois d'organisation collective, une oignée d'entre nous se trouve assiégée par des centaines de gendarmes. Ce que la zad était à ses racines s'est cristalisé au niveau des cimes.

    La bataille de la Crem'Arbre est loin d'être terminée. Le décompte jusqu'au 31 Mars est lancé : Jour-11. a répression peut encore monter d'un cran, la ZAD sera mise à l'épreuve jour après jour. Chaque minute gagnée est précieuse pour la biodiversité, la lutte, la justice et tout ce que cela porte d'espoir.

    Au sol, les occupations se poursuivent, infusées par les mêmes idéaux. La Crem s'est bouturée. Si son esprit est encore bien présent dans les arbres restants, il a aussi été emporté plus loin, il voyage et est reconnu pour inventer des futurs souhaitables.

    Demain, fleuriront cabanes et villages mobiles avec le printemps des ZAD.

    D'ici là, l'État policier en déroute se ruine et rappelle chaque jour qu'en réfléchissant ensemble et hors de lui nous avons les moyens de le dépasser.

    Le peuple uni ne sera jamais vaincu.⁩

    NO MACADAM !

  • Friday 22 March 2024 - 16:17

    Radiorageuses est une nébuleuse d'émissions de radio féministes qui existe depuis une quinzaine d'années.

    Depuis quelques temps, on expérimente, on bidouille la création d'une webradiorageuses et du 1er au 31 de mars 2024, on vous propose un mois de webradio en continu !

    Vous pourrez y retrouver les émissions du réseau, en découvrir d'autres, écouter des créas sonores, de la musique, des lectures, et pleins de surprises !

    Embarquement permanent pour ce voyage radiophonique dans la webuleuse radiorageuses vers Mars féministe, sur radiorageuses.net dès le 1er mars.

    Le programme de la semaine du 18 au 24 mars : https://lite.framacalc.org/xpf1ez2h...

    Pour retrouver le programme de la semaine et écouter la webradio, rendez vous sur https://www.radiorageuses.net/spip....

    Bonne écoute !

  • Thursday 21 March 2024 - 07:14

    Nous entamons notre troisième volet de « Connaître l'extrême droite pour mieux la combattre » consacré cette fois-ci aux influenceur-euses d'extrême droite, ou du moins, ceux ou celles qui permettent de servir son propos. Dans ce premier volet, on se penche sur les cas d'Alain Soral, Papacito et Daniel Conversano et Thais d'Escuffon.

    L'extrême droite a toujours réussi, à se saisir des outils numériques afin d'y diffuser largement leurs propagandes et leurs idées reçues. Première organisation politique à se doter d'un site internet pour le RN, utilisation massive de twitter et présence d'une fachosphère imposante, diffusion massive de fake news... Quoi de plus logique aujourd'hui pour l'extrême droite que de servir sa soupe à travers les formats plus modernes que représentent les influenceur-ses.
    Youtube. Tik Tok ou encore Instagram, les médias sociaux ont émergé comme des plateformes puissantes et influentes, redéfinissant la manière dont l'information est diffusée et consommée.
    Ces prochains jours, nous verrons à travers 14 portraits et profils différents leur montée en puissance, leurs stratégies de communication, et l'impact de leurs présences en ligne.
    En analysant ces figures émergentes, nous chercherons à comprendre comment elles façonnent les discours, mobilisent leurs adeptes, et constituent aussi des business lucratifs pour eux-lles.
    Le tout en déversant un discours fascisant qui permet d'élargir toujours plus, la fenêtre d'Overton.

    ALAIN SORAL

    Alain Soral, pionnier des youtubeurs d'extrême droite, a réussi à émerger comme la nouvelle figure de la « rébellion » en moins de dix ans. De la frange néo-nazie aux jeunes des quartiers populaires, il a attiré de nombreux adeptes avec des discours bancals et une pertinence douteuse.

    Sous prétexte de construire une « unité nationale entre toutes les catégories sociales françaises », comme proclamé sur le site de son association « Égalité et Réconciliation », Soral dissimule sa véritable nature. Derrière le masque d'un prétendu révolutionnaire nationaliste « anti-capitaliste », se cache un charlatan aux discours antisémites, islamophobes, racistes, patriarcaux et populistes, dépourvus, en plus, d'une analyse de classe dans sa réflexion prétendument « anti-système ».

    Sa principale force a résidé dans la création d'un auditoire au sein des quartiers populaires, exploité à travers les crises identitaires et politiques générées par le système capitaliste. L'État qui, à grand renfort de politiques libérales, a abandonné et stigmatisé les habitant·e·s des quartiers populaires, a permis à Alain Soral d'exploiter une colère légitime et de s'en créer un fond de commerce en prônant l'égalité tout en instrumentalisant la lutte pour la Palestine afin de rallier les jeunes issus de l'immigration.
    Cela ne l'a pas empêché de maintenir des positions suprémacistes françaises, clamant la nécessité de préserver la « condition française » contre « l'arrivée des nouveaux arrivants ». Sur son site, il n' hésite pas à légitimer régulièrement la notion de « Français de pure souche », balayant donc toute aspiration à l'égalité. Soral est conscient de ces contradictions mais l'essentiel est ailleurs : en conquérant le cœur des jeunes de banlieue, il réussit le tour de force de neutraliser une force de contestation populaire pour se l'approprier en y imprimant sa marque idéologique.
    Cependant, derrière cette façade de « figure » politique se cache un véritable entrepreneur qui a exploité les mêmes stratégies qu'il prétend combattre pour étendre son empire. La création d'Égalité & Réconciliation lui a servi de vitrine afin de promouvoir son imposture idéologique et de commercialiser ses produits, tout en développant sa propre marque à travers des boutiques et une maison d'édition. « Au bon Sens » magasin bio , « Instinct de Survie » boutique survivaliste surfant sur la nouvelle mode de l'extrême droite ou encore « Kontre Kulture », la plus célèbre des firmes d'Alain Soral, maison d'édition obscure qui lui permet de diffuser son fourre-tout idéologique à travers la vente de différents ouvrages .

    L'entreprise « Culture pour tous », dont Soral détient 80%, est la force motrice derrière ses multiples activités commerciales. Cette SARL, créée en 2011, a contribué à faire de lui un millionnaire, réalisant un chiffre d'affaires remarquable en 2014.

    L'année dérnière, StreetPress a mené une enquête approfondie sur les comptes de l'ensemble des entreprises et associations liées à Alain Soral, exposant une structure financière complexe et opaque. Les documents analysés détaillent le contrôle exercé par Soral sur diverses entités, notamment Égalité & Réconciliation (E&R), Culture pour Tous, Kontre Kulture, Au Bon Sens, et Prenons le maquis.

    Les revenus d'Alain Soral, examinés dans l'article, comprennent des salaires, des droits d'auteur, et des virements mystérieux depuis des comptes suisses. L'article soulève des questions sur la nature des activités financières de Soral, mettant en lumière l'opacité et les ramifications financières de son empire commercial.

    La popularité d'Alain Soral et son autoproclamation en tant que « Chef des Dissidents » masquent essentiellement sa compétence à exploiter les vulnérabilités du système qu'il critique, transformant ainsi ces attaques en une source lucrative. Son image soigneusement construite s'avère être une imposture, reposant principalement sur du sexisme, du racisme, des mensonges et des mythes problématiques.

    Source :
    https://www.streetpress.com/sujet/1680092832-alain-soral-leaks-comptes-bancaires-societes-associations-buisness-fachosphere-complotisme
    Le Système Soral - Robin D'Angelo , Mathieu Molard

    PAPACITO

    Papacito ne dissimule en aucun cas ses idéaux plus qu'assumés, puisqu'il qualifie de “méga méga méga fasciste” son propre comportement dans l'une de ses vidéos.
    On ne compte plus le nombre de polémiques et d'accusations toujours plus révélatrices de la haine qu'il alimente : homophobie, racisme, sexisme, islamophobie...
    Inutile de préciser qu'il affiche un soutien clair à Zemmour et Le pen pour les présidentielles de 2022, dont le premier le qualifiera d'ailleurs de "sympathique".
    Profondément anti-républicain – système qui serait selon lui manipulé par les francs-maçons –, son positionnement monarchiste devient la cerise sur un gâteau dont la date de péremption des ingrédients remonte aux années 1930.

    De son vrai nom Ugo Gil Jimenez, il est un militant toulousain d'extrême droite de 37 ans.
    Aussi étonnant que cela puisse paraître, Papacito fait ses début dans la politique au PCF d' Arcueil, bercé dans une famille militante anarchiste qui s'opposèrent à Franco pendant la dictature espagnole. Il ne suit pas la voie politique de ses parents, il considérera même plus tard avoir “pris conscience (sic) du monde qui l'entoure”.
    Il vire de bord après des études en sociologie qui l'ont profondément déçu, dispensées dans des facultés prétendument symboles du “creuset de la gauche”.
    Il se fait connaître sur internet à travers un blog, les “FDP de la mode”, puis par des bandes dessinées et quelques publications. Mais sa popularité explose lors de la sortie d'une certaine vidéo en juin 2019...

    Papacito doit en effet sa popularité à une de ses vidéos ayant buzzé, dans laquelle il tire à balle réelle sur des mannequins représentant des “gauchistes”.
    L'objectif est clair et atteint : provoquer l'extrême gauche pour se faire connaître.
    Cette vidéo-buzz est une successions de phrases et d'actions qui pourraient chacune faire polémique, tout en faisant l'apologie de la violence fasciste et des armes à feu.
    Après une viralité aussi effective qu'inquiétante, la vidéo se fait supprimer par Youtube quelques jours plus tard alors que celle-ci venait de dépasser les 100 000 vues .

    Mais ce n'est pas la dernière fois qu'internet entend parler de lui : entre novembre 2022 et mai 2023, il publie une suite de vidéos en soutien à Pierre Guillaume Mercadal, un éleveur porcin du Tarn-et-Garonne, qui était en conflit avec le maire de la commune, Christian Eurgal, qui avait autorisé l'accès d'un chemin à un Lord anglais appartenant à l'origine à Mercadal. Il suffit de lire les chefs d'accusations pour comprendre la violence des paroles diffusées dans la vidéo qui va à l'encontre du maire : "provocation à la haine en raison de l'origine", "injures publiques en raison de l'orientation sexuelle", et "provocation non suivie d'effet à une atteinte volontaire à la vie aggravée", sans oublier la vague de cyberharcèlement subie par le maire de la ville.

    Aujourd'hui, Jimenez perpétue son activité sur son compte Instagram @ugojiljimenez où il continue sa propagande d'extrême droite (cagnotte pour Israël, prosélytisme...), suivi par 123000 personnes. Il est encore fréquemment mentionné ou invité chez d'autres youtubeurs d'extrême droite : Psyhodelik, GEORGES, le Hussard...)

    Il n'y a plus qu'à espérer qu'à l'issue du procès qui l'attend ce 28 février 2024 pour provocation à la haine (vis-à-vis de l'affaire du maire de Montjois) le jugement lui soit défavorable et qu'internet et la société en générale soient libérées un moment de ce néo-fasciste.

    DANIEL CONVERSANO

    Daniel Conversano s'est hissé sur le devant de la scène lors de l'avènement de Dieudonné et de son mouvement Egalité et Réconciliation.
    Il a gagné rapidement les faveurs de ce dernier, travaillant à ses côtés au théâtre de la Main d'or et contribuant à la réalisation de deux de ses longs métrages, "L'antisémite" et "Métastases".
    Issu d'une famille de militant·e·s du Front National, il a débuté son parcours politique comme colleur d'affiches et en soutenant le parti lors de différentes élections.
    Sa notoriété a connu une ascension fulgurante lors du prétendu débat de réconciliation orchestré par Dieudonné en 2016 sur sa chaîne "niveau zéro".
    C'est à ce moment qu'Alain Soral, dans un simulacre de conflit visant évidemment à se réhabiliter, l'a agressé sous prétexte de défendre les "musulmans patriotes" après les déclarations racistes de Conversano qui affirmait que "les Français en ont marre des Arabes".
    Conversano, partisan de la différenciation raciale, assume ouvertement son suprémacisme blanc en parlant d'ailleurs de « bougnoulisation (sic) » de la France, plaçant l'identité raciale au-dessus de tout. Ouvertement néo-nazi en début de carrière, il se proclame aujourd'hui raciste et racialiste.
    Son parcours médiatique est jalonné de chaînes et de vidéos toutes plus racistes les unes que les autres. Allant même préférer Marine Le Pen à Zemmour pour sa blanchité : « Je préférerais que Marine Le Pen ait le talent d'Eric Zemmour, parce que Marine Le Pen, elle est vraiment française » . Daniel Conversano est tellement radical qu'il estime que des personnalités comme Papacito ou Julien Rochedy sont bien trop à gauche pour « le milieu de la dissidence française. »
    Médias :
    Il a commencé avec l'émission "Vive l'Europe" sur YouTube, puis a créé sa propre chaîne, initialement appelée "Savuelos", qu'il a rebaptisée "Les Braves" en 2019.
    Au fur et à mesure des années, Conversano a étendu son réseau en interviewant et en invitant des figures notoires de la mouvance fasciste française de Jean Marie Le Pen à Serge Ayoub, contribuant ainsi à la diffusion et à la légitimation des idées d'extrême droite en France et en Roumanie ou il s'est expatrié depuis 2018.
    En plus de ces activités fascisante sur le net, Conversano à décider de se convertir dans un autre type de business, aussi nauséabond que ses idées : il est désormais à la tête d'un prétendu "site de rencontre" qui cherche à mettre en lien des jeunes blancs nationalistes et des jeunes femmes issus des Pays de l'Est. (batirunfoyer.com).

    THAÏS D'ESCUFFON

    Issue d'une famille Noble et originaire de la région toulousaine, de son vrai nom Anne-Thaïs du Tertre d'Escoeuffant, Thaïs d'Escuffon est une militante identitaire supremaciste blanche dont le discours s'est aujourd'hui recentré sur une ligne antifeministe, masculiniste, tradwife.

    Elle est issue de « Génération Identitaire », dont elle a assuré le porte-parolat entre 2019 et 2021 par la diffusion, sur les plateaux de médias d'extrême droite ou non, des thèses racistes de son organisation. Parmi celles-ci, on peut notamment citer cette théorie raciste teintée de féminisme : « Le principal danger pour les femmes, ce sont les hommes immigrés africains, noirs et arabes ! ». Elle s'est fait connaître suite à l'action d'agitprop (déploiement d'une banderole "Justice pour les victimes du racisme anti-blancs") qu'elle a menée en marge d'un rassemblement massif antiraciste à l'appel du comité Adama dans le sillon du meurtre de Georges Floyd au État Unis par Derek Chauvin.
    À l'époque, l'action indigne d'autant plus que les militant•es de GI publient une photo d'elleux tout sourire à l'intérieur du fourgon de police les ayant interpellé·es, suggérant une totale impunité face à la police.

    Elle a également été poursuivie pour provocation à la haine raciale dans le cadre des actions anti migrants de GI dans le col des Pyrénées. Initialement condamnée en 2021, elle a ensuite été relaxée en 2022, mais a par ailleurs été condamnée à huit mois de sursis pour l'envahissement par GI des locaux de SOS Méditerranée.

    C'est après la dissolution de GI que Thaïs d'Escufon s'investit d'avantage dans sa carrière d'influenceuse. Sur sa chaîne YouTube, elle déploie une ligne antiféministe, appelant les femmes à embrasser leur féminité traditionnelle (le mouvement tradwife), souhaitant l'émergence d'hommes forts, et prônant un discours rétrograde sur les relations hommes femmes, les violences sexistes et sexuelle normées, tout en assumant des positions racistes et transphobes. À travers son contenu, elle flatte un public masculin d'INCEL (acronyme anglais pour célibataire involontaire), cible privilégiée de l'extrême droite en raison de la porosité idéologique de ce milieu. En effet, de nombreux terroristes masculinistes ont assassiné des femmes en se revendiquant de l'idéologie incel, notamment aux État Unis, au Canada et en Allemagne. Ce discours misogyne porté par Thaïs d'Escufon alimente une tendance étayée par l'études Gallup sur les jeunes de moins de 30 ans aux États Unis, en Allemagne et en Corée, laissant entrevoir un plus grand conservatisme chez les jeunes hommes face à des jeunes femmes plus progressistes.

    In fine, Thaïs d'Escuffon n'est rien d'autre que l'alter féminine et présentable de nombreux discours masculinistes et racistes déjà développés par d'autres. Elle joue sur l'image de fragilité et d'innocence des femmes blanches, historiquement instrumentalisées pour servir les politiques racistes, mais aussi sur une dévalorisation répétée de toute femme n'étant pas soumise à un homme, dans un discours franchement réactionnaire. Elle s'est aujourd'hui enfermée dans la régurgitation idéologique de prêt-à-penser masculinistes et racistes à un public d'hommes qui la fantasment autant qu'il la méprisent, tous ça pour écraser les non blancs, les femmes et les minorités de genre.

    Sources :
    Génération Z un écart idéologique hommes-femmes ? - Agence science presse - 29/01/2024 Avenirhttps://www.sciencepresse.qc.ca/actualite/2024/01/29/generation-z-ecart-ideologique-homme-femme

    le virage « TradWife » de Thaïs d'Escufon - StreetPress - 26/10/2023
    https://www.streetpress.com/sujet/1698245233-virage-tradwife-thais-descufon-incel-youtube

    Thaïs d'Escufon - Wikipedia
    https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Thaïs_d%27Escufon

    The incels | Contrapoints (Anglais)

  • Thursday 21 March 2024 - 07:13

    Rassemblement et manifestation dimanche 24 mars à 14h, place du marché. Quartier Montreynaud à Saint-Étienne.

  • Thursday 21 March 2024 - 07:13

    Jamais dans la tendance, toujours dans la bonne direction ! Le 19 mars 2024, Saint-Étienne a su rappeler, en verts et contre tous, ses origines cosmopolites, ouvrières et solidaires en déployant deux drapeaux géants symbolisant ses luttes anticoloniales d'hier et d'aujourd'hui !

    Il y a 62 ans, le cessez-le-feu était appliqué en Algérie, marquant un tournant décisif vers la victoire de la révolution nationale algérienne. À Saint-Étienne, ville ouvrière qui fut l'un des bastions du Front de Libération Nationale (FLN) en France, Français-es et Immigré-es se sont mobilisés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale pour revendiquer le droit à l'autodétermination. Pendant les 8 années de la révolution nationale, ils ont dénoncé les massacres, les actes de torture et les coups d'État de l'extrême droite, qui agissait avec la complicité de l'armée française, et ont soutenu les révolutionnaires (qui était aussi leurs collèges, voisins, amis) arrêtés et internés dans des camps en France.

    Aujourd'hui, Saint-Étienne réaffirme qu'elle est toujours une ville anticoloniale et se mobilise pour soutenir la lutte pour l'autodétermination du peuple palestinien.

    L'Algérie a vaincu, la Palestine vaincra !

    Les deux drapeaux géants posés sur le crassier Michon ont été retirés le mercredi 20 mars en début d'après-midi.

  • Thursday 21 March 2024 - 07:12

    Dans le cadre de Mars pour la Palestine, BDS 42 invite Soheir Asaad pour discuter de la situation des palestinien•nes de 48, et discuter de la façon dont ils et elles s'engagent contre le génocide à Gaza et l'occupation de la Cisjordanie.
    Mercredi 27 mars à 17h30 à la Cale (amicale du Crêt-de-Roch).

    Publié sur la page de BDS 42

  • Wednesday 20 March 2024 - 20:06

    Parce qu'à l'heure de la fin de la trêve hivernale, personne n'est à l'abri, exigeons un logement digne pour tout le monde et la réquisition des logements vacants pour les nombreuses personnes et familles à la rue.

    A ce jour, plus de 200 personnes appellent chaque jour le 115 sans avoir de solution, une centaine est à la rue, dont une cinquantaine d'enfants, malgré la solidarité des citoyen.nes qui en hébergent plus de 700 dans le département.

    Face à l'inaction de la préfecture, cet hiver, Emmaüs a financé et assuré l'ouverture de l'église de la Marandinière, où sont hébergées une centaine de personnes.

    Le 31 mars, à la fin de la trêve hivernale, l'église va fermer, et ce sont plus de 200 personnes qui se retrouveront à la rue. Or, dans la métropole de Saint-Étienne, ce sont plus que 10000 logements qui sont vacants, dont de nombreux logements sociaux.

    Parce que cette situation est inacceptable, rendez-vous mercredi 27 février 2024 à 15h, place Jean Jaurès, pour un rassemblement action. Nous exigeons la mise à disposition des logements sociaux vacants sur la métropole :

    ► parce que l'accès au logement est un droit fondamental, inscrit dans la déclaration universelle des droits humains. Nous exigeons le respect du droit à un abri décent pour chaque individu.
    ► parce que l'engorgement des dispositifs d'hébergement d'urgence est en partie du au manque de logements sociaux, manque d'autant plus scandaleux qu'un nombre important de ceux-ci est vide.
    ► parce que ces adultes et ces enfants méritent d'être traité.e.s avec respect, considération et dignité, indépendamment de leur situation actuelle.
    ► parce que l'accès à un logement stable favorise l'insertion sociale, l'épanouissement et la santé des personnes, parce qu'il contribue à la diminution de la criminalité et de l'insécurité.
    ► parce que laisser des logements vides, à l'abandon, a un coût écologique et économique considérables, à l'heure où nous cherchons à vivre de manière plus « durable. »

  • Tuesday 19 March 2024 - 21:51

    Un blog (zbeul2024.noblogs.org) et un compte twitter (@Zbeul2024) serviront à relayer des initiatives de zbeul antiJO, que ce soit là où se dérouleront les épreuves comme n'importe où ailleurs !

    Bientôt c'est les JO, et on compte bien perturber la messe sans attendre la cérémonie d'ouverture ! Alors on appelle tous-tes celle-ux qui sont plus partisan-nes du feu de joie que de la flamme olympique à prendre part aux jeux du zbeul 2024. Des jeux sans médailles ni podiums, sans gagnants ni perdants, sans drapeaux ni logos d'entreprises, des jeux gratuits, inventifs et revanchards, auxquels peuvent participer dès maintenant tous-tes celle-ux qui souhaitent envoyer valser le monde qu'incarnent les JO. Le principe est simple : d'où qu'il provienne, peu importe l'art et la manière, chaque geste compte ! Que ce soit par des arrachés de drapeau national partout où il se trouve, le chapardage des mascottes présentes dans toutes les grandes surfaces, la traque des sponsors des JO présents en france ou à l'étranger, l'envahissement des boutiques des JO présentes dans de nombreuses grandes villes de france, la perturbation du passage de la flamme olympique par les professionnel-les de la flemme olympique, tous les coups sont permis !

    Tant que certains auront des intérêts à la guerre ici et ailleurs, nous seront ravis de venir casser la vitrine consensuelle et pacifiste de l'unité des JO. Parce qu'on rêve d'un monde sans frontières et de mettre à bas le racisme et toute forme de discrimination, la compétition qui renforce le nationalisme nous inspire plus de rage que de fierté. Parce que nous souhaitons mettre à mal l'autorité sous toutes ses formes et reprendre le contrôle de nos vies hors du chemin de l'optimisation technologique des corps, l'entraînement à la compétition sportive tel que pratiqué pour les JO nous dégoûte. Parce que, de Paris à Rio et d'Athènes à Tokyo, il y a déjà bien trop de flics dans nos quartiers, de caméras à nos coins de rues, de QRcodes et de portails sécurisés, donnons-nous les moyens d'agir contre les jeux olympiques, de nuit ou de jour, à 3, 300, 3000, ou qui sait, à des millions !

    On a tous-tes une raison de détester les JO. Ici ou ailleurs, l'événement olympique aux grands airs de fête nationale n'est qu'un prétexte pour prolonger les logiques sécuritaires pendant que chaque État représenté s'attache à réprimer salement toute révolte sociale. Ici ou ailleurs, les JO sont un moyen pour de grandes entreprises qui débordent déjà de pognon de s'engraisser encore plus pendant qu'on galère au quotidien sous le poids du travail, de l'inflation, de la crise du logement, des violences systémiques patriarcales, racistes, classistes et validistes. Chaque geste de révolte contre l'ordre établi est significatif. Pubs, chantiers, entreprises sponsors, les JO sont partout, nous aussi. Contre les JO et le monde qui les rend possible, laissons éclater nos rages, faisons fleurir les sabotages !

    Beaucoup n'ont pas attendu 2024 pour s'opposer aux JO, et plusieurs autres propositions de zbeulage ont fleurit ces derniers temps, l'idée c'est de continuer de tenter ensemble de gâcher leur fête avant même qu'elle commence ! Un blog (zbeul2024.noblogs.org) et un compte twitter (@Zbeul2024) serviront à relayer des initiatives de zbeul antiJO, que ce soit là où se dérouleront les épreuves (Paris, Tahiti, Châteauroux, Marseille, Lille, Bordeaux, Lyon, Nantes, Nice, Saint-Étienne) comme n'importe où ailleurs, alors n'hésitez pas à transmettre textes et images de vos œuvres via Twitter ou à l'adresse zbeul2024[at]riseup[point]net !

  • Tuesday 19 March 2024 - 21:50

    Un immeuble d'habitation, conçu et géré par ses habitant·es.
    Un immeuble qui prend la forme d'une coopérative d'habitant·es.
    Un immeuble de dix logements en mixité sociale avec une large diversité de loyers.
    Un immeuble accessible pour inviter chez soi son entourage et vivre en mixité générationnelle.
    Un immeuble où il est possible de partager des moments conviviaux avec ses voisin·es du quartier ou de plus loin, grâce à des espaces communs.

    Notre immeuble coopératif, conçu et géré par ses habitant·es, soutenu par les collectivités territoriales et accompagné par des partenaires engagés, est ambitieux. Ce projet, bien que répondant à de réels besoins du territoire et ancré dans une longue tradition de projets fonciers coopératifs, est un travail de longue haleine. Le montage complexe, justifié par des convictions fortes qu'une autre façon d'habiter nos villes est possible, se concrétise peu à peu.

    Aujourd'hui, après cinq années d'aventure collective, nous entrons dans une phase de concrétisation réelle de ce lieu singulier. Un coup de main, votre engagement dans de l'épargne solidaire, un relais de communication, du soutien moral, à ce stade, chaque soutien va compter !
    Notre collectif est aussi ouvert à de nouveaux foyers qui cherchent à s'installer. Si, comme nous, vous pensez qu'il est possible d'imaginer des espaces de vie dignes pour chacun·e et qui s'inscrivent dans la nécessaire transition écologique et sociale, rejoignez l'aventure !
    Alors venez nous rencontrer dimanche 24 mars 2024, à 11h au 20 rue Descours !

    Qui sommes-nous ?

    Un groupe d'habitant·es à Saint-Étienne, d'horizons sociaux et professionnels divers, réuni autour de valeurs et d'envies communes pour créer une coopérative d'habitant-es.

    Une association, Rhizomes Habitat structurée en trois cercles
    • le cercle des futur·es habitant·es avec un logement identifié ou cercle 1
    • le cercle des personnes intéressé·es pour intégrer un logement en cas de départ ou cercle 2
    • le cercle des sympathisant·es et soutiens

    Un projet accompagné depuis 2019 par Carole Samuel, accompagnatrice professionnelle de projets d'habitat participatif

    Un montage ambitieux

    Un montage en co-maîtrise d'ouvrage a été retenu avec un partenaire dont nous partageons les valeurs, NEMA LOVÉ, promoteur social. En voici les grands principes :

    • le foncier est acquis par la coopérative d'habitant·es
    • la coopérative porte la maîtrise d'ouvrage de six logements et des espaces communs
    • la coopérative cède pour une durée déterminée – plusieurs décennies - par un bail à réhabilitation quatre logements qui seront occupés par des habitant·es dont les revenus sont en-dessous des seuils PLAI
    • les autres sont loués par nous, dans un esprit de participation à la hauteur des capacités

    À l'issue du bail à réhabilitation, chaque habitant·e a alors le même statut : sociétaire et locataire !

    Une coopérative d'habitant·es

    La coopérative d'habitant·es permet de décider de l'usage et de l'organisation de son lieu de vie, sans pour autant être propriétaire de manière individuelle de son logement. Elle permet d'accéder à une propriété d'usage et ne participe pas à la spéculation immobilière. Elle offre les moyens de la solidarité entre habitant·es, tout en préservant l'intimité de chacun·e.

    La propriété est collective, chaque sociétaire détient des parts sociales. Il existe plusieurs types de parts sociales, des parts destinées aux habitant·es et des parts destinées à l'épargne solidaire.

    Tous.tes les habitant·es doivent prendre au moins une part. Chaque habitant·e, quel que soit le nombre de parts souscrites, a droit de participer aux délibérations et une voix dans les votes.

    Les épargnant·es solidaires peuvent être des personnes morales ou physiques, leur avis est consultatif, s'ils ou elles le souhaitent. L'épargne solidaire permet aux associé·es de donner un sens à leur argent en participant à un projet immobilier ambitieux et qui inventent d'autres modèles de vie dans la cité. L'épargne n'est pas rémunérée, pour lutter contre le phénomène de spéculation immobilière. Les parts peuvent être revendues au prix d'achat après un engagement minimum de cinq ans (et dans la mesure où ça ne met pas en péril le projet).

    Le montage s'inscrit dans le temps long et garanti une pérennité du fonctionnement. L'absence de plus-value, lors de la cession de parts, est garantie par la présence parmi les associé·es, de partenaires dont l'objectif est de lutter contre la spéculation immobilière, par exemple HABICOOP.

    Les habitant·es sont locataires de la coopérative d'habitant·es selon un bail 1989 ; les redevances perçues par la coopérative permettent de rembourser les prêts contractés, de provisionner l'entretien et les travaux à venir ainsi que de payer les impôts. Elles permettent également de constituer une trésorerie pour faire face au départ d'associé·es et aux imprévus.

    Alors, on vous attends nombreux et nombreuses pour concrétiser des valeurs ambitieuses dans un projet concret, pourquoi pas vous ?

  • Monday 18 March 2024 - 10:41

    Le communiqué intersyndical est reproduit ci-dessous.

    Les organisations syndicales de la fonction publique CFDT, CFE-CGC, CGT, FA, FO, FSU, Solidaires, UNSA constatent et condamnent l'absence de toute perspective de mesures générales d'augmentation des rémunérations dans la fonction publique dans un contexte d'inflation encore soutenue.
    Il est urgent d'ouvrir sans délai des négociations pour améliorer les carrières et prendre des mesures générales pour les salaires, notamment en revalorisant le point d'indice, dans une situation d'effondrement du niveau des rémunérations des agent·es public.que.s.

    Pour l'égalité salariale et professionnelle, la journée internationale de lutte pour les droits des femmes du 8 mars a été une étape importante avec de fortes mobilisations dans l'ensemble du territoire.

    Loin de répondre sur la question des rémunérations et des conditions de travail, le président de la République a réaffirmé la mise en perspective d'une loi, qu'il qualifie « d'historique », pour la fonction publique visant selon lui à mieux reconnaître le « mérite ».

    Quelques semaines plus tard, il ajoute un plan de 10 milliards d'économies pour les ministères et les agent·es qui mettent en œuvre les politiques publiques. Les organisations syndicales dénoncent ces décisions, tant sur le fond que sur la forme. Les agentes et les agents ne sont pas dans l'attente du « mérite » mais d'une rémunération qui leur permette de vivre dignement de leur travail et qui soit prise en compte pour le calcul de leurs pensions. Elles et ils sont aussi dans l'attente des moyens pour accomplir les missions qui sont les leurs, dans de bonnes conditions, y compris dans l'intérêt des usagers·ères.

    Pour mettre un terme à la spirale de stigmatisation et de dévalorisation de l'ensemble des personnels de la fonction publique et refuser de subir une année blanche en matière salariale, les organisations syndicales CFDT, CFE-CGC, CGT, FO, FSU, Solidaires, UNSA de la Loire décident d'une journée de mobilisation le 19 mars prochain et les appellent à se mobiliser par tous moyens y compris la grève.

    Dans la Loire, les organisations appellent à 2 manifestations :

    • St-Etienne : Manifestation départ 10h30 Bourse du Travail jusqu'à la place de l'Hôtel-de-Ville
    • Roanne : Rassemblement 10h30 devant la Sous-Préfecture
  • Monday 18 March 2024 - 00:30

    Le 18 mars 1871, le gouvernement d'Adolphe Thiers tente de désarmer la Garde nationale et les parisiens prennent le contrôle des canons de la butte Montmartre. L'événement qui aurait pu être anecdotique se transforme en une révolution qui durera deux mois et marquera l'Histoire.

    Le 18 mars 1871

    À trois heures du matin, l'armée de la République française, sous les ordres d'Adolphe Thiers, rentre dans Paris. Son objectif est clair : prendre le contrôle des canons parisiens sous les ordres de la Garde nationale. Ils avaient été fondus durant le siège de Paris (17 septembre 1870 au 26 janvier 1871) pour lutter contre l'invasion prussienne. Financés avec les deniers du peuple de Paris, ils étaient alors sous le commandement de la Garde nationale (force armée locale composée essentiellement de parisiens, organisée en quartier et élisant ces officiers).

    C'était la troisième tentative du gouvernement (après celles du 8 et 16 mars), pour reprendre le contrôle de cette puissance de feu qui menaçait son autorité. Paris était alors en pleine ébullition après la défaite lors de la guerre franco-prusienne (1870-1871) et plusieurs décisions économiques en défaveur des petits artisans et commerçants.

    A 6h du matin, les troupes du général Claude Lecomte s'emparent des canons de Montmartre avec succès, blessant mortellement l'une des sentinelles (le Garde national Turpin) dans l'opération. Mais les attelages prévus pour emporter les pièces d'artillerie se font attendre ... Alarmés, les Gardes nationaux et la population accourent et encerclent le 88e régiment d'infanterie. Les femmes, parmi lesquelles Louise Michel, haranguent les soldats, et la foule se fait de plus en plus hostile. A 8 heures, se sentant menacé, le général Lecomte prend une décision qui provoquera une suite d'événements qui finira par lui coûter la vie. Il commande à trois reprises à ses hommes de tirer dans la foule. Mais sous les ordres du sergent Verdaguer, son sous-officier, les soldats mettent crosses en l'air puis fraternisent avec le peuple. L'intervention militaire se mue alors en insurrection.

    La suite à lire sur rebellyon.info

  • Saturday 16 March 2024 - 18:47

    À partir de notre ignorance commune, le ciné-club révolutionnaire vous propose d'interroger, par le visionnage d'une pluralité d'images en mouvement, la place de 1917 en Europe dans l'histoire des processus révolutionnaires.

    Gratuit et accessible à tous·tes !

    Cette séance se terminera par un moment convivial afin de prolonger les débats.

    Jeudi 4 avril 2024 à 18h30
    À la cinémathèque de Saint-Étienne
    20 Rue Jo Gouttebarge, 42000 Saint-Étienne
    Gratuit

  • Saturday 16 March 2024 - 18:45

    Le 1er avril 2023, nous étions mille à manifester à Crolles contre l'accaparement des ressources par les industriels de l'électronique et l'agrandissement du géant STMicroelectronics, qui produit des puces électroniques. Aujourd'hui c'est sa voisine Soitec qui veut s'agrandir, pour fabriquer des semi-conducteurs pour batteries de voitures électriques.
    Accaparement de l'eau à l'heure des sécheresses à répétition, rejet de produits chimiques, consommation électrique délirante, le tout pour la production d'objets connectés et pour l'armement : ces projets d'agrandissements d'usines promettent un désastre environnemental.

    PROGRAMME

    Vendredi 5 Avril : Conférences à Grenoble (14h-23h Salle rouge & La Capsule)
    OBSARM - "Grenoble et l'industrie de l'armement"
    Quadrature du Net
    "Détricotage des liens entre ST et le CEA"
    Repas
    François Jarrige & STopMicro - "L'accaparement de l'eau aux sources du capitalisme industriel"

    Samedi 6 avril : Repas et Manifestation à Grenoble (12h - Parc Paul Mistral)
    Grande manifestation contre les industries de l'électronique, leurs nuisances et leur projet politique de "vie connectée". Venez avec vos enfants, vos slogans et vos déguisements de poisson. Dress code : vêtements bleus.

    Dimanche 7 avril : Rassemblement et débat à Crolles (12h-16h30 - Parc Jean-Claude Paturel)
    Repas
    "Visite guidée du Mordor" (Office de Promotion de l'Avenir )
    Discussion "Quel avenir pour le Grésivaudan ?" (Grignon, Luttes Paysannes du Grésivaudan, GRENE, Coverso, Domène 2050, Le Rif, sous réserve).
    Table ronde "Le numérique à l'assaut de l'agriculture" (Atelier Paysan, Faucheurs volontaires, Confédération Paysanne Isère, Nature et Progrès Isère/Savoie)
    Atelier et contes pour les enfants
    Remise des prix des Grenoble Greenwashing Trophies 2024
    Discours & (petit) concert de clôture

    APPEL

    Une consommation d'eau potable délirante

    Le secteur de la microélectronique est très gourmand en eau : il faut 1700 litres pour rincer une seule plaquette de silicium. L'été, quand les particuliers n'ont plus le droit d'arroser leur potager, ST et Soitec continuent d'engloutir l'eau potable du réseau. Leur consommation, en constante augmentation, va encore monter avec les extensions : après son agrandissement, ST prévoit de consommer 21 500 m³ d'eau potable par jour, soit 249 litres par seconde, une augmentation de 190 % par rapport à 2021 (chiffres MRAE).

    Le numérique pollue nos rivières

    Les « 60% de recyclage » annoncés par l'industriel ne diminuent pas sa consommation d'eau, car il n'y a pas de recyclage chez STMicroelectronics, juste une « réutilisation » de l'eau qui sert à la climatisation des salles (25% de sa consommation).
    Pour les 75% restants, l'eau potable en entrée ressort chargée des produits hautement toxiques que l'usine utilise à hauteur de 20 000 tonnes par an : ammoniac, chlore, hexafluorure, phosphore, azote, cuivre… L'eau qu'elle souille est retraitée par sa station de traitement puis rejetée dans l'Isère. Par exemple, pour l'azote, ST est autorisé à déverser l'équivalent d'une ville de 53 000 habitants qui ne traiterait pas ses rejets. ST et Soitec doivent cesser de polluer l'Isère !

    Démocratie : le compte n'y est pas

    Ces agrandissements d'usines se font dans un véritable déni de démocratie. L'enquête publique pour l'exploitation du site de Crolles a eu lieu alors que les travaux de la première tranche étaient presque achevés. Les gendarmes ont relevé les plaques des voitures de tous les participant-es à la deuxième réunion de l'enquête publique. Cette situation témoigne de la façon dont fonctionnent nos sociétés industrielles : plus la technologie est complexe, moins les populations ont de pouvoir sur leurs vies.
    L'électronique au service de l'armée

    Les semi-conducteurs de ST équipent les drones kamikazes KUB-BLA de l'armée russe, et ST est un acteur majeur en semi-conducteurs de la défense. C'est vrai aussi de Soitec, qui participe de longue date à l'industrie de l'armement. La technologie SOI a été créée par le CEA pour disposer de composants adaptés au nucléaire militaire. Championnes de la « death.augmented », ST et Soitec sont complices des guerres et de la menace nucléaire. Leurs activités reposent sur la mort et la destruction : elles sont immorales.

    Une fabrique de gadgets

    Les puces fabriquées dans le Grésivaudan sont utilisées dans des machines à gazon automatiques, dans des bouteilles d'eau connectées, par le réseau de satellites Starlink d'Elon Musk ou dans les smartphones (Google Pixel 7 par exemple). Les batteries des voitures électriques sont également très demandeuses en semi-conducteurs. Mais avons-nous vraiment besoin de tout cela ?
    Pour notre part, nous refusons le monde connecté, l'« internet des objets » et la « life.augmented » Nous voulons une société avec plus d'humain et moins de numérique, une société où l'on ne soit obligé d'utiliser des outils extrêmement perfectionnés pour chaque acte du quotidien.

    Des subventions publiques pour des profits privés

    Entreprise « franco-italienne », STMicroelectronics a son siège en Suisse et paye ses impôts aux Pays-Bas, le 4e paradis fiscal au monde. C'est néanmoins l'État français qui finance l'agrandissement à hauteur de 2,9 milliards d'euros (soit 2,9 millions d'euros par emploi créé). Ce budget est provisionné dans le volet semi-conducteurs de France 2030 (5,5 milliards d'euros), lui-même inclus dans le European Chips Act, un plan européen qui veut augmenter drastiquement la production de puces en Europe.
    La « souveraineté industrielle » est un mensonge
    Les nouvelles usines de ST et Soitec auraient soi-disant pour but de rendre l'Europe « souveraine » en puces électroniques. En réalité, comme on consomme de plus en plus de puces (+15 % par an), les usines du Grésivaudan ne vont pas remplacer des usines en Asie mais s'y ajouter. Et de quelle souveraineté parle-t-on quand on sait que 95% de la production mondiale des métaux rares utilisés pour la fabrication des puces vient de Chine ? La meilleure façon de ne pas dépendre des usines asiatiques est d'utiliser moins d'électronique. Cela passe par reconquérir notre autonomie face au mode de vie industriel et connecté qu'on nous impose, face au pouvoir des multinationales.

    Le numérique est anti-écologique

    On entend souvent que le numérique participerait à se passer de pétrole et à « construire un monde bas-carbone ». En réalité, on n'a jamais autant consommé de pétrole qu'aujourd'hui : le numérique accélère la consommation d'énergies fossiles. On nous fait croire que le numérique « dématérialise » les activités, mais chaque objet connecté dépend en fait d'une immense infrastructure technologique. La numérisation a un impact concret sur les milieux (mines, consommation électrique, décharges, pollution des rivières…). L'augmentation de la production de puces constitue un renforcement des logiques de destruction planétaire.
    Nous n'avons pas besoin du monde connecté
    Les puces électroniques sont-elles indispensables à la vie en société ? À la différence de l'eau qui, elle, est un besoin, les semi-conducteurs ne relèvent ni de la nécessité ni de la fatalité, mais d'un choix politique : celui du mode de vie connecté. En quelques dizaines d'années, nous semblons avoir oublié que d'autres manières de se rapporter au monde sont possibles, et sans doute plus désirables que le mode de vie du tout-écran, de la connexion permanente et de la surconsommation de ressources (eau, électricité, métaux rares).

    La course à l'innovation : une aberration historique

    Le projet de faire du Grésivaudan un pôle de la microélectronique ne répond pas à des enjeux locaux, mais à des choix géopolitiques, économiques et militaires : Taïwan est le leader mondial des puces, l'Europe doit lui courir derrière, financer le CEA et ses start-up, exploiter plus encore les pays du Sud. L'impératif de la compétitivité nous jette dans une course mondiale à l'innovation mortifère pour l'environnement, les animaux et la planète. À l'heure du dérèglement climatique et d'une extinction de masse des espèces, nous prônons la désertion de cette course qui nous fait perpétuer le désastre écologique et humain. Sortons de la course mondiale à l'innovation et finissons-en avec la recherche du profit à tout prix !

    Empêchons les agrandissements de ST et Soitec 5, 6 & 7 avril 2024 à Grenoble et dans le Grésivaudan Manifestation conférences & actions No puçaran !

    INFO PRATIQUE :

    Vous ne venez pas de Grenoble et vous ne savez pas où dormir ? Vous voulez inviter plein d'ami-es mais vous n'avez pas suffisamment de lits pour elles et eux ?
    Le mieux, c'est déjà de solliciter au maximum vos propres réseaux, ami-es d'ami-es, famille, etc. pour trouver un endroit où dormir. Et sinon, on met en place un dispositif d'hébergements solidaires en comptant sur l'entraide locale. Pour celles et ceux qui cherchent un endroit où dormir, un formulaire est disponible sur notre site.
    Et pour celles et ceux qui ont envie de filer un coup de main en hébergeant, idem, contactez-nous via le formulaire sur notre site (et faites tourner un maaaax dans vos réseaux, à vos potes qui ont de grandes colocs, etc.).
    Des cantines collectives se chargent des repas du vendredi soir, du samedi midi et du dimanche midi.

    UN COUP DE MAIN ?

    Vous pouvez nous aider à contribuer au succès de ce week-end : hébergement, circulation de l'info, financement…
    Nous en saurons plus bientôt. En attendant, n'hésitez pas à faire circuler l'info, à nous demander des tracts ou des affiches ou à en imprimer de votre côté. Si vous vous occupez d'une cantine, d'un groupe de musique ou autre, contactez-nous ! Quoi qu'il en soit revenez voir ici dans quelques temps, nous vous en dirons plus.

    Ah : et buvez de l'eau !

    Plus d'infos ici !
    Le texte d'appel version pdf.

  • Friday 15 March 2024 - 21:58

    Appel sur Saint-Étienne :
    COMMÉMORONS LA COMMUNE DE PARIS !

    RENDEZ-VOUS LE 23 MARS, à 14H, PLACE DU PEUPLE

    La vague réactionnaire qui a submergé le pays depuis les années 1990 n'en finit pas de s'accentuer, laissant le « peuple de gauche » sans voix. La domination absolue d'une clique de lobbyistes sur les médias nous laisse penser que tout le pays a sombré dans les idées réactionnaires, anti-Lumières et anti-émancipation. La manipulation de l'Histoire est une vieille technique des puissants pour tenter de transformer le présent à leur image. Les politiques actuelles et passées pavent inévitablement la voie au fascisme et à la guerre. Nous ne pouvons qu'être inquiets des accents guerriers du « premier des citoyens » et de ses sbires, alors que les tensions entre puissances nucléaires vont croissantes.

    La crise économique, l'appauvrissement, la marche vers la guerre, les politiques réactionnaires et racistes méritent une réponse claire de tout ce que ce pays compte de démocrates, de progressistes, d'humanistes, de syndicalistes, d'associatifs, de militants, tous celles et ceux qui pensent que l'émancipation du genre humain n'est pas une vieillerie du XXe siècle, mais le devenir du XXIe.

    L'histoire du mouvement ouvrier et populaire est parsemée de hauts faits d'armes. Tout notre système social, nos libertés démocratiques, sont le résultat des luttes du passé. Le devenir du pays n'est que le fruit des luttes d'aujourd'hui et de demain. Le seul garant des droits politiques et sociaux est le peuple.

    Nous, citoyens, militants de gauche, syndicalistes, progressistes, humanistes, nous pensons que nous avons besoin de repères historiques, de jalons pour nous inscrire dans un processus bien plus long que les tweets éphémères des politiques actuels. Nous pourrions citer la Grande Révolution française, les luttes pour la République et juin 1848, le Front populaire et la Résistance, mais de toutes ces dates une particulièrement fait office de marque indélébile, atemporelle, car son sceau est marqué de celui de l'éternité, nous voulons parler de l'Épopée de la Commune !

    Elle fut la première république des travailleurs du pays et du monde, elle abolit l'armée, sépara l'État et l'Église, donna l'éducation pour tous, des droits nouveaux à la classe ouvrière, et elle sauva l'honneur du pays vendu aux Prussiens par les Versaillais. L'émancipation politique des femmes fut l'œuvre de la Commune. La Démocratie réelle était mise en place, avec une révocabilité des élus à tous les niveaux et une consultation directe du peuple. La Commune fut profondément internationaliste, le citoyen français était celui qui se retrouvait dans les idéaux universels portés par la Commune.

    Le gouvernement actuel est de la même trempe que ces Versaillais : républicain et démocrate dans la forme, ultra-réactionnaire dans le fond. Continuant le long travail de destruction du bien public (entreprises publiques, système social, éducation, retraites, santé, etc.) il veut remettre plus que jamais en cause les conquis de la Résistance.

    Commémorer la Commune, c'est commémorer l'irrécupérable, l'événement qui fit trembler tous les puissants d'Europe, qui raisonna dans le monde comme une nouvelle ère, celle de la République Universelle des Travailleurs, celle de l'émancipation du genre humain, celle du pain et de la paix.

    La Commune n'est pas une idée morte, elle est un futur à reconquérir, un idéal en expansion dont nous devons toutes et tous nous saisir, aujourd'hui, comme l'antithèse de cette République qui souille ses principes fondamentaux.

    VIVE LA COMMUNE !
    RENDEZ-VOUS PLACE DU PEUPLE, LE 23/03, A 14h !

    Les Amis de la Commune 1871 (Saint-Étienne)
    Mail : lesamisdelacommune42 chez proton.me

  • Friday 15 March 2024 - 21:57

    Sous pression et dans l'incertitude après les intrusions policières en juin puis en septembre, après la lutte pour le retour de l'élec quand il faisait 0°, on est encore plus déter.es !
    Nous appelons à partir du 30 mars à résister en occupant le lieu !

    L'ECG et son Annexe, c'est quoi ?

    L'ECG c'est un lieu de vie, de solidarité et d'organisation politique. 1000 m2 au cœur de la Guillotière, quartier historique de l'immigration du centre-ville de Lyon, en pleine gentrification. Comme dans de nombreuses métropoles, le centre-ville de Lyon connait une très forte pression immobilière. Les investissements des promoteurs immobiliers et des pouvoirs publics entrainent une hausse des loyers et des prix au m2 faisant du centre-ville un espace dédié aux plus riches et aux touristes (multiplication des Airbnb, locations saisonnières).

    Le quartier de la Guillotière est un des quartiers historiques de populations exilées à Lyon, et cela depuis des siècles. Ce mélange de cultures et de manières de faire a façonné ce qui fait de ce quartier un endroit riche en rencontres, en débrouille, en solidarités.

    Dans ce contexte, l'ECG et son Annexe ont tenu à être des lieux d'auto-organisation pour le quartier. Nous y avons organisé des activités gratuites, à prix libre, et ouvertes à toustes : une distribution alimentaire autogérée, un marché rouge, des cours de français, des séances de sports, une permanence droit d'asile, une chorale féministe militante autogérée, des permanences de La Guillotière n'est pas à vendre, une permanence de soin, des cours de danse et des cours d'informatique, etc.

    À toutes ces activités, il faut ajouter des soirées de soutien à des collectifs ou des victimes de la répression policière, des concerts, des présentations de livres, des couscous de soutien, des tables rondes, des fêtes, des cantines... Ces évènements sont nés de la volonté d'habitant·es du quartier de voir se mettre en place ce dont iels avaient envie.

    Enfin l'ECG et l'Annexe sont aussi un lieu de vie pour une quarantaine de personnes exilé·es. Ces bâtiments ont permis à ces collectifs d'habitant·es de s'entraider, de faire vivre les solidarités du quartier, et d'aller de l'avant alors que les politiques sont de plus en plus répressives à leur égard : pas de création de places d'hébergement, pas de prise en charge des personnes en demande d'asile, refus de leur régularisation, surprésence policière...

    Nous espérions que ce lieu puisse inspirer un monde plus solidaire. Cet espoir vit toujours.
    Appel à une semaine de résistance et au-delà !

    Venir défendre l'ECG aujourd'hui ce n'est pas seulement venir défendre cette histoire, c'est venir défendre une manière de faire la ville.

    Une manière où l'on attend pas l'autorisation des pouvoirs qui nous oppressent, une manière de venir déranger les plans bien trop propres, bien trop aseptisés prévus par les urbanistes et compagnie.

    Venir défendre l'ECG c'est venir défendre l'autogestion de nos quartiers : la ville aux habitant·es !

    Pour y arriver, nous vous proposons de nous rejoindre à partir du 30 mars 2024 : que ce texte vous touche, que vous fassiez parti des milles et un groupes qui sont passés par là (Comité de Lutte Lyon contre la réforme des retraites, Zapatistes, Grévistes de Perrache, collectifs Anti-CRA, Squatteur·euses, Soulèvements de la Terre, etc.) ou pour soutenir l'autogestion dans les grandes métropoles : bienvenu·es !

    Invitation à résister, à déborder, qu'est ce qu'on imagine ?

    On serait trop content·es que vous vous empariez de l'ECG, que vous veniez organiser des événements qui vous font envie ou simplement passer du temps dans le lieu. L'agenda de la semaine est dèja bien rempli, mais toutes les propositions sont encore les bienvenues. Ce lieu est imprévisible. Il est politique.

    On peut se voir, se croiser, se rencontrer, se parler, cuisiner, partager des repas, faire du lien entre nos vécus, décider ensemble de s'organiser, lutter, danser, chanter, se battre, imaginer nos futurs, peindre, dessiner, zoner, se reposer, bricoler, faire des barricades, s'engueuler, se réconcilier ...

    Déjà au programme :

    • Samedi 30 mars aprèm : grande manif déter' pour le droit au logement, portée par différents collectifs (DAL69, ECG/Annexe, FAME, intersquat et bien d'autres) et en présence d'un grand rassemblement de fanfares à manif ! Horaires et lieu précis à venir.
    • Toujours le samedi 30 mais le soir : soirée festive au 27 rue Salomon Reinach, Lyon 7. Avec la chorale des Branl'heureuxes, des DJ et plein de surprises.
    • dimanche 31 mars : boxe avec l'Amicale du Combat Libre, projection du film « Ni Dieu ni maître 3 » en présence de Tancrède Ramonet
    • Lundi 1er avril : grande AG des luttes pour le droit au logement
    • Mercredi 3 avril : soirée anti-CRA avec cantine en soutien aux copaines interpellé.es
    • Jeudi 4 avril : présentation du livre « La Vie rêvée de Ste-Tapiole », par son auteur, avec le collectif Mémoires Minoritaires

      Et tout un tas de cantines, de temps partagés etc etc. Le détail du programme sera partagé, mais surtout à co-construire !

    Le lieu pourra accueillir et loger celleux qui le souhaitent (en dortoir) !

    En collectifs, seul.e ou avec des potes, on vous invite à investir le lieu en venant résister avec nous !
    Hésitez pas à envoyer un mail si vous avez des idées ou que vous voulez dormir sur place : semainedufeu chez proton.me

    Un temps d'accueil est prévu tous les matins de 7h à 10h à partir du 1 avril !

    Une infoline sur telegram sera également disponible pour appeler à rassemblement en cas d'intervention des keufs : t.me/ECGRESISTANCE

    Longue vie à l'ECG !

  • Friday 15 March 2024 - 21:57

    Pendant un mois, le Sénégal s'est retrouvé plongé dans le noir. Le 3 février, Macky Sall annonce qu'il annule l'élection présidentielle prévue trois semaines plus tard. Aveu de faiblesse du président après de nombreuses tentatives d'éliminer les candidats de l'opposition à sa succession.
    Aussitôt, le peuple sénégalais se mobilise de multiples manières ; une fois encore, l'on pourrait dire, tant les soulèvements ont été nombreux ces dernières années.
    Focus cette semaine sur ces témoignages répétés d'une vague de fond qui gagne au Sénégal comme en Afrique de l'Ouest pour la souveraineté et la décolonisation véritable.

    Avec Ousmane Diallo, chercheur à Amnesty International pour le Sénégal et le Sahel, Florian Bobin, étudiant chercheur en histoire à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar et Clair Rivière, journaliste indépendant qui écrit notamment pour Afrique XXI, Le Soir et la radio belge.

    Si le player ne fonctionne pas, écoutez ici !

    MEDIAS
    Afrique XXI, France 24, TV 5 Monde, Mediapart, Basta.

    MUSIQUE
    1'08 Xuman — Dictateur
    15'34 Keurgui Crew — Diogoufi
    27'09 Dip Doundou Guiss - #FreeSenegal (VOSTFR VOSTEN).mp3

    VISUEL
    Après une émeute à Dakar, 2011.
    Auteur Jeff Attaway

  • Friday 15 March 2024 - 09:25

    En ce lundi 11 mars, jour anniversaire du désastre de Fukushima, centrale nucléaire qui, 13 ans après le séisme est non seulement toujours en combustion mais est aussi devenue le laboratoire mondial de la « résilience » et de l'acceptabilité des nuisances, quoi de mieux que d'aller écouter l'ADEME nous expliquer l'impact environnemental du numérique ?
    Ça se passe à l'École des Mines de Saint-Étienne pendant le Festival du Numérique Responsable, une série de conférences, la plupart « en visio » (mais pas que), du 11 au 21 mars 2024.

    Le numérique responsable, c'est comme les centrales nucléaires propres, ça n'existe pas.

    Certes, des exercices de dissonance cognitive, nous en faisons tous les jours : « j'achète mes tomates bio chez Lidl, elles sont produites par des personnes exploitées à l'autre bout de l'Europe ; intoxiquées aux pesticides bio, elles sont acheminées par camions bio et vendues par une entreprise au management bio, mais je m'empoisonne un peu moins ». En faisons-nous pour autant un festival ?

    « D'un bout à l'autre de la chaîne » (pour paraphraser leur com'), l'industrie du numérique est un désastre. Extraction des ressources, pollutions irrémédiables des sols, de l'eau et de l'air, exploitation des humain.es dans des usines-prisons, milliers de kilomètres parcourus pour chaque composant, consommation faramineuse d'électricité, montagnes de déchets électroniques… Une fois ces nuisances documentées, il n'est décemment pas possible de prôner un « usage apaisé du numérique en famille » ou bien « un numérique décolonial et plus vertueux ».

    Quand bien même « nous » (mais qui ?) produirions des smartphones en bambous et des serveurs à pédales, voulons-nous des caméras à reconnaissance faciale, des Portefeuilles d'identité numérique regroupant tous nos identifiants publics et privés, ne plus communiquer avec nos semblables que par écrans interposés, voulons-nous déléguer tous les aspects de nos vies aux machines, n'être plus rien sans assistants électroniques ?

    Leur critique tronquée du numérique doit être prise pour ce qu'elle est : une récupération de la critique par les dominants en vue de l'intégrer à la « révolution numérique en marche ».
    Il y a là aussi l'arnaque colibriste des « bonnes pratiques ». Cette injonction au « numérique responsable », à la consomm'action, repose sur le faux-semblant libéral qui met tout le monde au même niveau : « Après tout, vous êtes libres, c'est une question de choix » - et sur son corollaire immédiat « si le monde va mal, c'est donc que vous ne faites pas les bons choix, vous n'êtes pas assez responsables ». Dans ce piège, que l'École des Mines promeut par son festival, on attend de nous qu'on fasse religieusement pipi sous la douche en éteignant notre brosse à dents connectée, pendant que l'économie continue de ravager le monde.

    L'École des Mines nous prend pour des imbéciles

    Les individus qui prévoient ce festival sont peut-être pleins de naïve bonne volonté mais n'oublions pas l'institution qui porte cet évènement. L'École des Mines, une des plus prestigieuses écoles d'ingénieurs de France dont le but initial était de former des cadres garde-chiourmes de l'industrie minière, est notamment financée par la Fondation Mines Telecom. Parmi les mécènes de cette dernière, les plus notoires sont ArianeGroup, Inéo Defense, MBDA, Safran, Thales, Naval Group, Dassault, Airbus. On a du mal à voir toutes ces entreprises de l'armement (dont les plus grosses sont impliquées dans la fabrication de la bombe atomique) s'émouvoir des « impacts environnementaux » ou du « numérique décolonial ». S'il est besoin de le rappeler, leur fond de commerce, c'est la guerre ! Le contraire donc de la préservation de l'environnement ou de l'« émancipation des peuples ».

    C'est aussi à l'École des Mines de Saint-Étienne que des chercheurs bossent sur « l'hôpital virtuel », qui permettrait d'« optimiser les parcours de soins » mais dont on se demande s'il ne servira pas plutôt à mieux gérer à distance le personnel soignant, toujours plus sous pression par manque de moyens à cause des innombrables coupes budgétaires que le domaine médical subit depuis des années. La « transition » passant par là, on remplacera les lits par des applis, c'est ça la « révolution numérique ».

    Mais ce n'est pas tout, parmi les partenaires privilégiés de l'École des Mines, on trouve aussi ST Microelectronics qui lui finance au moins une dizaine de thèses. Cette boite qui produit des puces électroniques et dont Macron est venu lancer l'agrandissement à l'été 2022 en pleine canicule, a une consommation d'eau démentielle (336 litres/seconde). D'un bout à l'autre de la planète, on lutte contre ce type de prédation : « De l'eau pas des puces » à Grenoble, « Agua para la gente, no para las empresas » en Uruguay. Vous avez dit « impacts environnementaux » ? Foutage de gueule, regardez plutôt avec qui vous bossez.

    Si nous critiquons cette rhétorique mortifère - récupération de la critique, grand messe de la soi-disant « transition » -, c'est qu'elle est mise en œuvre partout. On trouve ainsi une Agnes Pannier-Runacher, ministre de la « transition », nous parler d'une « gestion responsable » de la future mine de lithium censée s'ouvrir bientôt à Échassières dans l'Allier. Échassières, c'est cette petite commune dont les sols sont déjà pollués aux métaux lourds (jusqu'à 7 fois les seuils de risque pour l'arsenic) suite à l'exploitation de tungstène dans un passé assez récent ...

    Quoi qu'en disent les acceptologues et autres évangélistes de la société industrielle, il n'existe pas plus de numérique responsable que de mine propre ou de kangourous volants. Charge à nous de leur faire comprendre que nous ne sommes pas dupes (ni des imbéciles).
    A bonne entendeuse.
    A bon entendeur.

  • Friday 15 March 2024 - 00:30

    Né à Saint Etienne le 15 mars 1851 - mort en juin 1911 - Ouvrier passementier - Saint-Étienne (Loire)

    Fils d'un ouvrier cordonnier et militant actif de la chambre syndicale des passementiers, Régis Faure, marié à la tailleuse Marie Fruget et père en 1882 de trois enfants (dont l'un, Pierre, était né le 17 mars 1876 à Saint-Étienne), fut aussi un des anarchistes les plus en vue de la région de Saint-Étienne.
    Il participa, comme délégué de la chambre syndicale des passementiers, au 2e congrès de la région de l'Est où il présenta les rapports concernant la femme et l'enseignement. Ce congrès, qui se tint à Saint-Étienne en juin 1881, était réuni conformément aux décisions prises par le congrès national ouvrier qui s'était ouvert à Marseille le 20 octobre 1879 et dont les travaux avaient abouti, entre autres résolutions, à la création d'un Parti des Travailleurs socialistes de France et à la division du pays en six régions.

    Régis Faure fut membre de la fédération révolutionnaire de la région de l'Est qui, dès mars 1881, — quelques semaines avant la tenue à Paris du congrès régional du Centre qui marqua la scission entre socialistes et anarchistes — groupa la plupart des anarchistes de la région de l'Est, notamment les sections de Saint-Étienne, de Villefranche, de Roanne et de Lyon. Du 5 au 11 juin 1881, avec notamment Claude Bernard et P. Martin, il participa à Saint-Étienne au congrès de la Fédération de l'est du Parti ouvrier où ils tentèrent en vain de rallier aux idées abstentionnistes une majorité de délégués. Il y avait présenté plusieurs résolutions concernant "l'organisation du parti socialiste ouvrier dans la région de l'est" dans lesquelles était affirmé "le devoir de rupture avec tous les partis politiques déchus", que "le parlementarisme était une duperie" et que "le but à atteindre c'est la Révolution". Il était, semble-t-il alors, membre du groupe Les Outlaw animé notamment par Jean-Baptiste Ricard.

    Il collabora au journal L'Étendard révolutionnaire (Lyon, 13 numéros du 30 juillet au 15 octobre1882) qui avait succédé au Droit Social et sera suivi par La Vengeance Anarchiste.
    Il préparait à cette époque l'édition d'un journal local, Le Branle- bas, sous titré "organe des perturbateurs stéphanois", dont les épreuves autographiées du premier numéro furent saisies à son domicile par la police (voir portfolio). L'ours du journal indiquait : M. Carnage (Rédacteur en chef), Coup-en-Deux (secrétaire) et M. Dynamite (correspondance).

    Le 19 mars 1882, il avait présidé la réunion publique tenue à Lyon avec Émile Gautier à la salle de l'Alcazar, décorée de deux drapeaux rouges et un drapeau noir et qui s'était terminée aux cris de "Vive la Commune ! Vive la révolution !". Puis il avait assisté au vin d'honneur offert à E. Gautier à l'occasion de l'anniversaire de la Commune.

    Le 18 juin 1882, il était, avec Toussaint Bordat, à la tête de la manifestation organisée à La Ricamarie (Loire) à l'occasion de l'anniversaire de la fusillade des mineurs de la Loire qui fit treize morts et des blessés dans la nuit du 16 juin 1869. Les manifestants forcèrent les portes du cimetière que d'accord avec le préfet le maire avait fait fermer. Arrêté quelques jours après, Régis Faure fut condamné à 8 jours de prison pour complicité de bris de clôture et violation de sépulture ; un mois de prison fut infligé à Bordat.
    A l'été 1882 il fut l'éditeur de la brochure La vérité sur le scandale de la Ricamarie.

    Régis Faure fit partie avec Ricard et Chirat de la délégation de Saint-Étienne qui représenta la fédération révolutionnaire à une réunion anarchiste, de caractère international, organisée sur l'initiative d'Élisée Reclus, à Genève, les 13 et 14 août 1882 ; les résolutions prises confirmèrent celles du congrès de Londres du 14 juillet 1881, à savoir : séparation la plus nette possible entre le mouvement anarchiste et les partis dits révolutionnaires, autonomie absolue des groupes "dans l'application des moyens qui leur sembleront les plus efficaces" (cf. Le Révolté, 19 août 1882).

    A cette même époque il était le secrétaire de l'Alliance anarchiste stéphanoise qui venait de se constituer et regroupait les divers groupes locaux ayant adopté un pacte fédératif de tendance communiste anarchiste et ayant pour but la suppression de l'État et de toute propriété. L'Alliance avait rompu alors ses relations avec le groupe Les Outlaws dont "les projets baroques" de certains de ses membres, ne pouvait, selon Faure que "nuire à la propagation de nos idées" (cf. Lettre de Faure à Bordat, 17 septembre 1882)...

    Régis Faure fut impliqué dans le procès, dit « Procès des 66 », qui s'ouvrit à Lyon, devant le tribunal correctionnel, le 8 janvier 1883, à la suite des violentes manifestations des mineurs de Montceau-les-Mines, d'août 1882, et des attentats à la bombe perpétrés à Lyon en octobre 1882. Le 21 octobre il fut l'objet d'une perquisition où la police avait saisi entre autres papiers, un compte rendu manuscrit du congrès ouvrier de Saint-Étienne, une lettre de Benoit Malon, quelques exemplaires de L'Étendard révolutionnaire, une feuille de papier avec le cache du cercle L'Alliance anarchiste de Saint-Étienne, le placard Mort aux voleurs, divers journaux (Le Prolétaire, Le Révolté, La Tenaille, L'Étendard révolutionnaire) et le programme du journal Le Branle bas, ce qui lui valut d'être arrêté. Dès son arrestation, plusieurs concerts furent organisés dans les cafés de Saint-Étienne au profit de sa compagne. Il fut condamné le 19 janvier 1883 à quinze mois de prison, 200 francs d'amende et cinq ans de privation des droits civiques ; cette peine fut réduite par arrêt de la cour d'appel de Lyon, le 13 mars 1883, à un an de prison, 100 francs d'amende et cinq ans de privation des droits civiques. Pendant sa détention ses quatre enfants avaient été pris en charge par le compagnon Denhomme.

    À sa libération en janvier 1884, il fut accueilli par une vingtaine de camarades dont Perrelle et Bertail et fut fêté par les compagnons au du Cercle de la rue Saint Paul. Il reprit son activité militante, à la fois syndicaliste, anarchiste, coopératrice. On le trouve mêlé aux luttes anarchistes et syndicales de la région stéphanoise.

    A la mi février 1887, suite aux attentats contre le Palais de justice de Lyon, et comme une vingtaine de compagnons de la région, il avait été l'objet d'une perquisition qui n'avait donné aucun résultat. Il demeurait alors rue du Bas Vernay.

    Il fut arrêté, à titre préventif, la veille du 1er mai 1890, à nouveau arrêté en 1892, à la veille du procès de Ravachol et préventivement à la manifestation du 1er mai.

    En 1899, il fut l'un des organisateurs de la grève générale de la passementerie à Saint-Étienne que marquèrent de violents incidents entre la troupe et les manifestants. Coopérateur actif, il anima l'Union des travailleurs, coopérative de consommation créée en 1878.

    Régis Faure est mort à Paris en juin 1911.

    Sources : Arch. Dép. Loire 10 M 2, M 77 à 80, M 107, M 122, 19 M 1, M 6, M 11, M 20, 93 M 52. — Le Procès des anarchistes devant la police correctionnelle et la cour d'appel de Lyon, Lyon, 1883 = Notice de J. Maitron in "Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier…", op. cit. // R. Bianco « Un siècle de presse… », op. cit. // Informations transmises par la famille (novembre 2007) // AD Loire 1M 527// Arc. Nat. F7/12504, BB 186452 // AD Rhône 2U433, 4M306 //

    Article publié sur le site militants-anarchistes.info

  • Wednesday 13 March 2024 - 08:33

    La prochaine réunion des Soulèvement du Furan aura lieu le 25 mars à 19h, à l'amicale Michelet.

    Ce sera aussi l'anniversaire de la mobilisation de Ste Soline.

    Pas d'oubli, pas de pardon ! 70 témoins ont saisi la défenseure des droits suite aux violences policières. Une vidéo est en ligne : https://vimeo.com/862179523

    Le collectif Bassines non merci appelle à la mobilisation : https://bassinesnonmerci.fr/index.php/2024/02/22/sainte-soline-1-an-apres-mars-2024/

    Pendant ce temps, les forces de l'ordre torturent les écureuils. Cette fois, c'est Michel Forst, rapporteur spécial des Nations unies sur les défenseurs de l'environnement, qui a rendu un rapport cinglant sur « les méthodes de maintien de l'ordre et d'expulsion des défenseurs de l'environnement – surnommés « écureuils » – occupant pacifiquement des arbres sur le site de la « Crem'Arbre » (commune de Saïx) dans le contexte des mobilisations contre le projet autoroutier de l'A69 ».
    Pour lire le rapport : https://unece.org/sites/default/fil...

    Les camarades et les brebis altiligériennes vont battre la campagne du 18 au 24 mars pour la Lutte des Sucs. Les panneaux de la région qui fleurissent à outrance ne disent pas tout ce qui va être détruit autour de St Hostien.

    Le dimanche 24 mars, vous pouvez rejoindre les marcheurs pour planter des arbres : RV à 9h30 Le Rouchas, St Hostien, avec vos pelles, pioches, greffons, boutures et bonne humeur !

    Le 23 mars 2023 aura lieu la fête des semences à Marcilly le Chatel.
    Organisée par la Maison de la Semence de la Loire. Stands, petite restauration, conférences, ventes – trocs de plantes, graines, et arbres. Activités ludiques pour les enfants. Quand on fait des recherches sur internet pour le programme de la 10e édition, on ne voit pas toujours le détail... Notamment la diffusion du film « Cesse Béton » sur la centrale à bitume de Boen-sur-Lignon. Débat avec Clément Gaumon. C'est à 10h et ce sera suivi par l'intervention du comité du Forez des Soulèvements de la Terre ! Il y a un beau programme tout au long de la journée, avec une chorale, un repas chaud, un doc sur la patate, une rencontre / débat sur les semences paysannes et bien sûr un troc de graine !

    Bref, l'agenda est fleurissant de lutte ! Vive le printemps. On vous invite à nous rejoindre pour la saison 7. On pourra se rencontrer et marcher ensemble autrement !

    Plus d'info : https://lessoulevementsdelaterre.org/fr-fr
    Les Soulèvements du Furan

    pour nous écrire : lsdt42 chez protonmail.com

  • Wednesday 13 March 2024 - 00:30

    Après cinq tentatives infructueuses, Sofia Perovskaïa, de l'organisation anarchiste Narodnaïa Volia, organise et réussit l'assassinat du Tsar de toutes les russies Alexandre II. Par cet acte, elle lance un vaste mouvement d'assassinats de chefs d'États à l'échelle internationale. Loin du terrorisme aveugle, elle souhaitait frapper le pouvoir et l'injustice en pleine tête.

    Plus un régime est autocratique, plus l'évolution politique de l'État en question se trouve dépendante de l'individu qui est à sa tête. Ce constat entraîne une conséquence notable : plus un régime est autocratique, plus il offre une cible claire et ostensible à celles et ceux voulant mettre à bas l'autocratie. Et s'il est un régime particulièrement autocratique durant le XIXe siècle, c'est bien la Russie tsariste. L'organisation sociale de la Russie est à l'époque de type féodale, et le servage, esclavage qui cache son nom, est alors toujours largement pratiqué. Ainsi, dans le code russe de l'époque, il est clairement spécifié que « les serfs terriens (État/privés) sont considérés comme des accessoires immeubles (Art. 235) ». Or, au milieu du XIXe siècle, sur les 62,5 millions habitants de l'Empire russe, 23,1 millions ont le statut de serf. C'est dans ce contexte qu'émerge la pensée socialiste et révolutionnaire en Russie, une pensée qui choisira de répondre à la violence de l'État par la lutte politique, mais aussi la violence révolutionnaire, l'action directe sans concession contre la haute aristocratie ou le Tsar. Si de nombreux groupes et partis socialistes, révolutionnaires, anarchistes existent en Russie, c'est surtout Narodnaïa Volia (Volonté populaire), et ensuite le Parti Socialiste Révolutionnaire (SR) qui furent les principaux acteurs du terrorisme révolutionnaire russe.

    Alexandre II le réformateur dans une Russie absolutiste et esclavagiste

    Alexandre II, celui qui tombera sous les bombes anarchistes, était paradoxalement l'un des tsars les plus ouverts et les plus progressistes de l'histoire russe. C'est pourquoi il se voit généralement attribué le pseudonyme « le Libérateur » après avoir proclamé par un oukase (décret) la liberté personnelle des serfs le 19 février 1861. L'oukase règle tout d'abord le statut juridique des paysans : ces derniers deviennent des « sujets ruraux libres ». Ils ne peuvent plus être vendus, achetés ou échangés ; mais s'ils sont libres dans leur vie privée, les serfs libérés n'ont toujours pas accès à la propriété de la terre. Même si le décret ouvre bien le rachat de la terre par les paysans, les prix sont largement en faveur des propriétaires, et rend le rachat impossible pour la plupart des paysans.
    En 1864, le Tsar crée les zemstvos, des assemblées élues au suffrage indirect, qui reçoivent la responsabilité du budget local, de l'instruction publique, de la construction des routes et des ponts et de la création de dispensaires, ce qui va permettre une modernisation du pays et un début de démocratisation sommaire.

    Mais les réformes incomplètes ne changent rien aux fondements autocratiques de l'État. La révolte polonaise de 1863-1864 démontre que le pouvoir d'Alexandre II est encore total, et qu'il compte bien se maintenir par la force face à toute contestation. La Pologne, qui avait été découpée en trois entre Prusse, Autriche et Russie en 1815 après l'effondrement de l'Empire Français de Napoléon et ses alliés (dont la Pologne), se soulève en 1863 en vue de retrouver son indépendance. La répression est horrible, des dizaines de milliers de morts, et autant de dizaines de milliers de polonais et lituaniens déportés vers les fins fonds de la Sibérie. Après cette date, les réformes se font plus rares et concernent surtout l'organisation de l'armée russe, tandis que la censure se renforce, et que le pouvoir se referme.

    Narodnaïa Volia et la chasse au gros gibier

    Lors de sa constitution le 26 août 1879, l'organisation Narodnaïa Volia décide de faire de l'assassinat d'Alexandre II son objectif prioritaire, son « programme immédiat ». Plus largement, le programme du mouvement est simple : « Substituer à la volonté despotique d'un seul la "volonté du peuple" ». La nécessité du recours au terrorisme est le fondement de l'organisation, mais le mouvement n'envisage donc pas de prendre lui-même le pouvoir après la chute du régime tsariste : il prévoit uniquement la formation d'un gouvernement provisoire et l'élection d'une Constituante. Le but premier de Narodnaïa Volia n'est donc pas de prendre le pouvoir, mais de lui couper la tête.

    Le Comité exécutif décide d'avoir recours à l'explosif plutôt qu'au pistolet ou à l'arme blanche, moyens qui se sont révélés trop aléatoires et imprécis par le passé. Le 12 septembre, le Comité exécutif se proclame « société secrète totalement autonome dans ses actions ». Aussitôt, plusieurs attentats quasi simultanés sont élaborés. Il y aura pas moins de cinq tentatives d'assassinats sur la personne du Tsar en moins de 2 ans (le 18 et 19 novembre 1879, 5 février 1880 et le 16 août 1880).

    Nullement découragés par les échecs précédents, les terroristes de Narodnaïa Volia préparent un nouvel assaut. On commence par observer minutieusement les déplacements du souverain dans la capitale. Tous les dimanches, Alexandre II passe au manège Mikhaïlovski, après quoi il se rend souvent chez son épouse morganatique Catherine Dolgorouki en passant le long du canal Catherine. L'observation révèle deux points de passage obligés, quel que soit l'itinéraire emprunté par l'empereur. Le comité exécutif prend la décision d'attaquer simultanément ces deux emplacements (Malaïa sadovaïa et canal Catherine), et prépare minutieusement l'attentat. Ainsi, la Malaïa sodovaïa sera minée, et quatre conspirateurs seront armés de bombes, prêts à intervenir si d'aventure l'empereur choisissait un autre itinéraire. En cas d'échec, Jeliabov interviendra, munit d'un poignard et d'un révolver. Franco Venturi soulignera d'ailleurs que « ce n'était plus un attentat, mais une action de guerre de partisans, menée avec la volonté de réussir à tout prix ».

    Sofia Perovskaïa, militante et organisatrice

    Mais le 27 février, coup de théâtre. Jeliabov est arrêté dans une pension de la Perspective Nevski. Ancien accusé du procès des 193, il est aussitôt reconnu par la police. Son rôle de maître d'œuvre de l'attentat est aussitôt ré-endossé par sa compagne Sofia Lvovna Perovskaïa (en russe : Софья Львовна Перовская). Sofia Lvovna est née le 1er septembre 1853 à Saint-Pétersbourg dans une famille aristocratique de haut fonctionnaire. Son père, Lev Nikolaïevitch Perovski fut lieutenant-gouverneur de Pskov, lieutenant-gouverneur de la province du gouvernement de Tauride et gouverneur militaire de Saint-Pétersbourg (alors capitale de l'Empire). Elle est une parfaite représentante de l'intelligentsia russe qui décide de "trahir" sa famille et sa classe sociale pour rejoindre les rangs des nombreux groupes et courants révolutionnaires de l'époque (comme par exemple Pierre Kropotkine).

    Suite à l'arrestation de son compagnon, elle reprend les rennes de l'organisation de l'attentat, et continue la mise au point d'un plan minutieux qui ne laisse que peu de chance au tsar de s'en sortir vivant. Le lanceur n°1 est Nikolaï Ivanov Rysakov, propagandiste dans les fabriques de Saint-Pétersbourg. Le plan initial prévoit que la première bombe serait jetée par Ryssakov. Le lanceur n°2 est Ignati Joakimovitch Grineviski, noble, étudiant à l'institut de technologie et totalement voué à la cause révolutionnaire. Le lanceur n° 3 est Timofeï Mikhaïlovitch Mikhaïlov, et le lanceur n°4 est Ivan Panteleïmonovitch Emelianov, étudiant et sympathisant du mouvement depuis 1879. Tous sont volontaires, même s'ils sont parfaitement conscients qu'en tant que lanceurs de bombe artisanale, ils n'ont presque aucune chance de s'en tirer vivants.

    Les bombes sont préparées dans la nuit du 28 février au 1er mars dans l'appartement de Véra Figner et d'Isaev. Dans la soirée, alors qu'il s'apprête à déclencher la mine, qui doit vraisemblablement le tuer également, Frolenko entame tranquillement une bouteille de vin et un saucisson. À Véra Figner qui reproche de « tels penchants matérialistes chez un homme qui doit bientôt mourir », l'artificier rétorque qu'« en de telles circonstances, un homme devait être maître de toutes ses forces ». Le jour J, les bombes seront distribuées par Sofia Perovskaïa qui guette l'arrivée du tsar, et c'est elle qui doit donner le signal de l'attaque via un mouchoir.

    Ton amie, c'est la chimie !

    Le dimanche 1er mars 1881 (ou le 13 mars 1881 selon le calendrier grégorien), peu après 14 heures, Alexandre II termine sa visite au manège Mikhaïlovski et se dirige vers le canal Catherine. Au signal de Sofia Perovskaïa, les trois lanceurs de bombe prennent leur place. La première bombe ne touche que l'arrière du traineau impérial, laissant l'empereur une nouvelle fois indemne. Au lieu de fuir, ce dernier fait arrêter le traineau et veut porter assistance aux blessés. À un officier qui ne l'avait pas reconnu et qui lui demande si l'empereur était blessé, Alexandre II répond « Grâce à Dieu, je suis sain et sauf ». Ryssakov, qui vient d'être arrêté, donne une fausse identité à Alexandre II et le menace : « C'est peut-être un peu tôt pour remercier Dieu. ». Alexandre veut alors regagner son traineau. Quelques pas plus loin, une seconde explosion soulève un nuage de fumée et de neige. Quand il se dissipe, Alexandre est retrouvé ensanglanté, adossé à un garde-fou du canal. Près de lui, Grineviski, l'assassin, a été tué dans l'explosion. Alexandre II est alors emmené au palais, défiguré, perdant son sang, pied droit arraché, pied gauche fracassé. Il agonise et meurt une heure plus tard. Les deux explosions ont fait trois morts et vingt blessés.

    Sofia Perovskaïa fut arrêtée le 10 mars 1881 (22 mars 1881 dans le calendrier grégorien) et condamnée à mort par pendaison le 3 avril 1881, avec Andreï Jéliabov (son compagnon), Timofeï Mikhaïlov et Nikolaï Kibaltchitch, formant ensemble les Pervomartovtsi (Ceux du 1er mars, date de l'attentat pour le calendrier julien russe). Sofia Lvovna Perovskaïa fut la première femme russe pendue pour raison politique. Le correspondant d'un journal allemand Kölnische Zeitung écrit : « Sofia Perovskaïa témoigna d'un courage remarquable. Ses joues conservaient le même teint rose, et son visage, toujours sérieux, sans la moindre trace de quelque chose feinte, plein de courage et sans vrai limite du sacrifice de soi. Son regard était clair et calme, il n'y avait pas l'ombre d'aucune affection ». Leur pendaison publique eut lieu le Vendredi saint 3 avril 1881 sur la place Sémionovski, devant une foule de 100 000 personnes.

    Narodnaïa Volia est décapitée par la répression. L'Empire russe se fige dans la réaction. À peine deux mois après la disparition de son père, le nouveau souverain Alexandre III fait publier le "Manifeste du 29 avril 1881", dans lequel il fait savoir qu'il entend maintenir inchangé le régime autocratique de l'Empire russe. Le 14 août 1881, on annonce la création d'une nouvelle organisation de la police de sécurité : l'Okhrana, une des plus moderne et efficace police politique de l'époque.

    Une traditon russe qui perdure au sein des Socialistes Révolutionnaires (SR)

    Narodnaïa Volia détruite par la répression, il faudra quelques années pour que le socialisme révolutionnaire non-marxiste se réorganise en Russie. Il faudra ainsi attendre un certain temps pour revoir une nouvelle vague d'attentats révolutionnaires visant les dirigeants de l'Empire de Russie. Le 28 avril 1902, Dmitri Sergueïevitch Sipiaguine, alors ministre de l'Intérieur, est assassiné au Palais Marie par l'étudiant Stepan Balmachov. Lors de l'instruction du jeune socialiste révolutionnaire, les juges découvrent que ce dernier n'est pas un simple fanatique et qu'il n'a pas commis son forfait seul, mais qu'il appartient à une organisation de lutte révolutionnaire. Stepan Balmachov refuse cependant de révéler la composition du groupuscule auquel il appartient, ni le nom de l'organisation dont il est membre.

    Suite à l'assassinat de Dmitri Sipiaguine, Viatcheslav Plehve est nommé comme nouveau ministre de l'intérieur. Celui-ci encourage les pogroms de 1903 et dissout le syndicat de la police pour mieux la contrôler. La même année, Plehve rencontre à Saint-Pétersbourg Theodor Herzl, l'un des principaux fondateurs du sionisme, le nationalisme antisémite de Plehve trouvant dans l'idéologie sioniste de Herzl un bon moyen de se « débarrasser » des juifs de Russie. Plehve devient une cible évidente pour les révolutionnaires. Il survit à une attaque en 1903, deux en 1904 avant de tomber lors de l'attentat à la bombe commis par Igor Sazonov le 15 juillet 1904. L'attentat est organisé et revendiqué par l'Organisation de combat des SR du Parti socialiste-révolutionnaire. Ce parti était né à Berlin en 1901 pour prendre la suite de Narodnaïa Volia, et il sera, lors de la révolution russe de 1917 et la guerre civile qui s'en suit, l'un des principaux opposants aux bolcheviks de Lénine.

    Quelques années plus tard, en pleine révolution russe, les socialistes-révolutionnaires qui sont farouchement opposés au traité de Brest-Litovsk, assassinent le comte Wilhelm Mirbach, ambassadeur d'Allemagne en Russie, le 6 juillet 1918. Le 7 juillet, les SR de gauche organisent une insurrection à Moscou, décidée le 24 juin par le Comité Central de l'organisation afin de mettre fin à l'ascension politique et militaire des bolcheviks qui concentrent de plus en plus autoritairement tous les pouvoirs. La principale force rebelle est commandée par Dmitry Ivanovich Popov, SR de gauche et membre de la Tchéka. Environ 1 800 personnes participent à l'insurrection. Le Kremlin est bombardé par l'artillerie. Les centres téléphoniques et télégraphiques sont occupés mais le gouvernement bolchevique réprime l'insurrection. Tous les délégués SR de gauche du congrès sont arrêtés, ainsi que les membres du comité central des SR de gauche, et leur presse est interdite. Le soulèvement est réprimé en moins d'une journée par les troupes fidèles aux bolcheviks menées par Antonov-Ovseyenko et Podvoisky. Suivra une répression systématique contre les socialistes-révolutionnaires qui rejoindront les rangs des anti-bolcheviks, soit avec Nestor Makhno et les anarchistes ukrainiens, soit en tentant de maintenir leur structure de façon clandestine. Certains adoptent des méthodes terroristes, comme Fanny Kaplan qui tente d'assassiner Lénine le 30 août 1918. Ils finiront totalement écrasés à mesure que les bolcheviks s'assureront les pleins pouvoirs, mettant fin au terrorisme anarchiste en Russie, et le remplaçant par le terrorisme d'Etat.

    Article publié sur rebellyon.info

  • Tuesday 12 March 2024 - 23:09

    Note Modération Numero Zero : Cet article a été publié dans une première version, il s'agit ici d'une version légèrement modifiée.
    Une suite (second texte) est proposé ici : https://lenumerozero.info/Le-danger-des-ideologies-supremacistes-II-6744

    La suprématie blanche est un système de déni.
    Jusqu'à la dernière seconde elle refusera de voir la vérité.

    Les décideurs politiques et économiques ont, eu aussi, tout intérêt à continuer à occulter cette dimension coloniale.

    Ce texte renvoie vers des liens anglophones. Les lecteurs non anglophones doivent installer une extension sur leur navigateur pour la traduction automatique, afin d'apprendre, désapprendre et partager des idées pour décentrer et détourner le pouvoir de la colonialité. Découvrir d'autres cultures, d'autres manières de voir le monde qu'à travers celui de la blancheur, de l'arrogance, de l'orgueil, de ce barbarisme de l'indifférence.

    Quelques rappels importants :
    - Nous vivons dans un système de « civilisation » fondé sur la colonialité, où le déséquilibres des pouvoirs est la base, un processus structurel d'altérité, de binarité (infériorité/supériorité, noir/blanc, non valide/valide, femme/homme,…) qui a façonné ce monde moderne. La colonialité est cet héritage de la discrimination sociale et raciale du colonialisme européen formel qui tente de subsister et s'est intégré dans les ordres sociaux successifs. La décolonisation/décolonialité renvoie à la violence de l'euro-modernité et souligne la colonialité (l'expansion transhistorique de la domination coloniale et la perpétuation de ses effets à l'époque contemporaine) comme un problème clé du monde moderne.
    - L'Occident moderne, ses discours et ses institutions hégémoniques sont également un produit, tout comme les colonies, de la colonialité. L'idée même de décolonisation vient du fait de faire face à un monde de mort créé par les colonisateurs (Nelson Maldonnado Torres).
    - Le terme « colonial » signifie généralement eurocentrique. La décolonisation pourrait être comprise comme « enlever le colonial ». Le terme « anticolonial » signifie désoccidentalisation. Le mot "colonialisme" est notoirement polysémique. La décolonisation est fondamentalement anticoloniale. Dans son sens le plus général, le colonialisme fait référence aux héritages – institutionnels, structurels, socio-juridiques, économiques, discursifs, méthodologiques et culturels – de la domination impérialiste occidentale sur les terres et les peuples non occidentaux (Thomas, 1994).
    - La plus grosse arnaque de la suprématie blanche a été de convaincre les blanc-hEs qu'elle est une croyance extrémiste (suprématie blanche violente) et marginale et non le fondement sur lequel toute la « civilisation » occidentale a été construite depuis les cinq cent dernières années. (IndigenousX) »

    Pour faire face au chaos climatique, il faut entendre les voix jusqu'ici marginalisées pour valoriser les actes d'imagination collectifs. Les communautés marginalisées ont plus en commun avec les populations autochtones à se joindre à la guérison de ce traumatisme colonial qu'une culture paranoïaque qui s'accroche au maintien de sa domination. La transformation doit être ancrée dans le fait de dire des vérités qui dérangent TOUS les pouvoirs, qui remettent en question les hypothèses mêmes qui façonnent la manière dont ces relations oppressives et cette colonialité se perpétuent. La valorisation d'une multiplicité de savoirs est essentielle pour faciliter à la fois la « démocratisation radicale et la décolonisation du savoir et du pouvoir » (Santos et al., 2008, p. xiix).

    En effet, il n'y a « pas de justice sociale mondiale sans justice cognitive mondiale » (Santos et al., 2008, p. xx).

    L'imposition violente du pouvoir colonial s'est appuyée sur l'enfermement et l'élimination des personnes handicapées et des personnes racialisées dans le cadre de la création d'un État carcéral, des histoires largement occultées de l'oppression des personnes handicapées dans le contexte colonial, ainsi que ses interconnexions avec l'oppression raciale et leur continuité de nos jours, une acceptation enracinée dans le projet colonial et le besoin urgent de décentrer et de perturber les fondements paradigmatiques de la « prison de la colonialité » (Anibal Quijano, 2007, p. 178) dans lequel nous sommes tous-tEs capturéEs.

    La société occidentale a historiquement et fondamentalement créé des obstacles à l'acceptation de la diversité pour ne pas mettre en lumière les histoires qui interrogent et rendent visibles ces relations entre le colonialisme, le capitalisme et la formation de l'État (gestion des frontières), qui sont enracinées dans la blancheur, pour ne pas comprendre comment la suprématie blanche et l'extraction capitaliste sont les éléments fondamentaux de tous les projets coloniaux.

    En 2023, le handicap est toujours le 1er motif de discrimination en France, des discriminations en constante augmentation. Les femmes blanches et valides, sous l'influence des mouvances fémonationalistes, homonationalistes ou ultranationalistes (déguiséEs en gauchistes), qui pensent incarner ce privilège de la fragilité et qui continuent d'ignorer, comme la législation française, l'intersectionnalité, « le cumul des handicaps et des difficultés d'accès aux droits est bien réel ». (déclaration de l'ONU et Claire Hedon, défenseuse des droits) :

    - Les personnes handicapées et leurs familles vivent un véritable apartheid social.
    - Les femmes en situation de handicap sont dix fois plus victimes de VSS (Violences Sexuelles et Sexistes).
    - 300 000 personnes handicapées n'ont ni droit aux minima sociaux, ni accès aux Prud'hommes, ni au droit de grêve, ni droit à la retraite,.. elles sont exploitées jusqu'à la mort.
    - 700 000 personnes sans capacité de droit de part leur handicap...

    Le dernier rapport accablant de l'ONU nous informe comment la France est non seulement le dernier pays d'Europe condamné pour ségrégation, et comment la justice française ignore totalement le droit des personnes handicapées....

    "Les aspects normatifs d'une société reflètent généralement la culture et les valeurs des groupes au pouvoir » ( Halley et al. 2011 , p. 4)."

    Cette ségrégation structurelle et institutionnelle n'est pas du tout comprise comme étant intrinsèquement inégale et discriminatoire. Si les gens nous comprenaient mieux, ils verraient que nous sommes aussi des « humains » tout comme eux-Elles et nous accorderaient aussi ce statut d'humanité. Nous n'avons pas encore acquis cette légitimité à être reconnues comme des êtres pouvant s'engager dans une auto-réflexivité. Les personnes ayant certains types de handicaps se heurtent à une stigmatisation considérable.

    De plus, d'après l'ONU, les personnes en situation de handicap psychosocial ou intellectuel sont beaucoup moins identifiables que celles en situation de handicap physique ou sensoriel et les programmes mis en place échouent à répondre à leurs besoins et sont encore plus susceptibles de les négliger.

    Il faut plutôt le comprendre comme la volonté de maintenir le privilège neurotypique en ignorant les « autres », en considérant les minorités comme malades.
    Par exemple, des rares auteurs qui arrivent à accéder au monde universitaires... (un accès extrêmement compliqué en France), comme Chantelle Jessica Lewis et Jason Arday (UK) qui sont parvenues à publier leurs recherches, soutiennent que s'appuyer sur la politique de la neurodiversité en conjonction avec les subjectivités noires peut générer des voies pour exposer et démanteler l'hégémonie neurotypique, ou comment la race et l'hégémonie neurotypique surexposent les chercheurs noirs neurodivers à une forme particulière et omniprésente de double péril, dans un contexte particulier de racialisation de l'hégémonie neurotypique.

    Les droits des personnes handicapées ne sont absolument pas compris, une négligence totale qui restreint les possibilités offertes à ces personnes et réduit leur participation à la vie de leur collectivité. Démanteler ce validisme nécessite de comprendre comment il est lié à la suprématie blanche et à ses privilèges. Plus nous exposons cette idéologie de la suprématie blanche et la manière dont elle est mêlée et entrelacée au capacitisme, plus nous construisons une solidarité avec les personnes victimes de racisme, cette idéologie qui vise à subordonner des personnes spécifiques, où le validisme est le moyen d'atteindre cet objectif :

    "La racine du racisme, c'est le validisme. La racine du validisme, c'est l'anti noirceur."
    — Talila Lewis

    Le validisme n'est rien d'autre qu'un outil de la suprématie blanche.
    La ségrégation des personnes handicapées est une discrimination qui doit cesser.

    Prendre en compte la parole de ces personnes est une exigence démocratique.
    Frantz Fanon, dont les travaux ne sont toujours pas enseignés dans les universités françaises, insistait sur le fait que la discrimination raciale et la domination coloniale d'un groupe sur un autre étaient profondément ancrées dans la mentalité française, que le prétendu fondement philosophique du républicanisme français moderne, le principe de l'égalité des citoyens, était une imposture. Grâce à l'éducation colonisée industrielle, l'internalisation du racisme et de l'oppression sont devenues des connaissances de « bon sens », par celles et ceux qui ont cherché à les soumettre.

    Résister à la blancheur signifie développer une politique de la différence » (McLaren et Torres 1999, p. 59). La blancheur est à l'origine de l'oppression des personnes handicapées. Borthwick note à juste titre qu'il existe une « relation complexe entre le racisme et les préjugés contre les personnes handicapées » (Borthwick 1996, p. 403). Comprendre la manière dont la blancheur crée une discrimination à la fois raciale et liée aux capacités sera un outil utile pour les chercheurs en études sur le handicap pour comprendre la construction culturelle de la capacité/du handicap. Autrement dit, on soutient que le racisme est apparu comme un moyen de contrôle social par les classes dirigeantes pour maintenir leur domination sociale et économique sur les classes ouvrières (esclaves) : il s'agit d'un acte politique (Allen 1994). Thompson (1999) affirme que « le racisme implique des conditions matérielles, du pouvoir, un statut juridique et des privilèges, ainsi que des préjugés. Les racismes sont fonction de l'invisibilité de la blancheur pour les Blancs, une sorte de cécité chromatique (Frankenberg 1993 ; Nayak 1997). Cela contraste avec la capacité des Noirs à comprendre la blancheur (Nayak 1997). La blancheur devient alors pour les Blancs « une forme d'amnésie sociale » (McLaren et Torres 1999, p. 56), un « oubli » (Cornford 1997, paragraphe 21), une « absence » (Nayak 1997, p. 69) et une « illusion » (Jay 1998). La blancheur est « un pouvoir oppressif » (Thompson 1999, p. 142), dont les Blancs ne reconnaissent généralement pas l'existence. Lors des réunions, les Blancs ont le privilège de s'exprimer ; sur le lieu de travail, ils ont le privilège de gagner de l'argent.

    Fondée sur les mouvements eugéniques, l'institutionnalisation des personnes handicapées a entravé leur participation à la société en se basant sur la compréhension que ces personnes étaient moins qu'humaines, et donc une menace pour la continuation de la race humaine (Reaume, 2012). L'eugénisme constitue le fondement idéologique du projet colonial, car l'assujettissement des peuples nécessite un cadre hiérarchique, une infériosation/pathologisation des personnes handicapées, comme dans le contexte français actuel. L'eugénisme blanc est un lieu d'intersection dans la prise en compte de la vie des peuples autochtones handicapés. L'eugénisme est opérationnalisé pour justifier le génocide au nom de la réalisation d'une « race supérieure » (McLaren, 1990, p. 1). Avant la réglementation des peuples autochtones au Canada, les nations autochtones fonctionnaient au sein de structures diplomatiques complexes qui respectaient le caractère sacré de tous les êtres vivants (Simpson, 2008). L'ordre social était maintenu par la reconnaissance des dons de chacun comme ressource pour le collectif (Bell, 2013). Chaque individu occupait une position au sein de la communauté en fonction de sa lignée familiale, de son appartenance à un clan et de sa vocation spirituelle (Bohaker, 2010). Dans la reconnaissance que chaque individu est un descendant de Nanaboozhoo (ou Nanabush), l'être originel (une autre histoire de création qui ne sera pas racontée ici), il y avait une compréhension que tout le monde dans la communauté est parent, et donc il y avait une orientation vers l'inclusion (Simpson, 2013). Cela ne veut pas dire que la discrimination fondée sur le handicap ne s'est pas produite dans les communautés autochtones traditionnelles, mais que la structure de ces nations était fondée sur la relation et le respect comme point de départ (Simpson, 2008). Dans le contexte de l'Amérique du Nord, l'eugénisme caractérise la triade Noir-Autochtone-colon, dans laquelle l'indigénité est remplacée par la blancheur par le travail des corps noirs (Tuck & Yang, 2012). Les peuples autochtones étaient aussi considérés comme moins qu'humains, dans la mesure où leurs corps ne valent pas la peine d'être réduits en esclavage et n'étaient valorisés que lorsqu'ils étaient morts (Deloria, 1969). Ce sont les structures du colonialisme, où le handicap et la différence sont considérés comme des obstacles au progrès. Les idéologies eugéniques continuent de fonctionner dans les systèmes de santé et d'éducation, entravant l'autonomie corporelle et l'autodétermination des personnes handicapées et des peuples autochtones. Quand un enfant naît sur terre, c'est un cadeau pour toute la communauté autochtone. Si un enfant se présente comme handicapé, il est entendu qu'il y a quelque chose à apprendre de cette expérience pour renforcer la communauté dans son ensemble. (Greenwood, 2006). Le colonisateur n'a pas simplement conçu un système éducatif. Il a conçu une éducation spécialement pour détruire les cultures, les systèmes de valeurs et l'apparence autochtones (Linda Tuhiwai Smith, 2012).

    Le 17 04 2023, le CEDS a épinglé la France pour violation de leurs droits fondamentaux. La seule solution pour combattre ces discriminations est de les mettre en lumière et de dénoncer cet individualisme extrémiste propre à ce pays. C'est un problème totalement ignoré, un problème qui n'est pas non plus très vendeur sur le plan électoral par les partis politiques qui se revendiquent être de gauche. Ni la législation nationale, ni les milieux dits « progressistes », ni la quasi majorité des anti autoritaires ou écologistes auto-proclaméEs, ne reconnaissent l'intersectionnalité des discriminations dont sont notamment victimes les femmes handicapées. (ONU, C. Hedon)

    Le travail antiraciste ou antivalidiste ne peut être validé que par les personnes qui sont victimes de racisme et de validisme. Le projet de décolonisation ne peut être mené que par nous, par les coloniséEs. Ne laisser personne qui n'a jamais été dans nos chaussures, où qui ne peut pas y rentrer, nous dire comment les attacher.

    Toute personne qui est offensée par notre travail antivalidiste est validiste, et notre travail ne doit pas sans cesse s'adapter à leur niveau de confort.

    La destruction des privilèges ne pourra jamais se produire par des individus confessant leurs privilèges, qui embrassent la suprématie blanche, qui essayent de se considérer dans une nouvelle position de sujet, mais par la création de structures collectives qui démantèlent les systèmes qui permettent ces privilèges. Les généalogies militantes qui ont produit une réponse au racisme et au colonialisme de peuplement n'étaient pas initialement axées sur le racisme en tant que problème de préjugés individuels. L'objectif était plutôt que les individus reconnaissent comment ils ont été façonnés par des formes structurelles d'oppression.

    La réponse au problème du racisme structurel est devenue une réponse individuelle, une confession individuelle aux dépens de l'action collective.

    Une personne handicapée ne peut pas ignorer les théories abolitionnistes, comme les abolitionnistes ne peuvent pas ignorer la justice pour les personnes handicapées, les deux sont liés, puisqu'il y a un lien très étroit entre la ségrégation, l'incarcération et le validisme (Talila Lewis, 2018). Les soins de santé mentale forcés ne sont pas non plus abolitionnistes. C'est pourquoi l'abolition doit inclure la justice raciale et la justice pour les personnes handicapées. C'est ainsi que le validisme et le racisme s'entremêlent pour criminaliser. Les détentions involontaires pour raisons de santé mentale constituent aussi une criminalisation.

    "La justice pour les personnes handicapées est un ensemble de principes des personnes handicapées (Queer et Trans) qui nécessitent constamment d'être dirigés par cellEux qui subissent l'oppression pour perturber les conceptions systémiques de la colonialité et résister à l'hégémonie occidentale moderne."
    Sins Invalid

    « Nous ne pouvons pas non plus sortir de ce désordre créé avec les systèmes médicaux/juridiques/éducatifs/carcéraux/etc... Si nous cherchons uniquement de l'aide auprès des avocats, nous avons déjà perdu. »
    — Talila lewis (2021)

    C'est pourquoi l'abolition a besoin de justice pour les personnes handicapées. Le handicap est une catégorie intrinsèquement politique, une construction sociale. C'est pourquoi l'abolition est la seule voie à suivre. Ce travail de l'abolition, et donc de décolonisation et la lutte contre le racisme/validisme sont indissociables. Nous ne pouvons pas parler de justice pour les personnes handicapées sans parler d'abolition et sans le démantèlement de la suprématie blanche. Des enfants autistes sont assassinés chaque jour, généralement par un membre de leur famille. Le seul mouvement qui s'attaque actuellement à ces pertes est la justice pour les personnes handicapées, #DisabilityJustice et la solidarité entre les personnes handicapées, #DiabilitySolidarity.

    " Avec la justice pour les personnes handicapées, nous voulons nous éloigner du « mythe de l'indépendance », selon lequel chacun peut et doit être capable de tout faire par lui-même. Je ne me bats pas pour l'indépendance… Je me bats pour une interdépendance qui embrasse les besoins et dit la vérité : personne ne le fait tout seul et le mythe de l'indépendance n'est que cela, un mythe. "
    — Mia Mingus

    " La justice pour les personnes handicapées se centre à la fois sur le passé, le présent et le futur, pas seulement sur le PRESENT/MAINTENANT. Considérer uniquement le PRESENT est un pure produit de la suprématie blanche, du capitalisme, du colonialisme et du validisme."
    — Talila Lewis, 2021

    La justice pour toutes les personnes handicapées est une approche conceptuelle qui aborde les inégalités subies par les personnes handicapées en mettant l'accent sur la façon dont les différents aspects de la discrimination sociale et politique se recoupent.

    De nombreux débats et discussions au niveau international sur la santé mondiale ont déjà eu lieu : Mia Mingus, Talila "TL" Lewis, Liat Ben-Moshe, Farzana Khan... des personnalités incontournables et reconnues sur ces questions ont largement discuté sur l'importance de centrer la justice pour les personnes handicapées dans la lutte contre la crise de santé publique actuelle. Cette manière de ne faire qu'un travail d'urgence blanche, (#WhiteUrgency), sans la moindre réflexion, sans la moindre prévention, sans le moindre effort pour effectuer des recherches fastidieuses sur les causes, parce que ces personnes n'y sont pas obligées, est un pur produit de la suprématie blanche et de ses privilèges.

    Peu de personnes le savent, mais les origines historiques de la protection des réfugiées est raciste et coloniale (White Savior Industrial Complex, ou ici). Une journaliste de « The New Humanitarian » faisait le même constat que moi, dans un article qu'elle a rédigé en Mars 2023. Elle tirait aussi la sonnette d'alarme. Elle a du quitter ce milieu après avoir constaté qu'il était infiltré par des nationalistes blancs, après avoir subi les mêmes intimidations et des violences. Ces personnes « pilotent » ces milieux pour mieux les gérer et surveiller les personnes trop antiracistes ou trop anticoloniales à leur goût... en occultant le travail antiraciste et anticolonial, tout en priorisant ce sntiment d'urgence blanche.

    Cela n'est pourtant pas étonnant, « la chasse aux sorcières de l'État français contre ces écoles de pensée n'est pas surprenante puisque le racisme systémique, institutionnel, le sexisme et d'autres formes de discrimination sont souvent entretenus par des actes de silence. (Sultana 2018, 250) Les auteurs critiques travaillant à décoloniser le milieu universitaire et, éventuellement, la société plus globalement, sont confrontés à une « montée simultanée de la nostalgie coloniale et de la suprématie blanche chez certainEs universitaires » (Sultana 2018, 228)"

    Humanitarian Borders : mobilité inégale et sauvetage de vies de Polly Pallister-Wilkins est une lecture incontournable qui expose les façons fallacieuses dont la violence étatique aux frontières est reconditionnée sous le nom de noble humanitarisme. La décolonisation des études sur la migration signifie les démanteler. Prendre la décolonisation au sérieux ne peut pas signifier que nous continuions à faire ce que nous faisons, selon l'article bien connu de Tuck et Yang (La décolonisation n'est pas une métaphore), décoloniser les études sur la migration, et ne pas en faire une métaphore, ne peut que signifier le démantèlement de ces études.

    L'impérialisme humanitaire et l'humanisme carcéral sont les deux faces d'une même médaille.

    Réussir à naviguer et s'adapter à différents niveaux de vulnérabilité dans ces systèmes structurels multi-oppressifs, nécessite une lentille philosophique que peut offrir le féminisme intersectionnel pour atténuer ses conséquences, ses effets malsains, et comprendre les origines et les effets des phénomènes sociaux, culturels, politiques et économiques qui façonnent les psychologies et les trajectoires de vie de celles et ceux qui vivent avec, au-dessus et sous eux. Le féminisme noir explique très bien comment ce pouvoir est préjudiciable non seulement à celles et ceux contre qui il est exercé, mais également au développement psychologique de celles et ceux qui l'exercent. Ce pouvoir sociopolitique et culturel est un état psychologique qui peut être qualifié de psychose, un sujet peu discuté en tant que tel dans la littérature.

    Exclure des discussions cette culture dominante blanche en tant que culture à interroger, à discuter et à considérer est une manière de rendre cette culture blanche invisible en tant que construction sociale, établie comme un système de valeurs autoritaires original qui éclipse silencieusement toutes les autres cultures et philosophies. Tout cela a conduit et découle de siècles d'altérité, d'orientalisation et d'utilisation des cultures de couleur comme explication des oppressions qui résultent directement du colonialisme de peuplement européen blanc, de l'impérialisme et du capitalisme.
    Cette culture du pouvoir refuse de reconnaître que celles et ceux qui occupent le courant dominant ont été soutenus par ces politiques sociales pendant des siècles. Il est permis finalement à celles et ceux qui sont au pouvoir de fonctionner avec un « handicap psychologique » qui « réduit leur capacité à faire preuve d'empathie », « augmente le sentiment de droit et conduit à un plus grand narcissisme ». Leurs comportements et psychologies sont « similaires à ceux des psychopathes » (Beattie, 2019).

    "Le validisme permet toutes les formes d'iniquité et entrave tous les efforts de
    libération. Il a été utilisé pendant des générations pour dégrader, opprimer, contrôler et faire disparaître les personnes handicapées et non handicapées [...] Le validisme est aussi la racine de toutes les oppressions [...] La construction de la race dépend entièrement du validisme. Nous ne pouvons pas comprendre pleinement le racisme sans une perspective anti-validiste, nous ne pouvons pas démanteler le racisme sans une pratique anti-validiste (cela est particulièrement vrai pour le racisme anti-Noirs/autochtones) [...] Démanteler le capacitisme/validisme omniprésent demande à comprendre comment il est lié à la suprématie blanche, à ses privilèges, il est un activateur d'oppression [...] Une société qui valorise le corps, l'esprit des gens sur la base d'idées de normalité construites, conduit la société à déterminer qui est précieux en fonction de l'apparence d'une personne et/ou sa capacité à [re]produire,... à « se comporter » de manière satisfaisante."
    — Talila Lewis, 2018, 2019, 2022.

    Il est évident qu'on ne peut pas être antiraciste tout en étant validiste.
    On ne peut pas non plus être antivalidiste tout en étant raciste.

    Systématiquement privés de nos droits, il est impossible de lutter contre ce validisme et ce racisme structurel envers les Noirs sans un enseignement du privilège blanc, cela nécessite un désapprentissage de la suprématie blanche.

    Il faut comprendre cela en termes de systèmes et non d'individus.

    Cela peut aider à recentrer le travail des préjugés individuels vers les systèmes qui entretiennent et font respecter ces préjugés. Cela peut nous aider, au contraire, à aborder ces problèmes d'une manière qui s'appuie sur une compréhension de l'intersectionnalité, de la responsabilité, de la position sociale et des privilèges.

    “La décolonisation du handicap nécessite à la fois une prise de conscience aiguë des processus coloniaux qui contribuent au handicap et le provoquent”.
    — David Hollinsworth, 2013).

    « La déségrégation est tout simplement incomplète sans décolonisation. »
    — Nelson Maldonado-Torres, expert en études sur la décolonialité.

    “Il faut un changement significatif de paradigme pour déconstruire nos notions de capacité. Cela nécessite la décolonisation de ces systèmes dans leur ensemble.”
    — Nicole Ineese-Nash, construction, communauté anishinaabek.

    “La connaissance et le pouvoir de définir ce qui constitue une véritable connaissance sont au cœur épistémique du colonialisme.”
    — Linda Tuhiwai Smith

    Andrea Smith (autochtone) et Indigenous Action Media disaient en 2014, à ce propos :
    « De graves manquements éthiques et moraux intégrés à ce processus d'auto-identification font que ces gens (les blanc-hEs) continueront de parler par-dessus nous et pour nous. »

    Jen Deerinwater, une camarade autochtone, érudit, chercheuse, journaliste, poly handicapée, fondatrice de « Crushing Colonialism » écrit :
    "L'effacement des peuples autochtones atteints de maladies chroniques, (un pourcentage qui atteind souvent 50% dans leur communauté - les peuples autochtones du Canada connaissent également un taux de handicap deux fois plus élevé que la moyenne nationale) [...] bon nombre de ces problèmes de santé sont le résultat direct de la violence de cinq siècles de colonialisation [...] l'absence de 'natifs' sur ce sujet favorise le colonialisme des colons et envoie un message clair que nous ne sommes pas les bienvenuEs."

    Les personnes qui veulent "lutter pour leurs droits" devraient regarder le travail que les Noirs et les Autochtones ont déjà fait depuis très longtemps. Cela demande, avant tout de démanteler ce racisme systémique, ce racisme daltonien dont la France est spécialiste.

    "Pour les personnes blanches qui ont intégré cette doctrine française du racisme daltonien (outil très efficace pour perpétuer les inégalités raciales), la seule chose à laquelle elles sont aveugles, c'est leur complicité avec la suprématie blanche."
    — Marie Crystal Fleming, How to be less stupid about race,Resurrecting Slavery : Racial Legacies and White Supremacy in France

    « Trop souvent, nos normes d'évaluation des mouvements sociaux tournent autour de leur « réussite » ou non à réaliser leurs visions plutôt que sur les mérites ou la puissance des visions elles-mêmes. Selon une telle mesure, pratiquement tous les mouvements radicaux ont échoué parce que les relations de pouvoir qu'ils cherchaient à changer sont restées quasiment intactes. Et pourtant, ce sont précisément ces visions et rêves alternatifs qui inspirent les nouvelles générations à lutter pour le changement. »
    — Robin DG Kelley, Freedom Dreams : The Black Radical Imagination

    Comme Audre Lorde nous l'a enseigné :
    « Lorsque nous pourrons nous armer de la force et de la vision de toutes nos diverses communautés, nous serons enfin tous libres. »

    « Si nous adoptons une perspective féministe noire et une justice pour les personnes handicapées… nous comprenons qu'une politique centrée sur celles et ceux qui sont les plus marginaliséEs et les plus touchéEs profitera également à celles et ceux qui sont moins marginaliséEs et moins touchéEs. »
    — Sami Schalk, Black Disability Politics

    Dans son livre, Sami Schalk soutient que l'idéologie révolutionnaire des Black Panthers comprenait le lien entre le racisme, le classisme et le validisme. Leur approche de la politique du handicap ne correspondait pas toujours au langage et aux tactiques du mouvement blanc dominant pour les droits des personnes handicapées.

    Ce modèle social du handicap (basé sur les droits de l'homme) n'a toujours pas été intégré dans la législation française, ni dans la réglementation nationale, pas plus qu'il n'en n'est devenu partie intégrante de la conscience politique et professionnelle de ce milieu, alors que tous les autres pays européens ont transité vers ce modèle.

    Dans « Black Disability Politics », Sami Schalk explique comment (Alison Kafer qui écrit sur l'activisme environnemental) nous avons besoin « d'analyses qui reconnaissent et refusent l'exploitation inextricable des corps, des environnements qui ne diabolisent pas les maladies et les handicaps, et en particulier les corps malades et handicapés, qui résultent de cette pollution », en demandant : « Comment pouvons nous poursuivre la tâche absolument nécessaire de lutte contre la pollution toxique et ses effets sans perpétuer les hypothèses culturelles sur la tragédie absolue du handicap ? ».
    Ou quand les féministes, les antifascistes, les environnementalistes,... utilisent des métaphores du handicap pour parler des effets négatifs du patriarcat (fou, folle, malade, débile,...), des violences du racisme, des dégâts de la pollution,... l'utilisation d'un vocabulaire dont les objectifs sont de ne pas mettre fin à ces violences mais d'effacer et criminaliser encore plus le handicap. Quand l'hypothèse de la folie est une façon pour certainEs d'expliquer un crime horrible... mais plus une approche qui stigmatise les malades mentaux. Comme quand les antifascistes libéraux de la France insoumise (Thomas Portes, entre autres) ne parlent jamais de la « suprématie blanche violente » pour parler de leur violence, mais les traîtent de fous. Des recherches très intéressantes sur les métaphories du handicap sont disponibles dans la littérature noire et autochtone via le site « Disability Studies Quarterly » : Sami Schalk, Professor Tanya Kateri Hernandez..

    La suprématie blanche a toujours été dominante, comme la gouvernance de la question de la ségrégation des personnes handicapées qui est ancrée dans cette même mentalité coloniale, accro au paternalisme, qui nous a conduit à cette situation, une situation où rien ne change. Cela nécessite de dénoncer cette violence épistémique et toutes les conséquences psychologiques qu'elle entraîne. Décoloniser la question politique du handicap n'est pas une fiction ou un fantasme, mais une urgence vitale. Le modèle social du handicap a été abordée pour la première fois par les politiques noires et visionnaires du handicap, dès 1970, il y a déjà plus de 50 ans, parce que la ségrégation faisait partie de leur quotidien. Cela nécessite l'étude des approches autochtones et anglophones du handicap, c'est aussi se rendre compte que tous les pays voisins sont maintenant bilingues, et la France continue à réfléchir, débattre,.. dans une seule langue et croient sincèrement que leur culture est supérieure à celle des autres, contrairement aux pays voisins devenus beaucoup plus anglicisés.

    L'ex-ministre de l'enseignement supérieur F. Vidal a condamné, en 2021, les recherches académiques dans les domaines de la théories critiques de la race, de la décolonialité, et de l'intersectionnalité.. ces condamnations publiques lui ont valu des critiques virulentes de la part du milieu universitaire international, sociologues critiques, entre autres... Ces domaines essentiels ne concernent pas seulement la minorité occidentale, mais surtout la majorité mondiale, puisque de nombreux écrits alertent sur le fait que le racisme crée une mauvaise politique climatique, que la colonialité est un frein aux actions climatiques.

    Ces questions cruciales encore trop peu explorées ont été soulevées lors des manifestations antiracistes de 2020 qui ont rendu urgent l'examen de cette histoire de l'esclavage, de la colonisation, de l'exploitation et le génocide de peuples désignés comme "autres". Pourtant, il subsiste une résistance et une controverse extraordinaires autour du concept de race et de son étude, en particulier dans le contexte français. Il faut se tourner vers les bases de données anglophones pour apprendre sur la nation française et ses citoyens, les questions de l'appartenance raciale française, la relation de la France avec l'empire colonial et le reste de l'Europe, les liens entre la race et les angoisses nationales, le dépeuplement et la dégénérescence, une identité nationale de l'époque de la France du début du XXe siècle qui revenait systématiquement au corps : sa couleur et son sexe, sa dépense de force de travail, sa capacité de reproduction et son expérience du désir. La question de savoir quels types de corps pouvaient s'assimiler à la « race française » était d'une importance primordiale. comment les hiérarchies raciales ont été construites, comment le genre a figuré dans leur création et comment seuls les Européens blancs ont été considérés comme assimilables.

    (comme dans le contexte français actuel)

    « La réalité des problèmes ne sont pas abordés, et les non-problèmes (c'est-à-dire la prétendue corruption des valeurs républicaines françaises par le milieu universitaire) sont surtraités (Harawi 2020). Les contre-récits et les savoirs produits à partir de la périphérie sont jugés illégitimes, voire dangereux. En effet, ce qui compte comme fait reste sous l'autorité de ceux qui « [façonnent] les paramètres de la connaissance légitime », ce qui sert en fin de compte à saper les épistémologies depuis les marges (Aked 2020,117). L'incapacité des auteurs non occidentaux, non blancs, ou des auteurs qui produisent des connaissances depuis les périphéries à être pris au sérieux est intrinsèquement le résultat de la violence épistémologique, ou l'incarnation d'une colonialité de l'esprit en cours (Wa Thiong'o 1992). Les hiérarchies de connaissances centrées sur l'Occident sont telles que les connaissances produites par des auteurs marginalisés (qui peuvent rendre compte de leur expérience vécue) sont elles-mêmes marginalisées et délégitimée (Tuhiwai Smith 2012). »
    - Extrait de « Déni du déni, racisme daltonien, silence en France »
    , Iseult Mc Neulty. [Une traduction disponible sur le blog du KIOSK)

    Ces nombreuses techniques coloniales de la blancheur (gaslighting - police de la parole, nier les expériences, les traumatismes, les handicaps de quelqu'un - larmes blanches, mutisme-silence blanc, mensonge blanc, hypocrisie blanche, blancheur militarisée, pensée punitive de droite...) qui font taire la dissidence et la résistance doivent être dénoncées en permanence, comme cette résistance raciste qui résiste à la guérison de la colonisation tout en se positionnant comme des libérateurs des communautés en marge, ou ces approches blanches dominantes de la lutte contre le changement climatique qui sont racistes ou/et validistes dans leur effacement des voix des communautés diverses les plus marginalisées, autant au niveau locale que les voix Noires et Autochtones. Comme ces organisations anti carcérales qui refusent de comprendre le lien inextricable entre la ségrégation, l'incarcération, la marginalisation, l'exclusion et la suprématie blanche.

    Nous ne pouvons pas imaginer un monde sans frontières si nous n'imaginons pas un monde sans prisons – et vice versa.

    Les deux régimes sont intriqués et mutuellement constitutifs de formes de pouvoir, de violence et de contrôle patriarcales et suprémacistes blanches. La lecture des chapitres "Disability, race, and the carceral state", "Colonial carceral feminism " et "Exposing the complexities of the colonial project" de "The Routledge International Handbook on Decolonizing Justice" est vraiment nécessaire, voir plutôt urgent.

    Extraits :

    "La criminologie – enracinée dans le colonialisme et l'impérialisme – a reproduit et entretenu une fixation sur la relation entre race et crime (Agozino, 2003 ; Kitossa, 2012). Cette préoccupation conduit à rejeter la responsabilité des symptômes du colonialisme, du génocide et du racisme sur les peuples autochtones, tandis que les crimes d'État (génocide, vol d'enfants autochtones, stérilisation forcée, expérimentation médicale, etc.) restent sans réponse."

    "La plupart des analystes décrivent le féminisme carcéral comme un phénomène de la fin du XXe siècle, lorsque les préoccupations féministes concernant la violence sexuelle et domestique se sont heurtées à une frénésie politique et réactionnaire face à la criminalité de rue (Bernstein, 2007 ; Bevacqua, 2000 ; Gruber, 2020). En effet, au cours du millénaire, le féminisme dominant était devenu si étroitement lié au programme de lutte contre la criminalité que les projets de criminalisation étaient constamment au premier plan du programme féministe dominant (Gottschalk, 2006 ; Kim, 2020). Pourtant, l'alliance féministe-système criminel est aussi ancienne que le féminisme américain lui-même, tout comme la critique intra-féministe du féminisme carcéral. Le visage carcéral du féminisme est hypervisible. Les féministes noires ont toujours été sceptiques quant à l'idée que l'État pénal puisse être recruté aux fins de la justice. En 1977, le Combahee River Collective, un groupe de féministes noires qui ont rendu public les oppressions raciales, sexuelles, économiques et sociales imbriquées auxquelles sont confrontées les femmes noires et d'autres femmes du tiers-monde, a publié une déclaration sur les principes du féminisme noir. Il remettait en question l'engagement des féministes traditionnelles en faveur du « séparatisme » des hommes – un engagement qui a considérablement compromis leur confort d'invoquer un système pénal violent, raciste, sexiste et hiérarchique pour discipliner les hommes. « [N]ous nous sentons solidaires avec les hommes noirs progressistes et ne prônons pas le fractionnement qu'exigent les femmes blanches séparatistes », indique le communiqué. « Nous luttons avec les hommes noirs contre le racisme, tout en luttant avec les hommes noirs contre le sexisme. » (Collectif de la rivière Combahee, 1977). Dans les années 1990, alors que le programme de criminalisation féministe se transformait en loi, des groupes comme INCITE ! (2022) ont articulé une vision alternative de la prévention et de la réparation de la violence sexiste qui évite d'amplifier la violence de l'État carcéral [...] En conséquence, le féminisme carcéral n'est pas une « vague » ou une école de féminisme. Et s'il est courant d'attribuer divers programmes de criminalisation aux « féministes carcérales », il n'existe en réalité aucun groupe aussi distinct. Au lieu de cela, le féminisme carcéral décrit des actions et des cadres pro-criminalisation et pro-application de la loi adoptés par diverses féministes, y compris des féministes ayant des engagements préalables anti-carcéraux [...] Par conséquent, décoloniser la justice ne consiste pas à rejeter la vague carcérale du féminisme ou à bannir un groupe unifié de féministes carcérales en marge du mouvement. Cela implique plutôt que des groupes féministes abandonnent les idées et les programmes carcéraux et résistent à l'envie de considérer le droit pénal comme l'ami du féminisme [...] L'héritage institutionnel et méthodologique du racisme américain et du colonialisme de peuplement est l'État pénal et ses auxiliaires [...] De plus, les colonisateurs ont forcé les communautés tribales à abandonner les méthodologies communautaires de résolution de problèmes en faveur du modèle juridique occidental de common law de procédure pénale punitive et accusatoire (DeLoria et Lytle, 1983). En fin de compte, le gouvernement américain a complètement dépouillé les tribus de leur compétence sur les crimes majeurs (voir Ex Parte Crow Dog. (1883). 109 U.S. 556, 571.) [...] En effet, ce système punitif occidental a incarcéré et continue d'incarcérer de manière disproportionnée les peuples souverains des Premières Nations. Les statistiques de disparité sont stupéfiantes. En 2018, selon les données du Département des services correctionnels, les autochtones hawaïens représentaient 23 % de la population d'Hawaï et 47 % des personnes incarcérées sous sa juridiction – un chiffre, selon les experts, qui sous-estime considérablement la proportion de personnes emprisonnées qui étaient autochtones hawaïennes ( ACLU, 2022a ; Initiative sur les politiques pénitentiaires, 2022). Les Amérindiens représentaient 7 % de la population du Dakota du Sud en 2017 et 31 % des personnes emprisonnées [...] En effet, ce système punitif occidental a incarcéré et continue d'incarcérer de manière disproportionnée les peuples souverains des Premières Nations. Les statistiques de disparité sont stupéfiantes. En 2018, selon les données du Département des services correctionnels, les autochtones hawaïens représentaient 23 % de la population d'Hawaï et 47 % des personnes incarcérées sous sa juridiction – un chiffre, selon les experts, qui sous-estime considérablement la proportion de personnes emprisonnées qui étaient autochtones hawaïennes ( ACLU, 2022a ; Initiative sur les politiques pénitentiaires, 2022). Les Amérindiens représentaient 7 % de la population du Dakota du Sud en 2017 et 31 % des personnes emprisonnées..."

    "Les personnes handicapées ont toujours été les principales cibles de la machine carcérale coloniale. De plus, les pratiques génocidaires eugéniques – fondées sur des théories d'insuffisances biologiques perçues visant à effacer la présence à la fois de personnes racialisées et de personnes qualifiées de « handicapées » – ont coïncidé avec des techniques de médicalisation, de pathologisation, de contrôle et de ségrégation (Soldatic, 2020). La réalisation de la justice cognitive dépend plutôt de la reconnaissance d'une pluralité de savoirs – c'est-à-dire d'une justice qui englobe la reconnaissance de la grande diversité épistémologique du monde, y compris les « savoirs abolitionnistes fugitifs/marons » intersectionnels qui proviennent de ceux qui sont les plus touchés par la violence d'État (Liat Ben-Moshe, 2020)."

    "Malgré leur omniprésence dans les régimes carcéraux des colonies de peuplement, les discussions soutenues sur le lien entre race et handicap continuent d'être largement absentes des études décoloniales et abolitionnistes. L'une des conséquences de cette absence est que les implications potentielles d'une telle enquête pour faire progresser les aspirations libératrices de la décolonisation et de l'abolition en tant que projets mutuellement constitutifs restent sous-développées. En poursuivant le développement d'interventions intellectuelles et pratiques visant à démanteler et à transformer les régimes carcéraux coloniaux, les chercheurs et militants abolitionnistes nous exhortent à réfléchir aux interconnexions entre toutes les formes de domination et d'oppression (Davis et al., 2022 ; Matsuda, 1999). Les chercheurs autochtones et décoloniaux ont démontré de manière convaincante les racines coloniales des régimes carcéraux (Chartrand et Rougier, 2021 ; Cunneen, 2021 ; Ross, 1998) et ont reconnu la violence épistémique concomitante (Spivak, 1998) découlant de l'imposition de paradigmes et de processus colonisateurs occidentaux [...] L'État carcéral occidental moderne s'est développé dans le contexte du colonialisme – ce que Chris Cunneen et al. (2013) parlent de complexe pénal/colonial. Les personnes handicapées sont intimement liées à ce complexe, tout comme la carcérale est profondément liée à l'expérience du handicap (Steele, 2017). Comme l'observe Angela Davis (2014), « les pratiques carcérales sont si profondément ancrées dans l'histoire du handicap qu'il est effectivement impossible de comprendre l'incarcération [et la criminalisation] sans s'intéresser à l'enfermement des personnes handicapées » (p. viii)."

    Ces structures de la blancheur sont la base même de la production de diverses formes de marginalisation. Cette blancheur est historiquement construite à travers la politique coloniale du « diviser pour régner », une structure coloniale basée sur la notion de frontières qui forment les infrastructures de la suprématie blanche mondiale. La rhétorique superficielle du multiculturalisme occidental, son déni du racisme daltonien et des connaissances locales et autochtones sont simultanément cooptées pour soutenir ce modèle extractif, qui sont les bases d'actions et de politiques d'effacement locales et à grande échelle.

    Il faut aller en profondeur pour trouver les sources de soins qui existent dans les espaces culturels aux marges de la marge. Ces valeurs de soin et de justice façonnent les idées des communautés progressistes en tant que moteurs de la transformation structurelle. Défendre la connaissance des voix marginalisées et la valeur de la pensée critique est un élément essentiel de la transformation.

    Les soins infirmiers occidentaux sont dominés par la blancheur et la féminité, éclipsant les voix subalternes et faisant taire les ontologies et les épistémologies qui ne respectent pas les normes eurocentriques occidentales. Cela contribue aux processus d'« altérité » (Krabbe, 2021 ; Santos, 2018 ) qui perpétuent le racisme et d'autres formes de discrimination au sein des soins infirmiers, en particulier contre les infirmières de couleur, et par les infirmières envers les autres, y compris les patients (Jenkins et Huntington, 2015 ; Metzger et al., 2020 ; Neiterman & Bourgeault, 2015 ; Nortvedt et al., 2020 ; Tie et al., 2018 ; Truitt & Snyder, 2020 ; Walani, 2015). Alors que les doubles menaces idéologiques de la blancheur et de la féminité sont intégrées à l'échafaudage des soins infirmiers, les valeurs sociopolitiques qui orchestrent la blancheur sont enracinées dans l'individualisme qui, à son tour, soutient la compétition entre les individus et une quête intensive de développement personnel (Phelan et Dawes, 2018 ; Steger et Roy, 2021 ). Un tel individualisme est évident dans la notion de responsabilité individuelle et de désir de s'améliorer, conduisant à la fausse logique selon laquelle avec suffisamment de travail acharné, les gens surmonteront toujours la pauvreté et réussiront (Bhopal, 2018 ; McMaster, 2019 ). À leur tour, ces affirmations peuvent conduire à des politiques qui aggravent les inégalités socioéconomiques en réduisant les programmes sociaux (Steger et Roy, 2021 ). Ainsi, il est de plus en plus impératif que les infirmières éradiquent les solutions performatives et s'efforcent de mener des actions significatives en matière d'équité et de justice sociale qui s'attaquent aux inégalités en matière de santé et garantissent que chaque personne est traitée avec respect, dignité et sans discrimination. Mooreley et coll. ( 2020 ) ont plaidé en faveur de la nécessité de décoloniser les soins infirmiers et Thorne ( 2020 ) a appelé toutes les infirmières à réviser leurs engagements en faveur de l'antiracisme et de la justice sociale dans cette pandémie et à faire partie de la solution. Pour décentrer les idéologies de la blancheur qui perpétuent les systèmes de pouvoir et créent de nouvelles approches dans le discours infirmier, la pratique clinique, l'éducation, la recherche et le leadership, les soins infirmiers doivent théoriser en marge. La pensée féministe noire offre la pratique nécessaire à la transformation en s'alignant sur le savoir sociopolitique de notre discipline (White, 2009 ) et le savoir émancipateur (Chinn & Kramer, 2014 ) qui situe la personne dans un contexte culturel et structurel qui influence la santé et la maladie et reconnaît l'injustice.

    La médecine coloniale ne pourra jamas admettre un diagnostic dont le colonisation est responsable. Elle se focalise sur l'individu et refuse de comprendre que le problème est lié à l'environnement social, un problème structurel et et sytémique, un problème de colonialité. (Inflamed : Deep Medicine and the Anatomy of Injustice)

    En créant des espaces de transformation, Healing Justice LDN, dirigé par Ewa Jasiewiez, Farzana Khan et Sarah Al-Sarraj travaillent au renforcement de la justice de guérison ou curative (#HealingJustice), un collectif dirigé par les communautés elles-même, pour créer une capacité de transformation personnelle et structurelle, afin de désarmer les cycles de préjudice, de mauvaise santé que l'oppression reproduit dans nos communautés et nos mouvements de justice sociale, vers des avenirs sans violence intime, interpersonnelle et structurelle, en se recentrant sur les communautés qui ont été marginalisées. Cette société blanche qui se parle constamment à elle même pense que les communautés les plus impactées ne sont pas capables de faire leur propre recherches.

    De « Je pense, donc je suis », nous sommes parvenuEs à l'expression plus complexe et à la fois philosophiquement et historiquement exacte : « Je pense (les autres ne pensent pas, ou ne pensent pas correctement), donc je suis (les autres ne le sont pas, manquent de sens, étant, ne devraient pas exister ou sont superflus) ». Celui-ci s'est finalement transformé en " Je pense, donc j'occupe, je conquiers". Cette formulation cartésienne privilégie l'épistémologie, qui cache à la fois ce qui pourrait être considéré comme la colonialité du savoir (les autres ne savent pas) et la colonialité de l'être (les autres ne pensent pas).

    "Nous rendons compte du processus par lequel l'équité en santé a été historiquement conceptualisée du point de vue occidental, continuant à laisser derrière nous les nations autochtones. Nous présentons comment le contexte historique influe sur les disparités actuelles vécues par les communautés autochtones aux Etats-Unis.."
    Un article d'Autumn Asher BlackDeer de la Nation Cheyenne (vers un féminisme décolonial autochtone). Une traduction sommaire de son texte

    Les personnes qui survivent à l'intersection de multiples formes d'oppressions voient et ressentent des choses que les autres ne verront jamais (C. J. Lewis, J. Arday).

    L'Alliance des femmes du tiers monde (TWWA) était une organisation socialiste révolutionnaire pour les femmes de couleur actives aux États-Unis de 1968 à 1980. Elle visait à mettre fin au capitalisme, au racisme, à l'impérialisme et au sexisme et fut l'un des premiers groupes à prôner une approche intersectionnelle de l'oppression des femmes. Les membres de la TWWA ont fait valoir que les femmes de couleur étaient confrontées à un « triple danger » d'oppression raciale, sexuelle et de classe. La TWWA s'est efforcée de résoudre ces problèmes intersectionnels, aux niveaux international et national, en concentrant spécifiquement une grande partie de ses efforts à Cuba.

    La pensée coloniale tentera de considérer la lutte pour la décolonisation comme une « cause de troubles », mais les histoires plus profondes de tant d'autres cultures nous apprennent qu'elle profitera à tous sauf à l'élite toxique. Les communautés autochtones et locales à travers le Sud global et celles en marges du Nord global nous offrent des formes d'organisation qui proposent des cadres pour remplacer le colonialisme et le capitalisme, pour défier les mythes mondiaux des entreprises et les attaques coloniales contre l'environnement et les communautés. Nous pouvons construire de nouvelles coalitions qui respectent la terre sur laquelle nous comptons et suivre la sagesse des dirigeants autochtones que nous n'avons pas réussi à effacer, en se tournant vers les communautés qui résistent aux mouvements conservateurs, c'est à dire celles qui servent ce statu quo.

    Comprendre la déshumanisation, c'est comprendre les processus de colonisation, car la déshumanisation précède et jette les bases d'actions du vol colonial et des politiques d'effacement à grande échelle, et la question du génocide n'est jamais loin des discussions sur le colonialisme de peuplement (Patrick Wolfe). C'est cette même logique impérialiste/patriarcale/coloniale de la déshumanisation qui a rendu les autochtones invisibles partout dans le monde. Ne pas être humain, c'est ne pas avoir droit à la dignité, à la compassion ou aux nécessités fondamentales de la vie elle-même. La déshumanisation des autochtones fait partie intégrante de ce processus de colonialisme. Paulo Freire écrivait que la déshumanisation… ne touche pas seulement ceux à qui l'humanité a été volée, mais aussi (bien que d'une manière différente) ceux qui l'ont volée.

    Au Canada et aux États-Unis, où l'habitation humaine a commencé avec les peuples autochtones et s'est poursuivie, les migrations européens sont arrivées avec l'intention de revendiquer ces terres comme les leurs, en s'appuyant sur cette doctrine de la découverte (#DoctrineOfDiscovery #Papalbull #landback #CultureBack #WaterBack..) où les chrétiens se donnaient le droit de tout posséder, et considéraient toutes les autres cultures comme inférieures. Comprendre la doctrine de la découverte et son rôle dans le système racine de la colonisation est vital pour nous si nous ne voulons pas passer un avenir de plus en plus bref à pirater les multiples pousses de l'injustice.

    Le colonialisme est un sujet qui est à peine enseigné dans les écoles et peu discuté dans la société alors qu'il constitue une partie importante de notre histoire, une histoire qui s'est produite de manière surprenante, récemment, et dont les effets se font encore sentir aujourd'hui. Pour mettre fin à la crise climatique, nous devons d'abord démanteler les systèmes d'oppression et coloniaux qui l'ont provoquée. En s'attaquant aux problème du colonialisme, du patriarcat, du racisme,.. nous nous attaquons aux racines de la crise climatique et résolvons les problèmes de justice sociale qui nous oppriment toustEs. Démanteler ce validisme (comme les autres oppressions) nécessite de comprendre comment il est lié à la suprématie blanche (patriarcat) et à ses privilèges. Accepter ce statut privilégié est sociopathique car c'est une acceptation et une approbation des mauvais traitements infligés aux personnes qui ne sont pas privilégiées.

    « Les victimes du colonialisme ne parviendront jamais à persuader leurs colonisateurs de leurs souffrances ou de leur profond désir de liberté. Dans la mentalité euro-coloniale, seuls ceux identifiés comme Européens sont considérés comme capables d'éprouver de véritables souffrances et d'aspirer à la liberté »
    — Frantz Fanon

    Le concept de liberté a tellement été manipulé qu'il se résume finalement au droit du plus fort et du plus riche de prendre aux plus faibles et aux plus pauvres tout ce qui leur reste.

    Notre tâche est de cultiver une autre sensibilité et un travail actif pour démasquer, déraciner cette suprématie blanche en étudiant ses caractéristiques, ces études qui sont quasi inexistantes dans ce pays, et nécessitent de se tourner vers des bases de données anglophones. Se concentrer sur une seule expérience, sur celle d'un groupe qui détient le pouvoir et les privilèges, est préjudiciable à plusieurs égards car elle entraîne l'effacement et le traumatisme persistant des groupes qui sont marginalisés, qui sont les plus touchés par les événements actuels.

    En donnant de l'espace aux personnes appartenant à un groupe marginalisé et en se concentrant sur la réflexion plutôt que sur la réaction, les individus peuvent se décentrer des expériences des groupes historiquement au pouvoir et créer un environnement plus sûr, plus créatif et plus productif face à ce néocolonialisme épistémique. En tant que personnes à la marge de la marge, les personnes handicapées font l'expérience d'un mépris extrême de leur valeur en tant qu'êtres humains dans les sociétés néolibérales, des structures qui sont façonnées par l'éthique des services plutôt que par la prise de décision de ces communautés elles-même. Leurs voix doivent encore être valorisées et leurs besoins fondamentaux satisfaits. De plus, la blancheur des espaces de défense des droits des personnes handicapées, cette addiction au paternalisme et l'ONGisation du secteur signifient que les voix des membres de la communauté aux marges intersectionnelles sont davantage effacées.

    La qualité de nos projets dépendent de la qualité de nos relations, et nécessitent de se concentrer sur la violence comme problème, pas sur le handicap et la résistance à cette violence, en mettant l'accent sur la nature interdépendante de multiples questions de justice sociale, en soutenant les personnes handicapées par l'injustice sociale et cette violence institutionnalisée et en examinant le rôle du plaidoyer et de l'activisme dans la remise en question des structures marginalisantes. L'héritage de la suprématie blanche est tellement présent, qu'on ne peut en parler ou la nommer. Comme l'hypothèse capacitiste selon laquelle la qualité de vie pour les personnes handicapées doit être intrinsèquement inférieure.

    Se concentrer sur la violence secondaire, et non sur la violence initiale est un pur produit de la suprématie blanche, comme cette incapacité à ne plus pouvoir comparer deux choses simples.

    Respecter l'humanité des autres tout en remettant fondamentalement en question leurs positions crée la base des conversations sur les transformations possibles. Il est important de mettre en évidence les catégories de classe et de pauvreté dans des contextes de cultures pour construire ce dialogue. Nous devons continuer à reconnaître l'oppression et à lutter contre elle tout en reconnaissant l'humanité de l'oppresseur.

    Dans "La décolonisation n'est pas une métaphore", Eve Tuck et K. Wayne Yang rappellent une chose simple : la décolonisation, c'est la restitution aux autochtones de leurs vies et de leurs terres. (#LandBack)

    Nous sommes de plus en plus nombreux-sEs à vouloir construire un monde libre de toute domination coloniale, libre de toute oppression.

    Un système suprémaciste blanc et violent est nécessaire et utilisé par la classe dirigeante pour contenir, mutiler et assassiner les communautés indésirables, jugées jetables. Cette oppression conduit à une socialisation qui normalise la pensée violente et la cognition nocive. Rien de tout cela n'est sain ou sensé. Celles et ceux qui n'ont pas assez passé de temps en France ne peuvent même pas comprendre à quel point le déni du racisme y est plus profondément ancré qu'aux soi disant Etats Unis. Le lavage de cerveau par des générations d'hypocrisie, de mensonge, de manipulation, de déni daltoniens... fait que leur cognition est irréversiblement endommagée. La plupart des blanc-hEs ne sont pas positionnéEs ou socialiséEs, n'arrivent même plus à se comprendre entre eux-Elles, leur construction sociale ne le permet pas, ne serait-ce pour comprendre leur société ou leur histoire en terme de relations de pouvoir racialisées. C'est aussi pourquoi la responsabilité envers les noirsEs/autochtones/personnes marginalisées ou de couleur est importante. La suprématie blanche est un projet de conditionnement psychique et d'appartenance toxique, une culture oppressive où le mensonge et la peur induit(e)s empêchent d'énoncer la moindre vérité, un tel désapprentissage qui nous prive non seulement de notre capacité à nous défendre, à comprendre et/ou à rendre justice, autant aux autres qu'à nous-même.

    De manière générale, les suprémacistes blanc-hEs, les colons, craignent leur victimes. Souvent, leur violence est planifiée à l'avance. Leur récit est, dans la plupart des cas, absurde. Leur priorité, c'est de normaliser l'oppression. Le pouvoir signifie, chez eux-Elles, une capacité à dominer les autres. Ces personnes, habituées aux critiques, ont intériorisé un état d'esprit de prédateurs. Au lieu de prendre leur responsabilité personnelle, ces personnes font appel à des institutions qui sont formées pour maintenir ces privilèges.

    Les colonisateurs ont passé 500 ans à blâmer leurs victimes, ils ne sont pas prêt de s'arrêter.

    La marginalisation se produit lorsque des groupes sont relégués à l'extérieur de la société, devenant sans voix et peu impliqués dans la gestion des affaires de leurs communautés – aux niveaux local, régional, national et mondial – et, par conséquent, deviennent des membres de la société de moins en moins pertinents et jetables. L'émancipation émotionnelle cherche à aider les Noirs dépossédés et privés de leurs droits à retrouver un sentiment d'action, en soulignant la responsabilité et l'obligation de faire des choix et de participer aux affaires qui régissent leur vie, en agissant en tant qu'agents, responsables de faire des choix pour le bien de leurs communautés. Le signe d'un cercle d'émancipation émotionnelle efficace est un mouvement vers une action communautaire organisée et un engagement civique.

    Notre imagination est limitée par la suprématie blanche.

    "Connaître le passé fait partie de la pédagogie critique de la décolonisation.
    Détenir des histoires alternatives, c'est détenir des connaissances alternatives."

    — Linda Tuhiwai Smith

    "Le pouvoir des connaissances autochtones, c'est le pouvoir d'un autre type d'imagination, d'une autre vision du monde et de ce qu'il peut être. L'occident (suprématie blanche) est dépourvu de cette imagination."
    — Linda Tuhiwai Smith, Lowitja 2023.

    "Toute l'histoire de l'occident est très intéressante... Après des décennies d'incitation au racisme, la suprématie blanche a réalisé qu'il y avait trop de racistes sans instruction et pas assez de racistes de formation classique, alors ils ont essayé de rééquilibrer la balance vers une suprématie blanche respectable..."
    @IndigenousX (site publiant des écrits d'autochtones de toute l'Australie)

    Il suffit d'être, ne serait-ce qu'un minimum géographe, pour comprendre le génocide actuel des peuples autochtone sur tous les continents, pour comprendre les dégâts du racisme et du colonialisme industriel européen, en allant lire par exemple les travaux de Moana Jackson, un autre grand spécialiste des questions autochtones internationales, défenseur des droits des Maoris :
    « Le racisme en tant qu'idéologie et pratique est profondément ancré dans l'histoire de ce pays, mais il est encore trop souvent mal compris ou séparé de la colonisation qui l'a engendré et soutenu. » - #MoanaJackson

    "Comme toutes les idées qui ont été utilisées pour justifier la colonisation, le racisme s'est développé au fil du temps à travers une histoire complexe et unique en Europe, dans laquelle la curiosité normale des gens pour le différent et l'inconnu s'est transformée en une détermination condescendante à assimiler différence avec l'infériorité." - #MoanaJackson

    (comme dans le contexte français actuel)

    "L'abolition des prisons s'accompagne de l'abolition de la dialectique colonisatrice"
    — Matua Moana Jackson

    La "blancheur" est une invention, créée dans ce processuss de création de la suprématie blanche. Les blancs ont créé ce concept pour se différencier de la "coloration" et refusent maintenant de parler de #CriticalRaceTheory (théorie critique de la race) et d'intersctionnalité, de comprendre l'intersection entre le racisme, l'empire et la catastrophe en cours...

    "L'ignorance structurée de la blancheur produit le 'résultat ironique', conclut Charles Mills, que : "Les blanch-Es seront incapables de comprendre un système qu'iElles ont eux-même mis en place. L'incapacité à comprendre ce monde lui permet de persister."
    — Charles Mills, Le contrat racial.

    “La violence d'État se cache et se développe, blesse et désarme, parce qu'on nous dit que c'est pour « notre propre bien ». La bureaucratie violente, les évaluations, l'attente, le fait de se sentir indigne, de se faire dire que le problème, c'est vous et non ce système qui protège les privilèges de la suprématie blanche [...] La fraude aux prestations a d'abord été mobilisée contre les demandeurs d'asile, pour ensuite être reproduite vers les personnes handicapées. La violence d'État est une caractéristique du système de protection sociale, pas un bug. […] Lorsque cette violence est qualifiée uniquement de « défaut », cela risque de laisser entendre que le système est en panne, plutôt que de dire qu'il fonctionne parfaitement, comme il a été conçu. Les « défauts » canalisent notre énergie vers la correction et la réforme d'un système violent. »
    China Mills

    Une grande partie de la violence de l'Etat est dissimulée en présentant les personnes touchées comme des « fardeaux » ou comme des « voleurs ». Ces descriptions sont les fils conducteurs de la violence contre des groupes différemment opprimés, en particulier les personnes racialisées, handicapées et pauvres. Alors que certainEs voient le problème comme des failles dans un système qui a besoin d'être réformé, d'autres voient cette violence comme une caractéristique et non comme un bug, et s'efforcent d'imaginer au-delà de l'État, vers des infrastructures affirmant la vie et fondées sur notre dignité non négociable et des soins collectifs.

    C'est pour fonctionner ainsi que les etat-nations ont été conçus.

    "Un tel privilège de l'histoire de l'État, en particulier de l'État-nation, naturalise le pouvoir et la violence dans les esprits, restreint la possibilité d'une vision plus complète de l'expérience humaine et étouffe d'autres visions et voies."
    — Dilar Dirik

    "Le libéralisme est l'infrastructure du fascisme et du colonialisme. Il n'est pas surprenant que les libéraux (et les gouvernements) appellent au génocide en Palestine. L'individualisme possessif, la blancheur, le patriarcat, la conquête, le colonialisme, le génocide et le racisme sont profondément enchevêtrés."
    Jairo I Funez-Flores

    « Après tout, s'il n'y a pas de stratification de classes dans une société, il s'ensuit qu'il n'y a pas d'État, car l'État est apparu comme un instrument utilisé par une classe particulière pour contrôler le reste de la société dans son propre intérêt. »
    — Walter Rodney, Comment l'Europe a sous-développé l'Afrique

    Une incitation au déni et à la non responsabilisation, une refus constant de réfléchir aux crimes de la suprématie blanche, alors que les conflits interpersonnels ou "guerres culturelles" tournent autour de ce droit à l'oubli. Voilà à quoi ressemble la notion de responsabilité au sein d'institutions fondées sur la violence. Demander aux colonisateurs d'arrêter de pratiquer le racisme c'est leur demander d'arrêter de se sentir puissants.

    La justice globale pour les personnes handicapées a besoin de la libération queer, de la libération des trans, de la libération des NoirEs, de la libération des Autochtones, de la liberté sexuelle et reproductive, de l'abolition des systèmes et des espaces carcéraux, de la fin de la suprématie blanche et du colonialisme des colons, d'un passage d'une économie d'extraction et d'exploitation à une économie générative et une restitution des terres aux peuples autochtones, de la fin de l'empire.

    De toutes les révolutions à venir, la libération des enfants sera sûrement la dernière, et nous ne la verrons peut-être jamais. Parce que cela nécessite, plus que toute autre chose, un niveau d'empathie et de responsabilité dont les adultes dans leur ensemble sont incapables, et la majorité des femmes blanches ne sont fondamentalement pas équipées pour mener un militantisme communautaire efficace.

    Lea nationaliste blanc est une personne appartenant à un groupe de militantEs blancs (ou avec un manteau blanc) qui épousent les caractéristiques fondamentales de la suprématie blanche, et qui prône la ségrégation sociale renforcée. Plus vous guérissez, plus vous réalisez qu'avoir accès à vos droits vitaux est un privilège et révoquer celles et ceux qui franchissent à plusieurs reprises ces limites, qui vous octroient ces droits, déclenchent la santé mentale. C'est du soin personnel de premier ordre. Le rejet influent et généralisé de l'égalité raciale par les individus, les communautés, les fonctionnaires et les institutions ont suivi la tradition des premiers générations de suprémacistes blancs déterminés à contrecarrer la société civile dans l'acquisition de ses droits fondamentaux, hier et aujourd'hui. Définition du nationalisme blanc

    « On ne libère pas les gens en les aliénant. La libération authentique – le processus d'humanisation – n'est pas un autre dépôt à faire chez les hommes. La libération est une praxis : l'action et la réflexion des hommes et des femmes sur leur monde pour le transformer. »
    — Friere

    Avant la Journée de l'UNESCO, en mémoire de la traite transatlantique des esclaves et de son abolition, un juge de premier plan de l'ONU, Patrick Robinson affirme que la réparation pour l'esclavage transatlantique « est requise par l'histoire et est requise par la loi ». L'héritage du colonialisme européen et de la traite transatlantique des esclaves a créé des injustices systémiques profondément enracinées qui continuent de dévaster la vie de milliards de personnes dans le monde.

    « Ils ne peuvent pas continuer à ignorer les plus grandes atrocités, qui témoignent de l'inhumanité de l'homme envers l'homme. Ils ne peuvent pas continuer à l'ignorer. Des réparations ont été payées pour d'autres torts et évidemment bien plus rapidement, bien plus rapidement que les réparations pour ce que je considère comme la plus grande atrocité et le plus grand crime de l'histoire de l'humanité : l'esclavage transatlantique, a déclaré Robinson. »

    "Ce monde existe uniquement pour satisfaire les besoins – y compris, et surtout, les besoins sentimentaux – des blanc-hEs [...] Le sauveur blanc soutient des politiques brutales le matin, fonde des oeuvres caritatives l'après-midi et reçoit des récompenses le soir [[[...] Le complexe industriel White Savior n'est pas une question de justice. Il s'agit de vivre une grande expérience émotionnelle qui valide le privilège."
    — Teju Cole

    "Le "sentiment d'urgence" (#WhiteUrgency) est un ensemble de tactiques suprémacistes blanches dans lesquelles la vision et la complexité à long terme sont sacrifiées au service de l'opportunisme et, en fin de compte, du renforcement de celles et ceux qui sont au pouvoir."
    — Teju Cole

    "La domination coloniale, l'esclavage et l'engagement ont conduit à l'amélioration des sociétés européennes directement aux dépens de la vie, des moyens de subsistance et de l'environnement des autres"
    Gurminder K Bhambra

    Le piège mental d'être le « sauveur » que connaissent certains Blancs est l'une des barrières qui empêchent la collaboration entre les différentes races. Si nous comprenons ce que signifie la noirceur et la blancheur comme faisant partie d'une relation dialectique indissociable de la positionnalité historique, alors nous pouvons commencer à voir le racisme en termes de structures et de systèmes plutôt qu'en termes d'individus, en commençant par démythifier l'histoire dans les écoles grâce à des programmes décolonisés, et cela peut aider les collègues blancs à éviter les pièges de la défensive ou de la honte. Une éducation doit inclure le soutien et l'"ascension" des Blancs pour qu'ils comprennent et voient leurs positions sociales, leurs ressources sociales, qu'ils soient en même temps capables de détenir des vérités complexes. Les Blancs qui sont nés aujourd'hui n'ont pas créé ce système, mais ils y sont nés et, pour cette raison, ils en bénéficient – ​​qu'il s'agisse de l'accumulation intergénérationnelle de richesses, de l'accès accru, subtil ou parfois moins subtil, à l'éducation sociale, ou la capacité de « réussir » dans le monde universitaire. Les privilégiéEs doivent assumer leurs responsabilités et comprendre leur position historique : les structures et des barrières discriminatoires sont en place depuis des siècles. Devenir la proie de ce système est inévitable, même pour les plus intentionnéEs. C'est pourquoi nous devons discuter ouvertement du privilège blanc et des approches eurocentriques de la connaissance. Ces discussions aideront à combler les écarts entre les « races ». on ne peut pas réussir à vaincre le racisme anti-Noirs sans détruire de manière critique la blancheur en tant que marqueur de pouvoir et de privilège.

    Trois façons courantes par lesquelles les universitaires blancs colonisent la décolonisation.

    1- Le sauveurisme blanc classique : ils savent mieux, sont mieux équipés, ont de meilleures compétences nécessaires pour « décoloniser », « sauver » et nous « aider ». Et ils l'annoncent quand et où ils le peuvent. Ils utilisent le terme « décoloniser » plus que quiconque. Mais leurs actes ne correspondent pas aux paroles.
    2- ils n'ont pas fait de travail personnel/institutionnel pour défaire les formes coloniales de production ET de réception de connaissances. L'étalon du colonisateur est toujours l'étalon de mesure. Ils veulent que le travail décolonial s'intègre parfaitement dans ce qu'ils font. Ils recadrent pour rendre acceptable.
    3- ils ne savent pas que parce que le colonialisme est violent, la décolonisation est également violente. Ils veulent donc que nous soyons doux et polis, que nous soyons reconnaissants de nous donner l'opportunité de « décoloniser ». (@ProfAlang)

    Les ancêtres cheyennes pratiquaient des brûlages contrôlés pour aider à défricher la terre et à fertiliser le sol pour une nouvelle croissance. Alors quand ils disent que parfois la décolonisation nécessite de tout brûler, surtout ce qui ne peut pas être décolonisé, c'est un discours ancestral et traditionnel. @DrBlackDeer

    Le privilège des Blancs, c'est dire que les Noirs et les bruns détruisent les quartiers, tout en oubliant que les Blancs ont détruit les continents. Une fois que l'on connaît cette logique coloniale blanche, il est difficile de ne pas la voir partout. Si les colonisateurs peuvent garder les gens concentrés sur 500 ans au lieu de 100 000 ans d'histoire, les gens continueront à croire que le status quo est la nature humaine. Les arborigènes d'Australie ont pourtant un système d'éducation vieux de 60 000 ans.

    "La catastrophe climatique n'est pas née de « l'humanité », mais de la plantation d'esclaves, de la ville de colons, de la prison, de la réserve. Il n'est donc pas surprenant que les solutions proposées par ceux au pouvoir soient plus ou moins les mêmes : le mur frontalier, la mine à ciel ouvert. Pour que nous puissions vivre dans tout ce que j'espère que nous pourrons un jour appeler liberté, il est nécessaire de mettre rapidement un terme à la pulsion de mort déguisée en vision du monde - l'épistémè meurtrière qui nous est imposée par le maître/colon/PDG [...] Un manque de curiosité : c'est ce qui différencie le projet violemment spéculatif de la "civilisation occidentale" de ces cinq cents dernières années de ce que j'appellerais : l'imagination [...] Et pire encore, lorsqu'ils ont été confrontés aux complexités et à la richesse de la vie terrestre, ils ont choisi d'y imposer leur vision du monde, en rejetant toutes les alternatives, en les persécutant et en les refoulant dans la clandestinité."
    — Leanne Betasamosake Simpson et Robyn Maynard, Rehearsals For Living

    NoirEs sous surveillance, Robyn Maynard. Esclavage. répression. ségrégation. Appauvrissement, peur et haine des NoirEs. Une histoire du Canada. Un livre à lire absolument.

    « Nous devons constamment critiquer la culture patriarcale impérialiste de la suprématie blanche parce qu'elle est normalisée par les médias de masse et rendue non problèmatique. »
    — bell hooks

    La littérature anglophone regorge de livres monuments comme :
    Against White Feminism, de Rafia Zakaria, traduit dans toutes les langues européennes, sauf en français, est une lecture obligatoire pour comprendre les origines coloniales, où les femmes blanches ont été éduquées dans une position de supériorité par rapport aux femmes de couleur. Un extrait adapté du premier chapitre., rencontre avec la féministe impériale, Gertrude Bell.
    Talkin' up to the white woman, d'Aileen Moreton-Robinson.
    The White Possessive, d'Aileen Moreton-Robinson encore, pour apprendre comment les besoins de possession les colons - terre, corps - dicte des gouvernements entiers.
    ....

    D'autres textes à lire en pièce jointe :

    - Remédier aux injustices de longue date et contrer la suprématie blanche qui se déguise en écologistes". Une provocation au réseau "Les soulèvements de la terre".

    - Decolonising Climate Coloniality (Décoloniser la colonialité climatique).
    Une traduction d'un texte de Farhana Sultana

    - La colonialité du pouvoir.
    La colonialité du pouvoir est le concept central de la pensée décoloniale, qui s'oppose à l'eurocentrisme, et alimente l'approche intersectionnelle, et touche donc au féminisme, au racisme, aux relations de domination, à la politique, au savoir, etc...

    - Traduction de "Denial of Denial : Color-Blind Racism and Academic Silencing in France", Iseult Mc Nulty.

    - Les cinq refus de la suprématie blanche - Charles Mills.

    Tous les fichiers sont téléchargeables.

    Contacts du KIOSK :

    Mail : infolekiosk chez riseup.net

    Réseaux sociaux : Twitter
    D'autres traductions disponibles en lien avec la culture radicale du handicap sur le blog du KIOSK

    Propositions de textes et techniques : Vous êtes hypersensibles à cette violence de la suprématie blanche ? Vous pensez que nous sommes trop sages, trop poliEs, trop doux avec ces personnes ? On vous reproche d'être tout le temps en colère ? Au quotidien ?Vous avez aussi vécu des (multiples) traumatismes en vous opposant à cette culture toxique ? Vous avez des réflexions et des techniques pour la démanteler à partager ? Bienvenue dans ce monde marginalisé. Ces textes sont faits pour exposer cette violence, théorises ces souffrances, n'hésitez pas à partager vos expériences, vos critiques, vos conseils en lecture décoloniale, ou vos compliments... et écrire à cette adresse : infolekiosk chez riseup.net.

    SeulE, on va plus vite, à plusieurEs on va beaucoup plus loin.

    Prof. Sultana :
    Elle est à l'origine de la création du concept de colonialité climatique : #ClimateColoniality. Voir ses nombreux travaux et recherches sur son site.

    LE KIOSK (Radikal Book Store)
    Le mot radical, dans son sens originel signifie « aller à la racine de » ou « rechercher les causes profondes », un mot dont le sens est volontairement déformé par celles et ceux qu'il dérange. Les processus et stratégies centrés sur la démocratie radicale servent d'axes de changement social mondial. Nous devons dépasser le point de tenter des petits ajustements d'un système qui est essentiellement de nature extractive, qui extrait une plus-value des corps des travailleurs et utilise les autres corps comme décharge, et ne pas essayer de résoudre cette crise du changement climatique en s'appuyant sur les traditions colonisatrices et les solutions technologiques à but lucratif proposées par l'Occident et plongées dans cette idéologie de la blancheur.

    Les racistes les plus problématiques sont celles et ceux qui ne dénoncent pas la violence de la suprématie banche. Faire face à la crise climatique nécessite de démanteler cette suprématie blanche.

    1 - Abolition

    Abolition for the People

    La justice pour les personnes handicapées est le coeur de l'abolition de la police et des prisons
    « The Movement for a Future Without Policing & Prisons » est un projet produit par Kaepernick Publishing en partenariat avec Level Medium, qui a publié des histoires d'organisateurs, de prisonniers politiques, d'universitaires et de militants – qui pointent toutes vers la conclusion cruciale selon laquelle le maintien de l'ordre et les prisons ne constituent pas des solutions fourre-tout aux problèmes et aux personnes que l'État considère les problèmes sociaux.

    2 - Handicap et climat

    Indigenus Climate Action :
    Disability Justice=Climate Justice (Indigenous Climate Action)
    #DisabilityJustice #DisabilitySolidarity #IndigenousKnowledge

    3 - Handicap et migration

    La migration a toujours été une question de justice pour les personnes handicapées.

    Anticolonial Research Library
    Bibliothèque sur les méthodologies de recherche autochtones et anticoloniales.
    #Decolonisation #DecolonizingMethodologies #Methodologies #Ethics

    4 - White supremacy culture (Culture de la suprématie blanche)

    Les caractéristiques de la culture de la suprématie blanche :
    Culture de la suprématie blanche (divorcer)

    Comment (ne pas) démanteler la suprématie blanche

    Bâtir des organisations résilientes (Maurice Mitchell et The Forge - Stratégie et pratique d'organisation)

    5 - Ecofascisme

    Compréhension de l'écofascisme et la production sociale de la rareté :
    Pour les universitaires ou celles et ceux qui y ont accès, un article sur l'émergence de l'environnementalisme fondamentaliste au milieu des années 1980, illustrées notamment par la théorie de « l'écologie profonde » et le mouvement social Earth First !, une confusion qui a éloigné les écologistes fondamentalistes d'une analyse des relations de pouvoir qui sous-tendent les inégalités sociales et la destruction de la nature.

    6 - Ecologie décoloniale et coloniale (eurocentrique)

    Ce que l'écologie sociale , l'écologie politique et l'écoféminisme parlent, c'est de relier les questions environnementales à l'héritage du racisme et de la colonisation, qui reste peu exploré. Voir les travaux de Malcom Ferdinand.
    Ecologie décoloniale :

    7 - Théorie Critique de la Race

    Réflexions sociologiques sur la race, la neurodiversité et l'enseignement supérieur
    #CRT, #CriticalRaceTheory

    Critical Race Theory : Confronting, Challenging, and Rethinking White Privilege
    #CRT #CriticalRaceTheory #ColorBlind #ColourBlind

    Un argumentaire en faveur de pédagogies antiracistes et décolonisatrices (Brésil) :
    Démanteler la suprématie blanche dans les études et sciences environnementales :

    8 - Décoloniser la justice

    Un ouvrage en accès libre à la demande des éditeurs et l'université d'Auckland, éd. Routledge. Un mouvement mondial croissant visant à décoloniser les politiques et les pratiques des États, ainsi que sur diverses connaissances disciplinaires, notamment la criminologie, le travail social et le droit, des travaux d'avant-garde et politiquement engagés d'un groupe diversifié d'écrivains qui prennent comme point de départ une analyse fondée dans une perspective décolonisatrice, décoloniale et/ou autochtone :
    #DecolonizeJustice #CarceralFeminism
    Le manuel International sur la décolonisation de la justice :
    Un Thread (Alt) sur la présentation des différents chapitres du livre
    C'est un livre que je suis en train de traduire (aide bienvenue).

    9 - Décoloniser la question criminelle

    Un livre essentiel qui explore la relation difficile entre la justice pénale et le colonialisme. Disponible en libre accès. À lire absolument !
    Décoloniser la question criminelle : héritages coloniaux, problèmes contemporains :
    #DecolonizeTheCriminalQuestion #ColonialityOfJustice #ColonialLegacies

    10 - Sauver l'âme des blanc-hEs, des colons. Vers l'innocence des colons

    Nationalisme végétalien ? : le mouvement israélien pour les droits des animaux à l'heure de la lutte contre le terrorisme :
    A l'heure de la lutte contre le terrorisme, le mouvement végano-nationaliste devient un cadre discursif et réglementaire dans lequel il est considéré comme une preuve de la supériorité morale d'une nation dans un contexte colonialiste, soulignant implicitement la barbarie et le retard des « terroristes ».

    11 - Décoloniser l'éducation

    La nécessité de décoloniser l'éducation est cependant un sujet de discussion permanent à l'Unisa depuis de nombreuses années :
    Décoloniser, c'est enfin respirer :

    12 - Décoloniser le handicap, penser globalement

    Disability and the global south (DGS) est la première revue internationale à comité de lecture engagée à publier des travaux de haute qualité axés exclusivement sur tous les aspects de l'expérience du handicap dans les pays du Sud.



    https://lenumerozero.info/IMG/pdf/handicap_1.pdf

    https://lenumerozero.info/IMG/pdf/handicap_2.pdf

    https://lenumerozero.info/IMG/pdf/handicap_3.pdf

    https://lenumerozero.info/IMG/pdf/ecofascisme_1_bis.pdf

    https://lenumerozero.info/IMG/pdf/ecofascisme_2_bis.pdf

    https://lenumerozero.info/IMG/pdf/ecofascisme_3_bis.pdf

    https://lenumerozero.info/IMG/pdf/introduction-sultana-decolonizing-climate-coloniality-2023-3.pdf

    https://lenumerozero.info/IMG/pdf/understanding_climate_coloniality-sultana-decolonizing-climate-coloniality-2023-3.pdf

    https://lenumerozero.info/IMG/pdf/decolonising_climate_coloniality-sultana-decolonizing-climate-coloniality-2023-3.pdf

    https://lenumerozero.info/IMG/pdf/5_refus_de_la_suprematie_blanche_affiche.pdf

    https://lenumerozero.info/IMG/pdf/coloniality_of_power.pdf

    https://lenumerozero.info/IMG/pdf/iseult_mc_nulty_corrige.pdf

    https://lenumerozero.info/IMG/pdf/rapport_onu_handicap.pdf

    https://lenumerozero.info/IMG/pdf/25_-_disability_race_and_the_carceral_state.pdf
  • Tuesday 12 March 2024 - 22:43

    Depuis la seconde moitié du XIXe siècle, l'histoire du logement se confond, sur l'ensemble du bassin stéphanois, avec le développement industriel et la hausse continue du nombre d'habitants. L'habitat, devenu rare, d'une insalubrité prononcée et indigne, explique que bon nombre d'ouvriers aient vécu dans des conditions de vie inacceptables. Émission du Gremmos sur Radio Dio, du 3 décembre 2023.

    À l'inverse de ce qui se produit ailleurs – par exemple à Arc-et-Senans (Doubs), à Mulhouse ou au Creusot –, les élites économiques, patronat en tête, n'innovent pas en matière de construction. Il faut attendre le début du XXe siècle pour que celles-ci s'engagent en faveur d'une multitude de modes d'habitat ouvrier. Notre région, marges altiligériennes comprises, constitue dès lors un laboratoire assez remarquable, proposant une grande diversité de modèles résidentiels. Les influences extérieures, anglaises ou françaises, venues du Pas-de-Calais ou d'Alsace, s'y retrouvent : logements individuels ou collectifs, habitations destinées aux célibataires ou aux familles, des cités-jardins jusqu'aux colonies industrielles et aux usines-couvents.

    L'ensemble de ces constructions, longtemps objet du paternalisme industriel, d'une forme d'action collective patronale voire de politiques municipales, constitue ce que l'on peut élever au rang de « patrimoine », encore en usage au contraire des friches industrielles. Le logement ouvrier est cependant, par ses caractéristiques et son ancienneté, d'une fragilité préoccupante. Entre rénovations impératives et représentations contemporaines du confort et du bonheur − promouvant le modèle pavillonnaire –, l'habitat ouvrier risque de perdre son identité et sa singularité.

    Illustration : photogravure de Felix Thiollier - Maison de mineurs au quartier du Clapier à Saint-Étienne.

  • Tuesday 12 March 2024 - 22:30

    Comme tous les mardis soir, la team Minuit Décousu en découd avec la nuit sur Radio Canut (Lyon et alentours) autour de sons, de textes, d'archives et de voix qui s'entremêlent.

    Dans notre dernière émission on détricote la réponse pénale aux révoltes de l'été 2023 qui ont suivi la mort de Nahel Merzouk à Nanterre avec un documentaire réalisé à partir du témoignage de Thierry. Le témoignage a été enregistré par des camarades stéphanois·es fin 2023. Il revient sur son arrestation pendant les révoltes et sa condamnation à 18 mois de prison dont 6 fermes à la Talaudière, puis sa sortie en liberté conditionnelle.

    En deuxième partie d'émission on traverse la météo à l'aide d'une prothèse de hanche qui prédit le beau temps, des modifications technologiques du climat, des insectes qui disparaissent et la mythique météo marine... Y'a plus de saisons ! Une traversée de sons, de textes et de voix sur la météo ⛅

    Notre émission s'écoute ici ou sur toutes les applis de podcast. Bonne écoute !

    Si tu veux retrouver l'intégralité du témoignage de Thierry, c'est par là : https://infosprisonsaintetienne.over-blog.com/2024/01/discussion-avec-thierry-incarcere-a-la-talaudiere-suite-aux-emeutes-apres-la-mort-de-nahel.html

    Minuit Décousu, le 23-00h de création sonore/documentaire sur Radio Canut tous les mardis soirs et en rediff' sur Cause Commune à Paris/IDF.
    En podcast ici ou sur toutes les autres applications de podcast :
    https://audioblog.arteradio.com/blog/139527/minuit-decousu

  • Tuesday 12 March 2024 - 21:54

    Chers ami-es, chers camarades,

    Après plusieurs années d'absence, la Jeunesse Communiste de la Loire renoue avec sa SEMAINE DE LA PENSÉE MARXISTE ! Cette année, elle sera orientée sur la thématique de l'écologie.

    Au programme : conférence, projection, table ronde et concerts !

    Nous espérons vous y retrouver nombreux et nombreuses !

    Programme complet ci-dessous (et sur l'affiche en pièce-jointe) :

    - Lundi 18 mars, 18h, Salle K06, Campus Tréfilerie :
    « L'écologie réelle, l'exemple révolutionnaire de Cuba » avec Guillaume SUING

    - Mardi 19 mars, 20h, Méliès Saint-François :
    Projection du film « Face aux limites » d'Emile BINET et Simon FERDY suivie d'un débat

    - Vendredi 22 mars, à partir de 18h, La Cale, Amicale Laïque du Crêt de Roch :
    Table ronde « Écologie ou justice sociale, faut-il choisir ? » avec plusieurs organisations syndicales suivie de 4 concerts (plus d'informations sur l'affiche en pièce-jointe)

  • Tuesday 12 March 2024 - 21:51

    Festival autogéré de pédagogie sociale décoloniale, du 15 au 17 mars à Recoubeau dans la Drôme.

  • Tuesday 12 March 2024 - 21:50

    Note Modération Numero Zero : Un premier texte « Le danger des idéologies suprémacistes I » est proposé ici : https://lenumerozero.info/Le-danger-des-ideologies-supremacistes-I-6509

    Décoloniser les espaces publics, les mouvements de justice sociale, anti carcéraux, environnementalistes... c'est penser au-delà des idéaux occidentaux. Lorsque ces lieux et protestations ne sont pas accessibles, cela devient un privilège.

    Ne laissons jamais le confort nous faire taire.

    Ce texte, ou "petit guide de sensibilisation à la décolonisation", renvoie vers des liens anglophones. Les lecteurs non anglophones doivent installer une extension sur leur navigateur pour la traduction automatique, afin d'apprendre, désapprendre et partager des idées pour décentrer et détourner le pouvoir de la colonialité. Découvrir d'autres cultures, d'autres manières de voir le monde qu'à travers celui de la blancheur, de l'arrogance, de l'orgueil, de ce barbarisme de l'indifférence.

    "L'indignation des personnes handicapées est nécessaire et libératrice ; elle révèle les fissures de la société et les conséquences de l'oppression structurelle. Elle vient d'un lieu de souffrance et d'injustice. C'est une résistance contre l'effacement." - Alice Wong 王美华

    Décoloniser les espaces de justice sociale

    vous ne rendez pas justice aux personnes handicapées, vous ne pouvez pas lutter contre l'incarcération, l'exclusions sociale, la ségrégation, la catastrophe en cours...
    - si vous êtes blanc-hEs et que vous ne contestez pas explicitement la suprématie blanche dans votre vie quotidienne.
    - si vous ne contestez pas l'« altérité », importante pour le capitalisme, cette béquille de la suprématie blanche qui justifie l'exploitation par des notions de défaut, de dégoût et de déviance.
    - si vous participez à ou ne contestez pas cette poursuite permanente de l'homogénéité et ce traitement spécifique envers les groupes multi marginalisés qui constituent une menace particulière pour l'État-nation moderne et dont l'assujettissement ou l'effacement est nécessaire.
    - si vous ne portez pas de Kn95/n95/p100/FFP2 dans les lieux non aérés, vous faites plus de mal à un groupe vulnérable tout en prétendant en sauver un autre. La maladie est utilisée comme un outil par l'oppresseur et le plus fallacieux, c'est de laisser des personnes handicapées mourir pendant 4 ans et prétendre ensuite se soucier d'elles. Si vous effectuez une analyse de la propagande covid, vous ne pouvez tout simplement pas laisser de côté le capacitisme et l'eugénisme qui motivent la réponse générale. Il n'a JAMAIS été signalé comme léger pour les personnes handicapées. Cela a été rapporté comme quelque chose qui nous tue complètement. Les réponses et décision rassuristes portées sur la pandémie ne sont pas basées sur la science, mais sur l'exploitation ouvrière. C'est l'abdication de la responsabilité personnelle et collective, et des personnes effacées, épuisées, doivent le rappeler aujourd'hui, encore... La suprématie blanche opère à travers une logique raciale de dépossession et de possession. Le pouvoir blanc dans ses formes discursives et matérielles opère en tandem à travers l'identité, les institutions et les pratiques de la vie quotidienne (Aileen Moreton-Robinson). L'apartheid mondial (et vaccinal) n'est quasi jamais considéré comme étant le problème fondamental. Comme l'a expliqué Harsha Walia (2021), la propagation (initiale) du covid dans le monde est (a été) encore motivée par ce classement international de la "valeur" des personnes où les frontières ne servent qu'à affaiblir la santé et la sécurité publique globale. La Covid est une cause d'affaiblissement et d'effacement des plus vulnérables et marginaliséEs, ici et surtout ailleurs. La législation Covid est l'un des aspects clés de l'expansion des pouvoirs de la police, du lien entre l'accumulation de la police, de la carcéralité à la bio-politique de l'État (Lambros Fatsis, Malayna Lamb ; 2022). L'insensibilité ne doit pas devenir la norme. La douleur et l'exclusion ne doivent pas être normalisées...
    - Si vous capitalisez sur nos souffrances. La décolonisation n'est pas abstraite, c'est matériel, c'est violent. Elle n'est pas populaire, elle suscitera une résistance violente, elle sera débattue par l'ensemble des structures du monstre colonial et celles et ceux qui se sont battu disparaitront, seront oubliées..
    - nous n'avons pas besoin de sauveurs temporairement valides pour nous sortir de nos situations, mais d'alliéEs qui peuvent travailler avec nous pour atteindre les objectifs de notre communauté.
    - nous choisissons aussi la ségrégation pour échapper à cette colonialité, ses prisons et ses institutions coloniales.
    - nous demandons de pouvoir accéder à des espaces sûrs, abolitionnistes et décolonisés, en comprenant l'abolition et la décolonisation comme une lutte pour la ré-humanisation, ce qui nécessite une compréhension profonde et une dénonciation constante de la (dé)colonialité...

    Un rappel que nous vivons dans un système de « civilisation » fondé sur la colonialité, où le déséquilibres des pouvoirs est la base, un processus structurel d'altérité, de binarité (infériorité/supériorité, noir/blanc, non valide/valide, femme/homme,...) qui a façonné ce monde moderne. La colonialité est cet héritage de la discrimination sociale et raciale du colonialisme européen formel qui tente de subsister et s'est intégré dans les ordres sociaux successifs. Cet héritage persistant du colonialisme qui accorde de la valeur à certaines personnes tout en privant les autres de leurs droits est toujours présent. La plus grosse arnaque de la suprématie blanche a été de convaincre les blanc-hEs qu'elle est une croyance extrémiste (suprématie blanche violente) et marginale et non le fondement sur lequel toute la "civilisation" occidentale a été construite depuis les cinq cent dernières années." (IndigenousX)

    Tout milieu qui ne comprend pas l'urgence du démantèlement immédiat des systèmes suprémacistes, alors que la violence inhérente à ce paradigme libéral a été mainte fois traitée et démontrée depuis longtemps, perpétue et maintient cette violence de la suprématie blanche. On ne peut pas démanteler cette suprématie blanche en y participant, quand très souvent, dans ces milieux luttant pour la "justice", l'"égalité",... il y a des couches bien épaisses de suprématie blanche...

    Les rares personnes qui font ce travail sont souvent marginalisées, et passent pour des "traîtres à la race". Quand tant de personnes restent indifférentes (silence blanc, #WhiteSilence), vous comprenez mieux quand Natalia Ibrahim-Abufarah Dávila dit que « La neutralité n'est rien d'autre qu'une erreur libérale, qui, en réalité, adopte la position de l'oppresseur. »

    L'utilisation du terme « décolonisation » est, pour de nombreux-ses Blanc-hEs, une excuse pour éviter de s'attaquer à la cause profonde, à savoir la mentalité de la suprématie blanche, un terme utilisé à la place de l'expression « élimination de la suprématie blanche », qui est la principale cause de la colonisation. L'élimination de la mentalité de la suprématie blanche et de son influence devrait être la priorité pour toutes personnes prétendant lutter contre toutes ces injustices, en utilisant des références critiques d'études noires, autochtones, africaines... pour examiner ces processus de déshumanisation, désapprendre l'insensibilité et la désensibilisation occidentale et apprendre.

    L'abolition et la justice pour les personnes handicapées consistent toutes les deux à construire le monde auquel nous aspirons, pas seulement à résister au monde dont nous ne voulons pas (Mia Mingus). Les deux visent à construire de nouvelles façons d'être les unEs avec les autres qui ne sont pas fondées sur la punition, la criminalisation, la vengeance, la violence, la suprématie, l'oppression, l'isolement et l'exclusion. C'est une production d'imaginaire, car le monde auquel nous aspirons tous-tEs n'existe pas encore, ou seulement à des endroits éparpillés aux quatre coins du monde, ce monde est d'autant plus difficile à imaginer. L'abolition concerne la façon dont nous nous traitons les uns les autres. Il s'agit de la façon dont nous nous comportons dans les relations. L'abolition concerne la manière dont nous réagissons au préjudice causé et la manière dont nous réagissons lorsque nous causons du préjudice. (Patrisse Cullors)

    « il est facile de dire "ACAB", « pas de police » et « pas de prisons », mais beaucoup plus difficile de construire l'infrastructure communautaire dont nous aurons besoin pour en faire une réalité. Votre communauté, votre famille, votre quartier dispose-t-elle d'un moyen de lutter contre la violence intime et sexuelle ? [...] le travail de groupe est difficile et prend du temps […] Nous ne voulons simplement pas rejoindre les rangs des privilégiéEs, nous voulons défier et démanteler ces rangs et nous demander pourquoi certaines personnes sont constamment en bas [...] Tant de gens veulent des alternatives à la police, aux prisons et au système de justice pénale, mais très peu sont prêt-Es à s'engager réellement dans le dur travail à long terme pour les construire. » — Mia Mingus , thread

    Lorsque ces espaces de justice sociale ne sont pas accessible aux personnes handicapées, aux marges intersectionnelles, c'est aussi un privilège.

    Les milieux anti carcéraux (et de justice sociale plus généralement) ne peuvent plus continuer à nier la ségrégation des personnes handicapées en France, l'empire du déni, comme cet environnementalisme mainstream qui ne dit pas un mot sur le handicap, un silence qui reflète ce déséquilibre des pouvoirs de ce colonialisme. Ce déni, ce refus et cette incapacité à nommer toutes ces injustices ne font qu'exacerber les multiples crises, au nom du maintien de ce privilège, de ce prestige blanc. Rendre ces lieux accessibles aux personnes (multi)marginalisées est bien plus complexe qu'on ne l'imagine, cela nécessite de comprendre le régime carcéral et l'invisibilisation des perspectives abolitionnistes à travers le prisme du handicap. Les personnes qui font un travail vraiment important en recherchant et en essayant de mettre fin au complexe carcéral ne sont pourtant pas très douées pour intégrer ce cadre de justice pour les personnes handicapées ou d'études critiques sur le handicap dans leur analyse ou leur activisme. Les personnes handicapées sont incarcérées de manière disproportionnée et séparées de la société par diverses institutions mais les liens entre handicap et incarcération sont tellement sous-explorés que la compréhension et la manière dont ces institutions carcérales punissent et contribuent à l'exclusion sociale des personnes handicapées est très limitée.

    Si le handicap a été mentionné, c'est uniquement pour dire qu'il y a de nombreuses personnes handicapées dans les prisons. Liat Ben-Moshe a expliqué pourquoi l'efficacité du travail abolitionniste est limitée par la marginalisation du handicap et l'analyse du plaidoyer antivalidiste. Elle a démontré également l'intérêt d'une méthode plus véritablement intersectionnelle d'activisme abolitionniste dont nous avons un besoin urgent. L'effort ne consiste pas seulement à mettre en avant les expériences d'un groupe qui a été largement invisibilisé dans les débats sur le système juridique pénal mais d'examiner et de critiquer les tendances actuelles en matière de plaidoyer par et pour les personnes et les organisations handicapées alors qu'elles tentent de répondre à un système juridique pénal qui nuit si profondément aux personnes marginalisées, un système qui doit être lui aussi démantelé. Les communautés marginalisées doivent être autorisées à diriger les efforts visant à contester les injustices, à redéfinir la justice, à réimaginer la manière dont la vraie justice peut être réalisée et à restaurer et reconstruire les communautés.

    Nous, personnes handicapées allons faire face à d'immenses dommages en raison d'un système de « justice » actuel condamné pour ignorance de nos droits. Investir, anticiper, sous forme de prévention quant à la manière dont le système judiciaire pénal décime, isole, fait disparaître les communautés handicapées, c'est ce que Talila "TL" Lewis appelle le problème du « fossé de conscience du handicap ». Le plus souvent, les organismes de défense des droits des personnes handicapées ne parviennent pas elles-même à développer et à intégrer une perspective ou une approche véritablement intersectionnelle (c'est-à-dire antiraciste, anticapitaliste, etc.) en matière de plaidoyer.

    Occulter le travail transdisciplinaire, transnational, multipolaire... et comprendre l'oppression de manière unidimensionnelle, monodiscplinaire.. plutôt qu'intersectionnelle, à travers un seul prisme , comme le classisme (lutte des classes), le genre... est une approche qui laisse de côté trop de personnes. Pourtant, les femmes noires, autochtones, décoloniales et radicales dénoncent depuis des décennies la complicité du féminisme blanc libéral avec la suprématie blanche, l'eurocentrisme, le racisme et la colonialité, qui croit que l'égalité signifie une participation égale à la domination et à l'exploitation.

    Sensibiliser et éduquer pour faire progresser les droits de nos communautés.

    Parce que les lieux de détention (centres de détention pour immigrants, prisons..) sont des lieux d'affaiblissement et de handicap, il faut donc comprendre le lien entre la justice pour les personnes handicapées et l'abolition de ces lieux. Angela Davis, Mariame Kaba, Dylan Rodriguez, Ruth Wilson Gilmore, Ben-Moshe.. ne considèrent pas seulement l'abolition comme « un programme de démolition mais aussi de construction », d'envisager des « manières de communiquer les unEs avec les autres » entièrement différentes. Comme l'écrit Saidiya Hartman :

    « Une grande partie du travail d'oppression consiste à contrôler l'imagination. »

    L'abolition n'est pas simplement orientée vers l'absence de prisons et de cages. Cet « échec de l'imagination » ne peut pas comprendre que l'abolition « ce n'est pas une absence, mais une présence » (Ruth Wilson Gilmore), ou de trouver comment travailler avec les gens pour créer quelque chose plutôt que de réfléchir à comment effacer et détruire quelque chose.

    Ruth Wilson Gilmore condense cette vision critique en une formulation concise : « Dans la mesure où l'abolition est imaginée uniquement comme une absence – un effacement du jour au lendemain – la réponse instinctive est : « ce n'est pas possible ». Mais cet échec de l'imagination réside dans le fait qu'elle ne réalise pas que l'abolition n'est pas qu'une absence... mais une présence charnelle et matérielle d'une vie sociale vécue différemment. » Les abolitionnistes veulent des relations sociales qui garantissent un accès universel à toutes les ressources dont nous avons tous-tEs besoin (santé, logement,..). Les fonds actuellement dépensés pour la police et les systèmes pénitentiaires devraient être réaffectés à l'éducation, au logement, aux soins de santé et aux espaces publics.

    Le féminisme abolitionniste adopte une analyse, une approche intersectionnelle et structurelle pour analyser et démanteler tous ces systèmes d'oppression, un mouvement qui est né des expériences vécues par des femmes radicales de couleur, de leur érudition et, à travers leur activisme, de la fécondation croisée de plus d'un siècle et demi de mouvements pour la justice. Comme Angela Davis l'a dit : « abolir la police ne consiste pas seulement à le démanteler. Il s'agit aussi de construire. »

    « Pendant des siècles, les bâtisseurs de communautés, les ingénieurs de la justice sociale et les combattants de la liberté – dont la plupart sont de plus en plus marginalisés – ont accompli un travail épuisant et traumatisant qui a changé et sauvé des vies, avec et sans argent, sans sommeil, sans santé ou sans soins de santé mentale et sans aucun soutien institutionnel […] Et pourtant, ce travail est constamment dévalorisé par de nombreuses personnes en position de pouvoir parce qu'il n'est pas traditionnellement calculable sur le plan capitaliste. » - TL Lewis, avocate communautaire abolitionniste - Lutter pour la liberté et les frais de l'effacement

    « Il est certain, en tout cas, que l'ignorance, alliée au pouvoir, est l'ennemi le plus féroce que puisse avoir la justice. » James Baldwin, No Name in the street, 1972.

    Écrire un article sur l'abandon continu par l'état des personnes à haut risque et sur la façon dont ces personnes résistent en créent d'autres systèmes de soins, c'est aussi comprendre que les personnes handicapées rencontrent des obstacles dans le monde ordinaire qui limitent leur participation à la société. Invisibilisées, effacées, elles sont malheureusement aussi trop souvent confrontées à des obstacles à la participation aux mouvements de justice sociale... ce qui engendre des difficultés à réfléchir à ces perspectives abolitionnistes.

    Parce que les personnes handicapées sont beaucoup plus susceptibles d'être incarcérées, comprendre l'intersection entre la justice pour les personnes handicapées et l'abolition des prisons sont des théories de plus en plus explorées et populaires qui se chevauchent mais dont l'intersection, en France, n'est pas explorée en profondeur. Les abolitionnistes et tous-tEs celles et ceux qui critiquent les systèmes carcéraux doivent intégrer une perspective de justice pour les personnes handicapées dans leur travail. L'abolition et la justice pour les personnes handicapées donne des exemples personnels et politiques sur comment et pourquoi les personnes handicapées sont prises de manière disproportionnée dans le filet carcéral, et comment nous pouvons utiliser ces informations pour œuvrer plus efficacement à l'abolition des prisons et autres institutions, et de la police.

    Ne pas réussir à maintenir ou être en relation avec les personnes les plus marginalisées, avec des corps noirs, des sujets colonisés - qui survivent aux marges de la marge, qui sont plus à même de repousser ou remettre en question cette culture coloniale et toxique, ces croyances et ces méthodes de travail - est un comportement de colonisateur actif. L'effacement des capacités de communication et des systèmes de connaissances des communautés marginalisées est intrinsèque à la perpétuation du projet (néo)colonial et capitaliste racial. Ce déni de la colonialité, de l'intersectionnalité.. ne fait que le renforcer.

    L'apprentissage et l'efficacité du travail abolitionniste est fortement limitée par la répression, la marginalisation du handicap et l'analyse du plaidoyer antivalidiste.

    La stigmatisation des personnes qui ne savent plus quel autre moyen utiliser que la colère ou le call out pour se faire entendre, ou qui n'ont pas accès au langage académique pour parler et théoriser cette colère et expliquer leur détresse, sont aussi des personnes qui ne peuvent pas parler de leur handicap (neurodivergentes, autistes, handicaps invisibles..), dû à la stigmatisation et au capacitisme omniprésent(e). Elles n'arrivent pas à se faire comprendre. Elles vivent la ségrégation sociale renforcée, même dans les milieux de gauche ou anticarcéraux. C'est du gaslighting social. Empêcher une personne de ressentir des émotions, de la douleur, des sentiments, de la colère... peu importe ses ressources, ses moyens et ses connaissances.. est inhumain. L'abolition consiste à construire une société autour des personnes encore sensibles à ces violences, qui ne peuvent pas s'y habituer en se recentrant sur elles et sur leurs témoignage. Le rôle principal d'un État est de maintenir cette suprématie blanche et ne peut pas nous protéger. L'inquiétude est que trop peu de spécialistes en éducation, lieux de soins... ne s'attaquent directement à ces racines du racisme et de cette suprématie blanche. Constater les dégâts quotidiens dans nos relations sans entrevoir de solutions, c'est participer à ce sentiment d'impuissance. Lutter contre cette suprématie est un travail qui n'est jamais fini, sinon, les palestiniens, les autochtones.. auraient depuis longtemps récupéré leur terre. Un réapprentissage axé sur la responsabilisation plus cohérente, logique et conséquente des privilégiéEs plutôt qu'une criminalisation et une exclusion des personnes marginalisées est nécessaire pour s'orienter vers ce leadership anti colonial. Tout ce travail de fond et le désapprentissage de la blancheur coloniale, capitaliste est impératif avant de vouloir démanteler quoi que ce soit ou libérer des terres, ces institutions punitives et plus globalement toutes les personnes qui sont marginalisées et incarcérées de façon disproportionné dans le monde. Il sera d'autant plus difficile de s'attaquer au démantèlement de la suprématie blanche si aucun travail conséquent n'est fait sur autre chose que l'histoire racontée par des Blanc-hEs, et l'État continuera à tuer, à incarcérer et à invalider de manière institutionnelle. Celles et ceux qui ne prennent pas au sérieux ces problèmes de marginalisation et ces questions de handicap, qui touchent toutes les catégories marginalisées et qui l'amplifient, ne pourront pas espérer mieux que des réformes. L'analyse intersectionnelle, engagée vers des identités multiples, une construction d'alliances multiraciales se concentrant sur le leadership des personnes les plus impactées, est le coeur de la théorie du changement.

    La critique et l'autocritique sont essentielles à la vitalité de nos mouvements abolitionistes, féministes, décoloniaux... des éléments fondamentaux indispensables pour une transformation radicale qui permet de transcender ces normes imposées à la société, ses structures dominantes et reconstruire la confiance en soi.

    "Nous devons critiquer tous nos projets, parce que notre survie dépend de la bonne réponse." Robin DG Kelley, Socialism 2022.

    Les Blanc-hEs seront incapables de résoudre le problème du changement climatique. Trop occupéEs à se détourner de la responsabilité collective du système capitaliste colonial qu'iElles ont eux-Elles même mis en place, et incapables de se questionner sur les causes profondes de ces problèmes. Ce "droit au confort" comme cette "peur du conflit" sont des caractéristiques de la suprématie blanche qu'il faut sérieusement analyser (listeici). Les personnes (poly)handicapées sont souvent non seulement exclues des débats, des discussions, de part leurs critiques pour leur survie, mais elles doivent assumer en plus un renversement de responsabilité lorsqu'elles s'opposent à cette culture dominante de la suprématie blanche.

    Même au sein de la communauté des personnes handicapées, les problèmes qui touchent les personnes souffrant de graves lésions cérébrales, reconnu comme le handicap le plus traumatisant, sont aussi largement invisibilisées et marginalisées. Le monde du handicap visible n'est pas non plus très inclusif, comme il le prétend et cesse de le répéter, avec ces personnes. Les chiffres du docteur E. Durand de 2016 montrent que la moitié des personnes Sans Domicile Stable ont des lésions cérébrales, 33% dans les prisons françaises, 78% des femmes incarcérées en écosse, 80% en Australie... Une très forte présence dans le milieu carcéral au niveau mondial. Ce sont ces personnes qui fuient la société, dont le handicap n'est absolument pas compris, et... c'est malheureusement un silence assourdissant en France (ici).

    Émergeant des principes clés de l'intersectionnalité et de la théorie des Subaltern Studies, ce concept de « marges des marges » a construit une méthode de réflexion critique pour créer des espaces d'inclusion dans les processus d'élaboration des politiques, une méthode attentive aux absences dans les espaces de participation. Inviter diverses communautés marginalisées, permettre un espace pour des conversations courageuses, donner à ces communautés un espace et les moyens d'exprimer authentiquement leurs expériences et soutenir ces conversations sont les éléments constitutifs de la mise en avant de récits qui ne sont souvent pas entendus.

    Le principe de réflexivité critique garantit que les questions sur la voix et l'effacement sont posées de manière continue et itérative, invitant les voix historiquement placées dans les périphéries en se demandant continuellement :
    - qui n'est pas présentE ici ?
    - Quelles voix manquent dans l'espace discursif ?
    - Quelles voix ne sont pas reflétées ici ?
    - Comment pouvons-nous inviter ces voix ?
    - Et comment pouvons nous faire plus ?

    "Quand les marges parlent, c'est ce statu quo (blanc, colonial, cisnormatif, validiste, raciste,..) qui est menacé, et c'est ce statu quo que l'extrême droite cherche à maintenir intact." - Mohan J Dutta, éminent chercheur et directeur du projet CARE - centre international du soin, étude des processus de marginalisation, Aotearoa (NZ)

    Nous devons créer une solidarité active avec les personnes handicapées au sein de chaque mouvement, de sorte que les organisations de défense des droits des personnes handicapées travaillent à faire progresser la justice intersectionnelle. Nous ne démantèlerons jamais aucune institution oppressive si nous ne nommons pas, n'analysons pas et ne démantelons pas le capacitisme qui sous-tend, dépend et réifie toutes les autres oppressions. Nous ne démantèlerons jamais l'impérialisme cisheteropatriarcal capitaliste suprématiste blanc si nous ne travaillons pas constamment à étudier, dévoiler nos propres privilèges autour du capacitisme et d'autres oppressions basées sur le handicap. Ironiquement, celles et ceux qui tentent de démanteler les systèmes oppressifs sans reconnaître ni dévoiler ces privilèges centrés sur le handicap contribuent à la violence et à l'oppression au sein de leurs propres communautés et de la société dans son ensemble. Dans cette lutte contre l'effacement, l'intersection du handicap et du statut d'immigration est sous-explorée dans la littérature universitaire juridique et dans les ressources de formation destinées aux avocats. Selon les mots d'Alice Wong : « Les personnes sans papiers ont toujours été invisibles, et il y a peu de choses connues ou écrites sur les personnes handicapées sans papiers. Mais il s'agit d'un carrefour important qui nécessite une attention particulière. »

    Amener à dialoguer avec l'une des oppressions systémiques les plus anciennes, les plus répandues et les moins comprises que le monde ait jamais connues, le capacitisme, est difficile. Alors que le handicap est représenté de manière disproportionnée dans chaque groupe marginalisé, sa compréhension traditionnelle à travers une perspective blanche, riche et autrement privilégiée ne leur permet pas de voir et comprendre l'humanité et le handicap chez les personnes marginalisées.

    Les personnes (poly)handicapées, atteintes de maladies chroniques, à risque élevé,... ont parfaitement le droit d'être en colère d'être abandonnées par plusieurs gouvernements, et elles ont parfaitement le droit d'exprimer cette colère de la manière qu'elles choisissent. Nous devrions tous humblement les écouter pour comprendre et agir. Les mouvements politiques et populaires les plus diabolisés par l'État, les plus soumis aux pressions de l'appareil carcéral à l'intérieur et à l'extérieur de ses frontières fabriquées, sont des plaidoyers prometteurs sur les possibilités d'un avenir abolitionniste. Les institutions psychiatriques et les prisons existent aussi pour la surveillance et le contrôle, elles engendrent la même violence. La France est le pays qui détient le record des hospitalisations sous contrainte, pas seulement le record de l'islamophobie comme l'a rapporté le rapport cinglant CAGE (UK),... mais c'est tristement aussi le dernier pays d'Europe condamné par l'ONU pour ségrégation des personnes handicapées...

    « Malgré des siècles de colonisation, d'impérialisme, de profondes inégalités structurelles, de discrimination raciale, de taux élevés de victimisation, [...] une grande partie de la criminologie continue de fonctionner sans reconnaître le colonialisme et ses effets (Porter, 2019). Ce qui pourrait apparaître comme un paradoxe, ce n'est pas que le colonialisme soit simplement inconnu de la criminologie, mais plutôt que sa valeur explicative et son importance politique soient vigoureusement niées (Agozino, 2003). Le crime est un concept européen, une construction juridique déterminée par l'État pour refléter les valeurs et les intérêts de la classe dominante. Le colonialisme a été construit en utilisant le droit pénal pour légitimer et imposer la domination européenne. La criminologie est apparue à la fin du XIXe siècle et s'est imposée à travers la création de l' « Autre criminel », en utilisant le racisme de la pseudoscience raciale, qui avait inventé l'Autre racisé pour justifier le colonialisme européen. Depuis sa naissance, la criminologie est étroitement liée au colonialisme et au racisme. En effet, comme l'a soutenu Juan Tauri (2018, p. 5), « les criminologues contribuent souvent à l'entreprise politique d'inclusion et d'exclusion par le simple fait de faire de la criminologie ». Extrait d' "Abolition and (de)colonisation", The Routledge International Hndbook on Decolonizing Justice [open access, J M Moore].

    « Les mouvements abolitionnistes doivent s'attaquer à la façon dont le handicap et le capacitisme interagissent avec les systèmes carcéraux et s'engager à abolir TOUS les espaces dans lesquels les personnes marginalisées disparaissent, ici […] Je comprends l'incarcération au sens large ; et l'incarcération est un eugénisme. Contrôlés par l'État et les entreprises, ils engloutissent des personnes dépossédées de génération en génération, patho-criminalisées, multi-marginalisées et traumatisées en utilisant l'autorité médicale, juridique et étatique ». - T. Lewis.

    Décoloniser la psychologie

    D'un point de vue décolonisateur, les compétences actuelles en psychologie communautaire semblent insuffisantes car elles laissent souvent intactes les structures de pouvoir (Cruz et Sonn ; 2011). La définition et l'analyse critique de l'oppression ont laissé de côté la complexité, les voix et les expériences vécues des individus qui ont été gravement touchés par l'injustice et l'oppression (Bell Hooks ; 1994).

    Cette question de la décolonisation de la psychologie semble être une sous-section de la question beaucoup plus déprimante de savoir si nous pouvons ou non décoloniser la société.

    Un changement qui se heurte généralement à la résistance et à la défense de celles et ceux qui bénéficient du statu quo. Les travaux avant-gardistes de la psychologie africaine (Psyssa, Afrique du sud) exploitent depuis trois décennies cette décolonialité et s'efforcent de comprendre comment la violence verticale (c'est-à-dire la violence exercée par les autorités d'en haut) et la violence horizontale (c'est-à-dire la violence édictés entre les membres du groupe) sont liées par la colonialité (voir Fanon, 1963 , 1967). La psychologie décoloniale crée un espace et des méthodes permettant aux communautés opprimées et appauvries d'imaginer radicalement leur existence en dehors des frontières superposées de la colonialité, du néolibéralisme, du racisme et d'autres systèmes d'oppression. Cette approche décoloniale de la psychologie est un moyen pour ce domaine de devenir plus inclusif et pertinent pour la majorité numérique dans le monde. La psychologie a été encadrée principalement par des épistémologies eurocentriques dans lesquelles les personnes opprimées ont intériorisé la conviction que leur culture et leurs valeurs sont inférieures à celles des groupes dominants. De nombreux écrivains, tels que les psychologues critiques Ian Parker (2014) et Thomas Teo (2015), affirment depuis longtemps que la psychologie dominante et la modernité capitaliste se sont développées ensemble au début du XXe siècle, presque d'un seul coup, et que, à bien des égards, la psychologie a fonctionné pour adapter les gens à la domination capitaliste sous toutes ses formes racialisées, de classe et de genre (voir Danziger, 1990 ), y compris l'extractivisme colonial (voir Ratele, 2019 ; Rodney, 1972 ). Le modèle social du handicap, dont la France est le dernier pays d'Europe au sein duquel aucune sensibilisation n'est faite (un modèle approuvé et adopté par tous les pays européens) s'est largement inspiré de ces luttes anti apartheid , anti ségrégationnistes. La France accuse d'un retard unique sur cette question.

    Il manque tout un domaine de langage théorique critique dans les conversations de ces milieux : la blancheur, le privilège, la suprématie, la décolonialité, la positionnalité, l'intersectionnalité,... des discussions essentielles. Le racisme daltonien est si banal en France que tout enseignement sur ce sujet est condamné afin de préserver ce statu quo, pour ne pas visibiliser, questionner et interroger le privilège, et le validisme est une oppression dont le mot n'est toujours pas reconnu par le ministère des solidarités, du handicap... [1].

    Ruth Wilson Gilmore a analysé le rôle du capacitisme dans le maintien de l'État carcéral, sa théorie selon laquelle l'incapacité politique est un objectif central de l'État carcéral [voir sur DSQ]. Le conseil d'état a validé, il y a quelques mois, le fait que les personnes non valides n'ont définitivement pas les même droits que les personnes valides. Ce qui est désolant, c'est qu'il n'y a eu aucun mouvement, ni aucune solidarité pour amplifier les voix des personnes qui sont déjà largement ségréguées.

    L'impérialisme laisse derrière lui des germes de pourriture que nous devons cliniquement détecter et éliminer de notre terre mais aussi de notre esprit (Frantz Fanon)

    L'échec de la blancheur maximale, c'est penser que vous pouvez faire la leçon aux non-blanch-Es/non-capables, sur le racisme/le capacitisme et sur l'incarcération alors que vous n'avez pas commencé à vous interroger sur cette identité blanche. Le but ultime de la suprématie blanche est de maintenir cette « blancheur » au pouvoir et au centre des politiques et des pratiques, comme une norme, et où de nombreuses personnes non blanches favorisent et facilitent aussi la suprématie blanche. L' échec de la blancheur ultime, c'est son incapacité à imaginer quoi que ce soit au-delà des systèmes violents qu'elle a construits parce que « Nous vivons dans un monde de normes » (A. Davis 1995, p. 23).

    "Nous pouvons apprendre à travailler et à parler lorsque nous avons peur, de la même manière que nous avons appris à travailler et à parler lorsque nous sommes fatiguéEs. Car nous avons été socialiséEs pour respecter la peur plus que nos propres besoins de langage et de définition, et pendant que nous attendons en silence ce dernier luxe d'intrépidité, le poids de ce silence nous étouffera." - Audre Lorde

    En créant unE autre marginaliséE sous la forme d'un handicap, le privilège du centre – le normal – devient caché, et son pouvoir et son contrôle sur la société deviennent présomptifs. Les membres de cette culture ne peuvent même pas voir le centre, il est « naturel, incontesté et inaperçu » (Thomson 1997, p. 20). La création du handicap renforce ce privilège de la normalité et l'empêche d'être vu ou compris. De la même manière que les personnes de « couleur » peuvent mieux voir la blancheur que les Blanc-hEs, les personnes étiquetées “handicapées” peuvent être capables de mieux voir la normalité que celles qui ne sont que, au mieux, temporairement valides.

    Tout comme le concept de blancheur doit être créé, reproduit et invisibilisé afin de soutenir les systèmes racistes, le concept de normalité doit être aussi défini, reproduit et invisibilisé afin de soutenir le capacitisme, et cette standardisation peut être violente envers quiconque s'en écarte. L'hégémonie de la normalité est, comme d'autres pratiques hégémoniques, si efficace en raison de son invisibilité (Sara Hendren). Cette culture à dominante blanche fonctionne également comme un mécanisme social qui accorde des avantages aux Blanc-hEs, puisqu'iElles peuvent naviguer dans la société à la fois en se sentant normaux et en étant considéréEs comme normaux. Les personnes qui s'identifient comme blanches doivent rarement réfléchir à leur identité raciale parce qu'elles vivent dans une culture où la blancheur a été normalisée.

    Cependant, souvent, certain-Es des plus fervent-Es défenseur-sEs de la justice raciale, trans, économique... ou de l'immigration prônent involontairement davantage d'oppressions basées sur le handicap en raison de leur incapacité à comprendre ce qu'on appelle « l'intersectionnalité critique » et à mettre au premier plan la justice pour les personnes handicapées et comprendre la justice pour les personnes handicapées comme la quintessence de la justice reproductive, économique, raciale et transgenre. Il ne peut pas y avoir de décolonialité sans intersectionnalité critique. La décolonialité est/a été colonisée par les mêmes faux-sses militantEs et universitaires qui ont essayé de jouer avec l'intersectionnalité, qui ont blanchi l'intersectionnalité.

    "Les écrits de bell hooks se concentrent sur l' intersectionnalité de la race, du capitalisme et du genre et sur ce qu'elle décrit comme leur capacité à produire et à perpétuer des systèmes d'oppression et de domination de classe […] la définition et l'analyse critique de l'oppression ont laissé de côté la complexité, les voix et les expériences vécues des individus qui ont été gravement touchés par l'injustice et l'oppression… " – Bell Hooks (1994) [2].

    Nous avons besoin d'une révolution de l'imagination, d'une remise à zéro de l'état d'esprit libérateur, d'un cataclysme paradigmatique radical. Nous devons déconstruire et reconstruire les espaces de santé mondiaux à l'aide d'outils de transformation créés par les communautés noires et autochtones, de base et majoritaires du monde (Il est temps de décoloniser le mouvement de décolonisation) [...] "On confond souvent la décolonisation avec tout effort de justice sociale ou, comme quelqu'un me l'a dit récemment, avec « simplement être gentil avec les gens". (Pourquoi la décolonisation est impossible)

    "Sans décolonisation il n'est pas possible d'imaginer un autre monde" - Ndlovu-Gatsheni

    "Les voix des femmes les plus pauvres, les plus foncées, les plus handicapées, cis et trans doivent être centrées aux tables de prise de décision en matière de politique, d'éducation, de santé, d'économie et de justice. Des tables construites par elles et pour elles." (La décolonisation n'est pas possible).

    "L'Abolition n'est pas possible sans décolonisation." - Ruth Wilson Gilmore

    Parler d'intersectionnalité ou de décolonialité sans évoquer le travail des féministes noires radicales et des penseurs du Sud, c'est effacer ces personnes et blanchir leur travail. Dans ces structures du monde de mort que sont l'eugénisme, la carcéralité et la colonialité, il est nécessaire de se recentrer sur des actions collectives interdépendantes dont font preuve les femmes d'ascendance africaine et donner de l'importance à la vie des Noirs en faisant connaître leur travail. C'est la quintessence même de la décolonisation. C'est dans ce sens que ce texte regorge de citations pour amplifier ces voix invisibilisées, faire un travail antiraciste et de leadership anticolonial. Des théorisations importantes peuvent alors être vues en relation avec la colonialité en général (Enrique Dussel), la colonialité du pouvoir (Anibal Quijano), la colonialité du savoir (Lander 2000), la colonialité de l'être (Maldonado-Torres 2007), la colonialité globale (Grosfoguel 2006), la colonialité du genre (Lugones 2008), la colonialité de la nature ( Alimonda 2011), la colonialité climatique (Farhana Sultana 2022)...

    Le colonialisme est le grand projet de non voir (Arhundati Roy). Autrement dit, malgré l'institutionnalisation obsédante de la violence de la suprématie blanche, le féminisme noir hante la suprématie blanche [3]. Le travail des études sur la blancheur (#WhitenessStudies), ou une théorie de la blancheur, consiste donc à « rendre la blancheur visible aux Blanc-hEs – en exposant les discours, les pratiques sociales et culturelles et les conditions matérielles qui masquent cette blancheur et cachent ses effets dominants » (Wray et Newitz 1997, p.4).

    Des connaissances intersectionnelles ont contribué à démontrer, par exemple, que si les femmes en général se retrouvent fréquemment exclues de l'élaboration des politiques internationales sur le climat, ce sont les femmes autochtones, les premières lignes, qui subissent cette exclusion de manière disproportionnée (Perkins Citation 2019 ). De même, il a été démontré que le sexe, la caste, la classe sociale, la religion et l'âge déterminent tous la vulnérabilité individuelle aux inondations au Bangladesh (Sultana Citation 2010 ). Les enfants autochtones continuent de mourir à un rythme alarmant et leurs meurtres sont le résultat direct du colonialisme, du racisme, du capacitisme, de la suprématie blanche, du sexisme, de la misogynie, de l'homophobie, de la transphobie et des multiples autres niveaux d'oppression qui existent entre les deux. #EveryChildMatters

    Le handicap est perturbateur

    Si les personnes opprimées veulent un jour obtenir un semblant de justice, nous devons comprendre les liens inextricables entre le handicap et les autres identités marginalisées et déraciner le capacitisme de nos communautés. Comprendre l'importance de la relationalité, de la réciprocité, de l'interdépendance, que personne n'est libre tant que tout le monde n'est pas libre. Le handicap est perturbateur en particulier lorsqu'il est politisé, Il nous oblige à continuer de revisiter et à tout repenser... car les corps et les besoins changent constamment. Le handicap nous change, nous radicalise, c'est ce changement vraiment important et puissant qu'il peut offrir. Les besoins qui ne sont pas communs ou typiques sont considérés comme des limites, des fardeaux, des tragédies,... alors qu'ils doivent être considérés comme des possibilités de changement, capable de perturber ce statu quo que les idéologies dominantes nous poussent toutes à ignorer. Les besoins sont au cœur de la plupart des organisations, et les objectifs de la plupart de ces organisations devrait être d'imaginer et de créer un monde où tous nos besoins collectifs sont satisfaits, cela permet de réfléchir sur les besoins en matière d'organisation et de théorisation du handicap qui sont rarement reconnus ou discutés de manière explicite pour acquérir des compétence nécessaires et réfléchir, intégrer ces besoins et les soins dans tout ce que nous faisons. Cela permet de réfléchir aussi sur la présence écrasante de l'isolement, du silence et des divisions dans nos mouvements. Cela permet de collecter et de s'enrichir de ressources pour créer une accessibilité radicale cruciale et immersive qui ne laisse personne de côté, et où chaque vie compte, où personne n'est jetable. Cela permet aussi aux mouvements pour la justice sociale de se débarrasser de cette peur et de cette ignorance des problèmes liés au handicap. Nous voulons nourrir et prendre soin de notre communauté abolitionniste avec autant de ressources que nous puissions fournir pour faire face aux crises climatiques et écologiques et transformer la société en une société juste et vivable.

    Le handicap est un état de vitalité à partir duquel la connaissance critique se déroule, et qui offre un puissant point de vue, une source de connaissances incarnées de critiques et de résistance politiques.

    Justice pour les personnes handicapées vs droit des personnes handicapées

    "Il est donc important de souligner la différence entre la diversité néolibérale et les politiques d'inclusion qui s'approprient le terme de décolonisation venu du Sud. Peut-être devons-nous nous décentrer activement en Europe et veiller à ce que les efforts de décolonisation continuent de promouvoir des revendications qui entraînent un changement systémique global et pas seulement un siège à la table des colonisateurs pour les groupes minoritaires. Un système colonial inclusif reste un système colonial. Les politiques de diversité et d'inclusion peuvent être utiles aux efforts mondiaux de décolonisation si elles deviennent un outil au service du droit à l'autodétermination des peuples opprimés à travers le monde." - Extrait de la brochure "Decolonial Europe Day".

    Nous pouvons observer ce qu'il se passe lorsque des organisations dominantes et blanches de personnes handicapées s'organisent à partir d'une approche basée uniquement sur les droits et œuvrent en faveur de l'intégration, ou qui répètent de manière itérative la rhétorique sur l'inclusivité, l'accessibilité... sans transformation, sans décolonisation de ces espaces, sans remettre en question cette colonialité persistante et la pensée institutionnelle et les logiques carcérales qui soutiennent le flux du pouvoir actuel, sans ce démantèlement de la suprématie blanche. Ces comportement qui sont aussi largement incompris et pratiqués par des personnes censées mettre fin aux prisons. Nous pouvons également voir ce qui se produit lorsque ces organisations de défense des droits des personnes handicapées ou militantEs ignorent le fonctionnement de la suprématie blanche - qui effacent les longues expériences et expertises des personnes handicapées racialisées - en obtenant de maigres améliorations conditionnelles pour celles et ceux qui jouissent d'un privilège relatif, et qui ne poussent qu'à des réformes ou à des constructions de places de prison supplémentaires.

    Une grande partie des personnes handicapées "blanches" ne fait pas l'effort pour se décoloniser, passer d'un cadre de "droits des personnes handicapées" (lutte pour les droits individuels, liés à ce système capitaliste) à un cadre de justice (globale) pour les personnes handicapées. Alors que le handicap est réparti de manière disproportionné dans le monde, il est réparti de manière si disproportionné qu'il y est même normal d'avoir un handicap, et le handicap en tant qu'identité n'est pas fétichisé comme il l'est en occident. De plus, l'hégémonie des recherches du monde blanc du handicap ne correspond pas à leur demandes et leurs recherches. "The Canadian Journal Of Disabilities Studies" ou "Disability Studies Quartely", "dgsjournal"...parmi tant d'autres permettent de comprendre ce manque de prise en compte de leur difficulté (du à leur position sociale), qui engendre inévitablement leur affaiblissement, leur effacement et leur détresse.

    Les personnes handicapées qui ont été peu ou pas exposées aux théories des droits des personnes handicapées ou à la culture radicale du handicap, ne comprennent pas le handicap au-delà de ce qui arrive aux « autres », ce qui en fait des objets tragiques de la pitié libérale, du mépris et de la charité. La justice pour les personnes handicapées a émergé grâce au travail des féministes queer, trans et des personnes de couleur. Le terme a été inventé par les membres originaux de Sins Invalid (10 principes de justice pour les personnes handicapées) contrairement aux études hégémoniques sur le handicap à dominante blanche et à focalisation unique (Piepzna-Samarashina, 2018).

    La justice pour les personnes handicapées a été construite parce que le mouvement pour les droits des personnes handicapées et les études dominantes blanches sur le handicap ne centralisent pas de manière inhérente les besoins et les expériences des personnes victimes d'oppressions intersectionnelles, multi marginalisées, telles que les personnes handicapées de couleur, les immigrantEs handicapéEs, les homosexuellEs handicapées, les personnes trans et de genre non conforme handicapées, des personnes handicapées sans logement, des personnes handicapées incarcérées, des personnes victimes d'autres catastrophes de plus en plus fréquentes... ou plus largement des nombreuses personnes handicapées dont les terres ancestrales ont été volées, depuis ces cinq cent dernières années... entre autres. Les conversations importantes et nécessaires sur la race et la justice ne peuvent être pleinement menées sans la justice pour les personnes handicapées au centre. Les personnes de couleur handicapées sont les plus durement touchées par les inégalités structurelles qui se chevauchent au sein de toutes nos institutions. Nous ne pouvons donc pas éviter le fait que nos communautés subissent des oppressions communes et superposées qui nécessitent un cadre de plaidoyer qui transcende les identités et les mouvements.

    La justice pour les personnes handicapées nous permet de réenvisager le monde – de rappeler aux gens que, comme la race, la classe sociale et la criminalité, le handicap est une construction sociale. Elle nous rappelle à tous-tEs qu'il n'y a jamais eu et qu'il n'y aura jamais de « normalité ». Elle nous permet de définir l'éducation et la justice, de dépénaliser le handicap, de désarmer la police, de détourner tout le monde des prisons et d'autres institutions carcérales, de démanteler la suprématie blanche, de désinstitutionnaliser celles et ceux qui sont actuellement pris au piège dans l'emprise violente et impitoyable de nos institutions parce que la société n'a pas réussi à fournir un soutien et des soins significatifs en premier lieu, et de restituer les terres aux peuples autochtones, handicapées par ces siècles de vols et de violences coloniales.

    "La fin du colonialisme, c'est la fin du capacitisme" - Jen Deerinwater

    Un élément clé des politique radicale est la perturbation du statu quo, de l'organisation tenue pour acquise des choses qui profitent à celles et ceux qui ont un pouvoir et des privilèges relatifs. C'est pourquoi nous avons besoin de décolonisation, pas seulement de « diversité », et pourquoi « l'inclusivité » au sein de milieux embourbés dans la colonialité n'est absolument pas la réponse.

    Fondamentalement, la décolonisation consiste à se détacher de la colonialité, du colonialisme, du point de vue et des compréhensions qui ont créé des structures de pouvoir et d'oppression qui rendent certaines communautés et leurs connaissances inférieures, déficientes ou « arriérées ».

    « Nous avons été si occupés à lutter contre l'innocence et la bienveillance abusives et mortelles de la blancheur libérale hégémonique au sein de nos institutions que nous avons oublié que le cœur et les parties les plus vitales du cerveau du mouvement décolonial ne se trouvent pas dans les murs des universités, mais, dans leur écrasante majorité, dans les actions de collectifs décoloniaux combatifs […] nous devons former des combattants plutôt que des universitaires […] En bref, devenir désobéissant dans le milieu universitaire. Remettre en question la monodisciplinarité ou l'eurocentrisme, n'est pas suffisant pour éviter les pièges des espaces universitaires libéraux, de la colonialité du savoir. » - Nelson Maldonnado Torres, sur la décolonialité combative.

    W. E. B. Du Bois a également discuté de l'importance de l'éducation dans la reproduction de la domination, de la servilité et de la suprématie blanche. Frantz Fanon expose aussi son avis dans "les damnés de la terre" sur "l'intellectuel colonisé qui a investi son agressivité dans son désir à peine voilé de s'assimiler au monde colonial. Il a mis son agressivité au service de ses propres intérêts. Ainsi apparaît facilement une sorte de classe d'esclaves affranchis individuellement."

    Les approches académiques de la décolonisation ont tendance à s'effondrer en projets de diversité/inclusion, et réduisent souvent la dimension combative de la décolonialité à la réalisation d'un débat intellectuel entre universitaires érudits et aspirants universitaires, des approches eurocentriques qui sont au centre du complexe mondial libéral et néolibéral des universités occidentales modernes. L'épistémologie dominante, centrée sur l'Europe et l'"Amérique du Nord", connaît une crise terminale. Cette crise épistémique ouvre la voie à la montée des épistémologies du Sud, apportant une nouvelle interprétation de l'expérience humaine. Le préjugé selon lequel il n'y a pas grand-chose à apprendre de ces régions du monde qui pourraient nous rendre meilleurs ou nous aider à créer un monde meilleur est une vision du monde eurocentrique de notre éducation. Un monde toujours considéré en retard, un monde censé rattraper la modernité/colonialité occidentale.

    Nous avons aussi besoin de personnes temporairement valides qui puissent comprendre que la libération des personnes handicapées est également dans leur intérêt.

    Nous devons donc travailler ensemble pour la libération, dans un soucis d'interdependance, ce qui signifie que toutes les façons dont nous nous organisons et élaborons des stratégies pour notre libération doivent être accessibles et pleinement accueillantes pour celles et ceux d'entre nous. Nous avons intérêt à démanteler ces systèmes d'oppression parce que nous existons. Nous naviguons constamment dans un monde qui ne veut pas que nous en fassions partie. La présence d'un handicap oblige les personnes valides à affronter leur propre capacitisme intériorisé. Les organisateurs devraient repenser leurs manifestations et les rendre plus accessibles, modifier leurs objectifs pour mieux refléter « toutes les personnes queer », « toutes les marges », « toutes les femmes », « toutes les corps/esprits »... créer des programmes et des espaces qui permettent à de nombreux types de corps, de niveaux d'énergie et de styles d'apprentissage différents. Une véritable intégration des politiques radicales en matière de handicap doit nous obliger à avancer beaucoup plus lentement, à créer un langage plus accessible pour ne pas nous détourner de cette réalité complexe, souvent très difficile à comprendre, de la question du handicap dans un monde capacitiste. Les personnes handicapées se sont vu refuser l'accès à la sphère publique, à l'emploi, à l'éducation, à la communauté, aux mouvements de justice sociale. Si les communautés ou mouvements radicaux sont vraiment sérieux-ses dans leur engagement en faveur de politiques radicales, alors elles doivent s'engager dans des changements radicaux au niveau culturel, interpersonnel de manière itérative pour mettre fin à la marginalisation, à la ségrégation, à l'incarcération.

    La véritable solidarité n'est pas un mot, c'est un verbe et comme pour tout travail de solidarité active, un engagement total non seulement en paroles, mais aussi en actes, est nécessaire. "La véritable solidarité n'est qu'un autre mot pour désigner l'amour" (Mia Mingus). Et la gentillesse n'est pas la justice. La justice, ce n'est pas faire des excuses ou reconnaître le préjudice. La justice exige une transformation personnelle qui garantisse que le préjudice ne se reproduira plus, c'est aussi mettre fin à la violence (Voir le site créé par Mariam Kaba, une compilation de nombreux textes sur ce sujet : Transform Harm).

    L'aphorisme du design : « Rien sur nous, sans nous, n'est pour nous » est ici profondément pertinent. Décoloniser les espaces publics signifie impliquer activement les communautés locales dans les processus de planification. C'est du soin et de la responsabilisation de premier ordre. Les communautés peuvent se décoloniser en déconstruisant ces hiérarchies et autres structures sociales qui soutiennent ce statu quo discriminatoire rendu non problématique. La décolonisation est un processus d'examen et d'annulation des privilèges non mérités qui résulte de ces processus historiques et actuels pour discuter et mettre en place des stratégies pratiques pour « décentrer les groupes dominants » et garder un espace pour les voix auparavant marginalisées.

    Il y a eu un consensus parmi de nombreuses études sur le fait que les conceptions occidentales du handicap (modèle caritatif, médical, religieux, social) ne trouvent pas écho chez de nombreux membres des Premières Nations d'Australie et ailleurs... Nous soutenons que les expériences intersectionnelles de colonialisme, de racisme, de capacitisme et de sexisme, en particulier dans les services aux personnes handicapées, peuvent conduire à la marginalisation des participants et des familles des Premières Nations. Comprendre les approches autochtones du handicap et la justice pour les personnes handicapées est un élément essentiel de la décolonisation des services de soutien aux personnes handicapées. Les peuples autochtones du monde entier sont laissés pour compte par les systèmes de santé publique actuels. Ceci est directement lié à la question persistante du colonialisme. Nous devons décoloniser ces systèmes de santé si nous voulons parler de solidarité active, comprendre et améliorer l'offre de soins de santé aux peuples autochtones. (articles sur Science direct - 1, 2)

    Le sauveur blanc (#WhiteSaviorIndustrialComplex)

    La plupart des sauveur-ses ne peuvent pas s'auto identifier aux expériences de celles et ceux qu'iElles « aident » et ne peuvent pas entendre ces personnes parce qu'elles ne disent pas ce que leA sauveur-se veut entendre.

    Nous tous-tEs, les marginaliséEs, mourons encore à cause de votre sauveurisme persistant et de votre refus catégorique d'accepter et de résoudre le problème de la suprématie blanche de cette nation.

    De nombreux-sEs bâtisseur-sEs de communautés handicapées continuent d'avertir que le fait de ne pas aborder ces discussions dans une optique de justice pour les personnes handicapées – de comprendre, de discuter et d'aborder les liens réels et mortels entre le racisme, le capacitisme, cette colonialité, la suprématie blanche et la violence policière – entraînera davantage d'incarcérations, davantage de morts. Cela, ou peut-être ne savent-iElles pas clairement comment chacune de ces oppressions est tissée dans le tissu de la suprématie blanche et comment chacune soutient l'autre.

    Ces oppressions sont si étroitement liées que toute tentative de débarrasser cette nation de ce racisme sans éliminer le capacitisme ne donnera pratiquement rien. Les communautés handicapées qui tentent de débarrasser la nation du capacitisme se retrouvent avec très peu de progrès parce qu'elles pratiquent toujours le racisme, c'est également vrai dans le sens inverse.

    Et pourtant, vous continuez d'effacer inconsidérément notre identité, notre « diversité fonctionnelle », notre « neurodiversité » – et donc, notre humanité. La « normalité » est un mythe, un problème et un privilège. À bien des égards, le concept occidental de « handicap » a été utilisé comme un outil de la colonisation et est encore utilisé et nécessaire aujourd'hui pour marquer la limite de l'inclusion, maintenir la structure coloniale (interne), tracer des frontières... alors qu'être inadaptéE à cette société capitaliste, coloniale et malade, cela signifie que vous êtes en bonne santé.

    « Nous ne voulons pas simplement rejoindre les rangs des privilégiéEs, nous voulons défier et démanteler ces rangs et nous demander pourquoi certaines personnes sont constamment en bas de la société [...] Tant de gens veulent des alternatives à la police, aux prisons et au système de justice pénale, mais très peu sont prêt-Es à s'engager réellement dans le dur travail à long terme pour les construire. Ils ne se produisent pas * et ne se produiront pas * comme par magie, ils doivent être construits avec du temps, du travail et un engagement collectifs [...] Votre communauté/famille/quartier dispose-t-elle d'un moyen de lutter contre la violence intime et sexuelle ? [...] le travail de groupe est difficile, long et prend du temps." » — Mia Mingus

    Sur la stigmatisation et la « normalité »

    Le mouvement radical des personnes handicapées reconnaît que toute notre libération est liée (l'interdépendance) et de plus en plus de mouvements sont aux prises avec cette question. De plus en plus de personnes handicapées révèlent leur handicap et de plus en plus de militantEs deviennent handicapéEs ou acceptent leur handicap. CertainEs ne se sont jamais sentiEs suffisamment à l'aise pour en parler, ou ne peuvent tout simplement pas être comprises en fonction de la complexité et des multiples handicaps. Certaines en arrivent à un épuisement physique, psychique dû au fait qu'elles ne sont pas du tout comprises. Nous avons souvent appris à individualiser et à dépolitiser nos souffrances, nos identités et nos expériences handicapées grâce à l'efficacité du capacitisme et cette incitation à promouvoir sans cesse nos capacités, nos compétences. La stigmatisation autour du handicap est tellement intense que de nombreuses personnes handicapées ne peuvent pas ou ne veulent pas s'identifier comme handicapées et vivent des burn out. Il peut aussi être impossible de s'identifier comme handicapé lorsque votre survie en dépend.

    La normativité a de fortes racines coloniales (Daratowriss ; L'intersection du colonialisme et du handicap) et le langage oppressif, infériorisant, pathologisant issu de ces dichotomies coloniale a ses origines dans l'esclavage (drapétomanie) : les noirEs qui refusaient et fuyaient l'eslavage par les blanc-hES, sous Jim Crow, étaient pathologiséEs, considéréEs comme des idiotEs, fou-llEs... et aujourd'hui encore, la médecine coloniale pathologise les coloniséEs (Fanon), celles et ceux qui sont inadaptables à cette société hyposensible. Un peu comme lorsque les opposants au colonialisme, à l'apartheid,... ont été qualifiéEs de terroristes.

    « À mesure que la communauté politique radicale du handicap se développe et que de plus en plus de personnes handicapées aux multiples identités opprimées refusent de laisser leurs handicaps à la porte, les mouvements politiques sensés seront contraints de faire face à leurs histoires d'exclusion, de stigmatisation et d'évitement. Pour moi, il est vital que les personnes politiquement handicapées, et pas seulement les personnes handicapées descriptives, soient au centre de ce changement et soient informées par les politiques radicales en matière de handicap. » (Mia Mingus)

    Étant donné que la pauvreté, la pollution, la violence (domestique), les traumatismes, les prisons, la ségrégation, la violence de ce monde de mort de la colonialité... sont les causes dans la manière dont les personnes deviennent handicapées, les communautés pauvres migrantes, marginalisées, effacées... les abolitionnistes de la police et des prisons font déjà ce travail dans l'ombre à l'intersection des politiques radicales du handicap.

    Mais ce qui manque aux mouvements de justice sociale, c'est cette solide analyse et la compréhension de ces politiques radicales du handicap, du fonctionnement de la suprématie blanche, de la suprématie des personnes valides, du capacitisme. Même si le handicap est partout, il est tellement séparé et individualisé que de nombreuses personnes n'ont soit pas assez de connaissances ou d'échanges ou d'expérience avec les personnes handicapées. Le séparatisme persistant au sein du monde du handicap n'est pas non plus anodin.

    L'individualisme, l'isolement et la normalisation s'unissent pour garantir que nous restons déconnectés de nous-mêmes et les uns des autres. L'une des façons les plus insidieuses de miner les mouvements est la propagation de cultures indésirables qui créent des politiques, des environnements, des structures et des idéologies qui disent aux personnes marginalisées (non capables, non blanches) que nous sommes jetables, quand nous ne sommes pas aussi consommables. Dans une société suprémaciste et capacitiste incroyablement valide, remettre en question la croyance profondément ancrée selon laquelle le handicap et les personnes handicapées ne sont pas des fardeaux jetables, tragiques et laids est tellement radical – y compris au sein de nos mouvements pour la justice sociale qui ne naissent pas en vase clos et continuent de soutenir et de perpétuer activement ces notions et pratiques capacitistes. Les personnes qui ont une apparence ou un comportement différent des normes sociales peuvent être confrontées à l'exclusion dans les contextes familiaux et communautaires. Une ré-imagination radicale de la communauté pourrait commencer du point de vue du handicap et de son plaidoyer.

    Le travail visant à créer une organisation et une communauté pour les personnes handicapées est tout simplement révolutionnaire parce que le monde dans lequel nous vivons n'a jamais été construit pour ces personnes. La raison pour laquelle nous avons besoin de l'abolition du capitalisme et de la suprématie blanche est qu'il nous oblige à nous conformer à un idéal et à un modèle de personnes valides pour entrer sur le marché du travail, être productif-fe, compétitif-ve, ce que beaucoup de personnes handicapées ne peuvent pas faire. Cela crée une frontière entre la communauté des personnes handicapées et le reste de la population qui est stigmatisée parce qu'elle ne travaille pas dans cette économie. Ces personnes ne sont pas utiles à la bourgeoisie capitaliste et ses discours. Le démantèlement du capacitisme nécessite de comprendre comment il est lié à la suprématie blanche et ses privilèges. Il nécessite aussi de comprendre que la racine du racisme, c'est le validisme et la racine du validisme c'est l'anti noirceur (Talila Lewis, 2018. Il est fondamental de comprendre qu'il sera impossible de lutter contre toutes les formes de racismes (surtout l'anti noirceur et anti autochtones), si les voix des personnes handicapées ne sont pas amplifiées pour démanteler ce validisme, en France, plus particulièrement.

    "l'affaire de la neurodiversité et du handicap plus largement doivent être aussi inclus dans tous les mouvements de #BlackLiberation (Schalk, Black Disability politics - 2022)."

    Comment pouvons-nous vivre dans un monde aussi violent et traumatisant sans parler du handicap et du capacitisme ?

    Très peu d'attention est accordée aux injustices infligées aux personnes handicapées . Et c'est un trésor très rare que d'assister à des conversations politiques ou de plaidoyer sur/par des personnes handicapées dont les corps/esprits abritent de multiples marginalités et diversités. Nous pouvons constater que les établissements d'enseignement, les « forces de l'ordre », les avocats, les juges et les administrateurs pénitentiaires, comme les mouvements de justice sociale comprennent peu le handicap et le souci des personnes handicapées, à cause de cet effacement constant, que la catastrophe climatique affaiblit d'autant plus.

    La violence, c'est s'exprimer contre la violence de l'État – qui entraîne un manque d'accès à la justice, un isolement, une stigmatisation – tout en ignorant le rôle que joue le capacitisme dans sa justification.

    La violence, c'est perpétuer ces schémas traumatisants d'abus, de relations abusives, d'effacement et de gaslighting (police de la parole, nier les expériences, les traumatismes, les handicaps de quelqu'un) dans l'activisme, l'organisation communautaire et les mouvements de changement social (espaces censés être engagés en faveur de la justice sociale).

    La violence c'est faire taire et marginaliser les personnes qui ne peuvent pas accéder aux discours académiques, à l'université, et ne connaissent pas le vocabulaire de la théorie critique du handicap (#DisCrit), ne peuvent pas naviguer dans les dynamiques sociales toxiques et ont du mal à participer car ces modèles dépendent du capacitisme. De plus, le courant académique critique du handicap (des études faites par les personnes handicapées elles-même), qui est très important, est un mouvement essentiellement anglophone.

    Audre Lorde (1984) nous rappelle que nous ne vivons pas une vie axée sur un seul problème ; par conséquent, nous devons nous organiser de manière à reconnaître notre multiplicité et la nature imbriquée des inégalités structurelles. Il suffit de considérer les préjudices et la violence inhérentEs au système carcéral et la surreprésentation des personnes handicapées, des Noirs, des Autochtones, des personnes de couleur, des Trans, des Queers, des pauvres et des travailleuses du sexe, pour reconnaître que la suprématie blanche (drogue infernale), le colonialisme, le handicap et le capitalisme sont des systèmes puissamment interconnectés.

    Pour répondre pleinement à ces violences contre notre communauté, les organisations doivent compter des personnes handicapées parmi leurs membres et parmi leurs dirigeants pour défendre pleinement les victimes. De nombreuses personnes considèrent le handicap comme un problème individuel et non lié à une lutte historique beaucoup plus vaste. Si les mouvements de justice sociale peuvent faire le lien entre la manière dont les personnes noires handicapées ont contribué à la lutte de libération des NoirEs dans le passé, cela peut constituer un argument plus fort sur la façon dont les personnes temporairement valides et les personnes handicapées peuvent se rassembler pour travailler à la libération collective. Plus qu'une confrontation nécessaire, un dialogue honnête dans les communautés pourra résoudre ces divisions et ces peurs et travailler ensemble à la libération que nous devons tous-tEs acquérir.

    Être privé de sa communauté, l'incarcération, la ségrégation, l'exclusion sociale... était pourtant compris par nos ancêtres comme une peine de mort.

    Sous le capitalisme, les communautés adhèrent fortement à l'être humain typique et les personnes qui ne s'adaptent pas facilement à l'image capacitiste ressentent de la honte. Comme dans toutes les communautés sous le capitalisme, il existe une certaine honte et un certain malaise envers des personnes qui ne s'adaptent pas facilement à cette image capacitiste et de ce qu'est un être humain « typique ».

    Environnementalisme

    De plus en plus de dirigeantEs, militantEs, universitaires... autochtones appellent au démantèlement de la suprématie blanche, autant dans l'activisme environnemental, dans les études universitaires, que dans les sciences de l'environnement. Les espaces dominants blancs des mouvements pour la justice environnementale, sociale, économique.. ont négligé à maintes reprises – et négligent encore - les expériences et les droits des personnes de couleur, handicapées, (multi) marginalisées, des négligences qui reflètent ce déséquilibre des pouvoirs de ce colonialisme persistant (colonialité). Ces schémas d'exclusion persistants qui coexistent et qui persistent en symbiose avec les médias haineux entravent la réalisation de la justice environnementale.

    Changement climatique et droits de l'homme : le lien inextricable (Vanessa Nakate)

    Les militantEs noirEs et autchtones et d'autres dirigeants demandent depuis longtemps que le changement climatique soit également reconnu comme une crise sociale, enraciné dans cette longue histoire du colonialisme européen et nord-américain, alors que les nationalistes blancs du monde entier se sont appropriés le langage de l'environnementalisme en ne plaçant pas cette dimension coloniale (suprématie blanche, capitalisme racial) de la crise climatique au cœur des analyses et des solutions.

    "Le changement climatique est un problème relationnel". - O'Brien, 2020.

    Le déni du changement climatique et les schémas largement répandus du déni du handicap et son invisibilisation se manifestent de manière étonnamment similaire. La pensée environnementale « critique », loin de ce discours blanc dominant, a appelé à plusieurs reprises à une plus grande attention à cette production culturelle de l'invisibilité, à lutter contre cette invisibilité structurelle et re-politiser l'invisible, en reconnaissant que l'invisibilité n'est pas simplement un fait neutre, mais un déni volontaire et une condition délibérément créée et encouragée afin de faciliter le profit et nier les dommages environnementaux, qui, comme les douleurs chroniques, les maladies environnementales et une foule d'autres handicaps incompris et méconnus, passent souvent inaperçus. Les militantEs écologistes se battent depuis longtemps contre cette invisibilité, une invisibilité que l'on peut considérer comme un obstacle à de véritables actions politiques. (Voir aussi les travaux de Jasbir Puar dans le Post-scriptum)

    La suprématie blanche n'est pas une question de richesse ou de couleur de peau, c'est une idéologie dont les caractéristiques simplifiées et très pratiques pour commencer sont (une définition de 𝔹𝕒𝕣𝕒𝕦𝕦 ; - Resisting Colonial Fictions) :

    (1) - Individualisme (2) - Accumulation personnelle (3) - Intérêt que pour soi-même

    "L'occident (suprématie blanche) n'a pas de parents, seulement des captif-vEs". - RIP Klee Benally.

    "L'occident n'est pas l'occident. L'occident n'est pas un lieu, c'est un projet". - Edouard Glissant

    "Décoloniser signifie écouter profondément, connaître et pratiquer le Sud à partir de perspectives et d'expériences pluriverses qui remettent en question le monopole épistémique du Nord global [...] Si le diagnostic principal est le colonialisme, la recette est la décolonisation épistémique, physique et politique." - Jorge Ramos Tolosa, en Palestine depuis les épistémologies du Sud.

    Ce que font les noirEs et les autochtones depuis longtemps :
    (1) HEAL, (2) DECOLONIZE, AND (3) FIGHT FOR HUMAN RIGHTS
    s'attaquer au point (3) directement est un pur produit de la suprématie blanche et de se privilèges.

    Ce texte est une contribution aux rencontres nationales anticarcérales et moments publics du 26, 27 et 28 janvier 2024, journées auxquelles je n'ai pas été, pourquoi donc ? Relisez-le et relisez le encore, pour comprendre pourquoi les personnes avec des handicaps invisibles ne peuvent pas accéder à ces évènements. Ce texte ne sera pas demandé à être publié sur d'autres sites, parce qu'il suffit de lire simplement les commentaires de "l'extrême gauche" pour comprendre pourquoi ce pays est complètement déshumanisé, et pas envie d'en lire plus. (Re)lisez "le discours sur le colonialisme" d'AImé Césaire, la première page suffit amplement, et (re)lisez encore...

    Le premier épisode de cette série pour comprendre le lien entre handicap, racisme, colonialisme et État carcéral, crise climatique... est trouvable sur le web.

    Contacts du KIOSK :

    Mail : infolekiosk chez riseup.net

    Réseaux sociaux : Twitter
    D'autres traductions disponibles en lien avec la culture radicale du handicap sur le blog du KIOSK

    Propositions de textes et techniques : Vous êtes hypersensibles à cette violence de la suprématie blanche ? Vous pensez que nous sommes trop sages, trop poliEs, trop doux avec ces personnes ? On vous reproche d'être tout le temps en colère ? Au quotidien ?Vous avez aussi vécu des (multiples) traumatismes en vous opposant à cette culture toxique ? Vous avez des réflexions et des techniques pour la démanteler à partager ? Bienvenue dans ce monde marginalisé. Ces textes sont faits pour exposer cette violence, théorises ces souffrances, n'hésitez pas à partager vos expériences, vos critiques, vos conseils en lecture décoloniale, ou vos compliments... et écrire à cette adresse : infolekiosk chez riseup.net.

    SeulE, on va plus vite, à plusieurEs on va beaucoup plus loin.

    Les racistes les plus problématiques sont celles et ceux qui ne dénoncent pas la violence de la suprématie banche. Faire face à la crise climatique nécessite de démanteler cette suprématie blanche.


    [1] voir : Déni du déni, racisme daltonien, silence en France - Iseult Mc Neulty, traduction disponible ici

    [3] Saleh-Hanna Citation 2015

    1 - Décoloniser l'Europe :

    Pour AfaLab, décoloniser l'Europe signifie sortir du déni de l'histoire et reconnaître que la majorité des pays d'Europe occidentale, leurs institutions, leurs systèmes socio-politiques et économiques, ont été construits sur la domination brutale et la violence envers les populations non blanches. Décoloniser l'Europe, c'est aussi reconnaître que la fin officielle de la colonisation n'a pas conduit à la fin de cette domination politique, économique et culturelle. Au contraire, cette violence historique et structurelle continue d'être perpétrée sous d'autres paradigmes, comme celui du développement. La décolonisation de l'Europe n'est donc possible que si l'on reconnaît le passé et les manières dont ce passé n'a pas disparu.
    La journée du 9 mai (Decolonial Europe Day) permet des stratégies de décolonisation de l'Europe, pour Démystifier la décolonialité, une traduction de la brochure "Journée de l'Europe décoloniale" disponible ici.

    "Connaître notre héritage colonial et avoir une représentation qui reflète la société européenne dans laquelle nous vivons avec toute sa diversité (ethnique, sexuelle, handicap), c'est décoloniser l'Europe." - #DiasporaVote !

    2 - Décoloniser l'université :

    En 2015, des étudiants de l'Université du Cap ont exigé le retrait de leur campus d'une statue de Cecil Rhodes, le magnat des affaires impérialiste et raciste. Le cri de guerre « #RhodesMustFall » a déclenché un mouvement international appelant à la décolonisation des universités du monde...( PDF)

    3 - Décolonialité combative :

    Bien que le colonialisme fondé sur l'empire a en grande partie pris fin, la colonialité locale et mondiale perdurent, une colonialité reproduite par ces états-nations. La lutte contre la colonialité exige avant tout une attitude combative qui implique le passage d'une décolonialité légère (ou absente) à une décolonialité combative (Maldonnado Torres)

    4 - L'abolition comme projet de transformation personnelle :

    L'abolition signifie fixer, communiquer et respecter des limites. L'abolition signifie renforcer ces frontières lorsqu'elles ne sont pas entendues. L'abolition signifie une justice transformatrice. L'abolition permet à un temps de guérir. L'abolition vise à réparer les dommages causés à une personne ou à un peuple. L'abolition réserve un espace pour la ou les personnes qui ont perpétré des violences, des préjudices et des dommages. L'abolition rend possible l'impossible. (Cullors, 2019, 1694) Marina Bell

    5 - Décoloniser l'Afrique :

    Une conversation avec Ndlovu-Gastheni, grand spécialiste de la décolonisation en Afrique : Penser depuis le Sud global, à partir d'un monde majoritaire, et non de manière eurocentrique, signifie que nous prenons la totalité de l'expérience humaine et que nous y réfléchissons. Decolonization, decoloniality and the future...

    6 - Intersectionnalité et justice climatique :

    Intersectionnalité et justice climatique : un appel à la synergie dans la recherche sur le changement climatique

    7 - Intersectionnalité et criminologie :

    Les femmes autochtones font face à un triple péril

    8 - The Right To Maim

    "Le droit de mutiler" de Jasbir Puar fait en fait un excellent travail en expliquant la manière dont le handicap est inégalement appliqué et rend inintelligible la violence coloniale par la manière dont elle est comprise et utilisée en Occident. « The Right to Maim » de Jasbir Puar démêle ces conversations, en soulignant spécifiquement la manière dont le discours sur le handicap en Occident rend souvent inintelligible l'impact global de la violence coloniale, en examinant comment les forces biopolitiques fonctionnent pour contrôler les populations à travers la logique de l'élimination. C'est une lecture essentielle et opportune pour comprendre la biopolitique sioniste, où comment des populations racialisées sont ciblées pour une forme d'élimination ou une autre, Puar nous montre comment la débilité, le handicap et la capacité constituent ensemble un « assemblage » que l'État d'Israël et l'État américain utilisent pour contrôler divers groupes. En complétant son « droit de tuer » par ce que Puar appelle « le droit de mutiler », l'État israélien s'appuie sur des cadres libéraux occidentaux du handicap pour obscurcir et permettre l'affaiblissement massif des corps palestiniens. Nous constatons que les plus jeunes sont ciblés, « non pas pour les tuer mais pour les retarder… qui cherche à rendre impuissante toute résistance future » (152). Puar soutient que cette modalité n'est pas simplement un sous-produit de la guerre, comme les dommages collatéraux ; au lieu de cela, il est utilisé pour atteindre les objectifs tactiques du colonialisme de peuplement. Comme elle le montre, la mutilation fonctionne comme un « ne laissera pas mourir » se faisant passer pour un « laisser vivre ». Il s'agit, comme nous l'apprenons, d'un « génocide au ralenti ». Des articles et interviews sur social text. Pdf gratuit du livre ici.

    9 - The Abolition and Disability Justice Coalition :

    Des survivants psychiatriques abolitionnistes, des personnes handicapées et leurs complices.



    https://lenumerozero.info/IMG/pdf/there_is_no_justice_without_disability_tile_le_kiosk.pdf
  • Tuesday 12 March 2024 - 21:35

    Vendredi 15 mars, soirée de soutien à l'amicale laïque du Cret-de-Roc. L'argent récolté servira à payer le loyer de plusieurs familles précarisées de l'école publique Chappe.
    Au programme, pizza végétariennes et concerts !

    Vendredi 15 mars, soirée de soutien à l'amicale laïque du Cret-de-Roc. L'argent récolté servira à payer le loyer de plusieurs familles précarisées de l'école publique Chappe.

    Au programme, pizza végétariennes et concerts !

    Chorale, les ébariolles
    Akhatar
    Dj

    Dès 19h00

    Pensez à réserver vos pizza au 0785185428

  • Tuesday 12 March 2024 - 21:31

    Le vendredi 22 mars 2024 à partir de 18h, à la Gueule Noire soirée Lipsync en soutien aux UEEH [1] !

    À partir de 19 heures, repas vegan à prix libre, cuisiné par le Kitchen Fabulous Crew, l'équipe cuisine des UEEH

    À partir de 20 heures, Lipsync !

    Ramène ta chanson et viens nous montrer ton plus beau playback et ta plus belle choré... Les inscriptions se feront sur place pendant la soirée.

    + DJ sets avec Caniche Perfide, DJ Maricòn-Ass et DJ Branchies.

    Entrée prix libre + adhésion à la Gueule Noire à prix libre aussi

    En mixité choisie Trans Pédé Gouine Intersexe Queer.


    [1] Les UUEH sont des rencontres féministes, internationales et autogérées organisées par et pour des personnes LGBTQIA+ depuis 1979. Plus d'infos ici : https://www.ueeh.net/.

  • Tuesday 12 March 2024 - 21:29

    Nous prévoyions un temps d'accueil et de présentation du Nouveau PF 42 dimanche prochain, le 17 mars, entre 14h et 17h.

    Ce temps d'accueil sera l'occasion de présenter le fonctionnement et les valeurs du Mouvement français pour le planning familial, et où on en est de la relance de l'association départementale de la Loire.

    Cette après-midi permettra également de se rencontrer et de voir sous quelle forme vous pourriez avoir envie de participer au Nouveau PF42.

    Buffet de goûter à 17h pour celleux qui souhaiteraient rester échanger en informel.

    Envoyez un mail à contact.nouveaupf42 chez mailo.com si vous pensez venir !

  • Tuesday 12 March 2024 - 21:28

    Le samedi 23 mars à partir de 18h au Remue Méninges, la Phase [1] organise une soirée pour la sortie de deux projets.

    RADIO TILLEULS, 5 ANS D'AVENTURE COLLECTIVE
    Un fanzine qui raconte les péripéties, les désirs et les doutes d'un collectif de jeunes autour d'une radio dans une MJC.

    DANS TA PHASE, VOL.1
    Une mixtape enregistrée à la MJC, un projet collectif avec le rap varié du DTP.

    Au programme de cette soirée :

    • 18h - écoute collective et présentation du fanzine
    • 19h - repas à prix libre
    • 20h - concert et open-mic

    Au Café-Lecture le Remue Méninges, 43 Rue Michelet, Sainté

    à très vite !


    [1] La Phase, espace jeunes de MJC des Tilleuls

  • Tuesday 12 March 2024 - 21:25

    face à la guerre mondiale militarisée qui nous menace

    On sait depuis longtemps déjà que l'économie capitaliste est à la paix mondiale ce que le massacre de la Saint-Barthélémy fut à la Pax Dei catholique : une guerre du tous contre tous.

    Cette guerre, assez souvent du moins durant les heures de prospérité et de croissance économiques, se joue selon les « lois du marché », quoiqu'elle s'offre toujours assez régulièrement de régler ses comptes les moins diplomatiquement conciliables à la périphérie, où des escarmouches plus ou moins militaires ne cessent d'envoyer à la mort les plus miséreux des humains parmi le grand nombre des miséreux que le capitalisme engendre tous les jours.

    Du Yémen au Congo en allant de l'Ukraine à la Syrie - et nous en passons -, c'est bien toujours la siccité des différents centres vides de l'économie capitaliste globalisée qui s'exprime sur ses bords.

    C'est que le « marché » n'a en vérité d'autre loi que celle qui lui interdit d'en connaître aucune ; la croissance et le profit sont à ce prix. Et c'est justement ce profit et cette croissance qui ont maintenant atteint leur dernière limite : les contradictions propre au capitalisme, tant sociales qu'écologiques, devaient fatalement conduire à l'impossibilité de leur reproduction.

    Il n'est pas jusqu'aux êtres humains eux-mêmes qui ne soient à présent confrontés à la difficulté de perpétuer leur propre « espèce » ; les autres disparaissent déjà !

    Socialement, la baisse du taux de profit veut que le capitaliste accentue encore l'exploitation, autrement dit la spoliation, de la masse des prolétaires, lesquels à leur tour se voient contraint de consommer moins, et par là-même de limiter les profits du capitaliste. Écologiquement, la croissance indispensable à la perpétuation du capitalisme est cette puissance qui ne cesse de ravager le terrain même sans lequel elle ne saurait exister : le milieu « naturel », qui finit par se rendre invivable, et aussi bien inexploitable.

    Bref, le capitalisme est entré dans sa dernière phase...

    et la troisième guerre mondiale, qui avait commencé sitôt après la chute du mur de Berlin en 1989, non seulement sur le « marché » en tant que pseudo-fin de l'histoire, et victoire définitive du capitalisme sur un ennemi qui n'avait jamais été là, sinon comme capitalisme bureaucratique, mais bientôt une fois encore militairement à la périphérie – avec la guerre du Golfe en 1991, par exemple -, entre à présent dans une phase plus aiguë, et qui verra soit l'effondrement de la quasi entièreté du monde, soit un soulèvement révolutionnaire mondial.

    On sait qu'une théorie révolutionnaire suffisante et suffisamment répandue manque présentement à l'appel, mais ce n'est en vérité qu'affaire d'effacement produit à long terme par la propagande bourgeoise et ses contrefaçons multiples.

    Les marchands du monde n'ont pu fatalement produire qu'un monde de marchandises, où de la tomate à l'information presque tout s'est vu falsifié.

    La théorie révolutionnaire n'est pas inexistante, puisqu'elle existe au moins depuis Anacharsis Cloots, Pannekoek, Karl Marx et tant d'autres qui les ont suivi. La théorie révolutionnaire naît avec le premier prolétariat, elle naît du prolétariat, et le prolétariat est présentement partout ; mais plus que jamais, après tant d'années d'effacement et de mensonges, depuis l'école jusque dans les médias et depuis toutes les maisons blanches jusque dans les bureaux en management des GAFAM, les moyens pratiques et le nombre lui manquent : nous sommes passés du prolétariat conscient de la fin du XIXe siècle au prolétariat-zombie du XXIe siècle – et nous ne prétendons pas, ni ici ni ailleurs, grandir nos propres mérites : nous sommes nous-mêmes le produit de cette époque décomposée, et notre rôle ne peut qu'être relatif, relativement à ceci que nous ne disons rien de nouveau qui ne soit dû à l'actualisation du réel dans le mouvement réel de l'histoire. Nous ne disons donc rien de nouveau, nous le disons quelque peu différemment ; c'est l'urgence qui nous appelle :

    la troisième guerre mondiale n'attend plus, qui va précipiter l'humanité dans l'abîme !

    En se militarisant un peu plus chaque jour, la troisième guerre mondiale devient en effet visiblement aujourd'hui ce qu'elle était déjà essentiellement hier : un champ de ruine où tout le néant de l'accumulation marchande finit par montrer son vrai visage dans le désert que les bombardements laissent derrière eux : rien ne saurait le montrer mieux immédiatement que la destruction en cours de la bande de Gaza.

    Gaza, comme du reste le Yémen, et d'ores et déjà quelques autres lieux dont la multiplication dit ce qui vient, ne sont que les prémices du carnage total qui approche, lequel promet d'être pire que ses deux principaux précédents : la classe dominante capitaliste appellera ça, elle appelle déjà ça, une guerre de civilisation, quand il ne s'agit en réalité de rien d'autre que d'une guerre sociale absolue.

    La classe dominante bourgeoise a fait le choix du fascisme et du racisme à chaque fois qu'elle a été confronté aux crises du capitalisme, elle a fait le choix à chaque fois d'envoyer à la guerre les millions de prolétaires qu'elle exploitait déjà devant ça, elle a fait le choix de la destruction pour mieux exiger ensuite des prolétaires restants qu'ils reconstruisent à son profit ; elle fait présentement le choix, confrontée à la fin qui vient du capitalisme, non seulement du fascisme et du racisme, mais de la destruction totale et sans retour, sauf, espère-t-elle, d'elle-même : son haut degré d'inconscience et sa nullité intellectuelle concrète actuels parle pour elle ; le fétichisme marchand a fini par la rendre ignorante et folle : elle n'est plus même capable de réaliser qu'elle conduit ses propres enfants au désastre !

    L'Empire de la marchandise est l'empire de la schize infinie, qui a profité jusqu'ici à cette classe dominante, en tant surtout que cette schize cache le conflit réel dans la « société » sous de faux conflits plus ou moins spectaculaires qu'elle ne cesse de multiplier. C'est pourquoi jusqu'ici les humains réifiés n'y survivent plus guère autrement qu'en zombies égarés dans des décors qui leur sont étrangers, et séparés entre eux par des murs, des faux-semblants, des idéologies froides et des écrans. En sorte que nous pouvons dire que c'est toute l'immensité actuelle de cette séparation abstraite qui cherche maintenant à trouver son expression concrète, en tant qu'espace qui recueille la séparation, comme désert total, où même le prolétaire-zombie finira par ne plus pouvoir résider.

    La mort seule rôde encore après les bombes et la déforestation !

    Et nous n'avons plus même pour nous ce temps qu'évoquait jadis Balthazar Gracián, dont pouvaient jouir même celles et ceux qui n'avaient pas de demeure ; ici et maintenant lui aussi nous est compté : nous ne voulons pas de cette guerre, et nous savons ne pouvoir l'empêcher que par la révolution prolétarienne mondiale.

    L'échec des révolutions précédentes est regrettable, mais il est vain de le regretter.

    C'est pourquoi nous lançons ici cet appel* :

    PROLÉTAIRES DE TOUS LES PAYS, INSURGEZ-VOUS !

    À BAS LA MARCHANDISE !

    À BAS LA GUERRE !

    À BAS LE CAPITALISME !

    À BAS L'EMPIRE !

    VIVE LA LIBERTÉ L'ÉGALITÉ ET LA FRATERSORORITÉ !

    Autrement dit

    VIVE LA COMMUNE !

    Comité AEC
    Comité Néo-Invisible

    * A faire traduire dans toutes les langues, et prioritairement : en anglais, en arabe, en italien, en chinois, en espagnol, en allemand, en russe, en coréen, en grec, en japonais, en portugais... et à diffuser le plus largement possible, dans les journaux, les manifestations, les facs, les lycées, les collèges, les usines, les entreprises, les réseaux dits sociaux, etc.

  • Tuesday 12 March 2024 - 21:23

    Les brigades de solidarité 42 vous proposent de venir faire la fête !!!

    ⏳Ça urge ✊️

    Vous vous souvenez, on a commencé il y a quatre ans ! Nous nous mobilisons pour faire face à toujours plus d'inégalités et de décisions politiques destructrices. Toujours plus de capital et moins d'humanité.

    Chaque semaine les besoins des colis alimentaires sont grandissants.

    Des artistes et professionnels ont répondu à l'appel et vous ?

    Pourquoi ça urge vraiment ? :
    Les caisses pour les achats alimentaires de premières nécessités sont vides. Chaque semaine des familles repartent sans colis.

    Pour faire face à ce manque de moyen, les brigades vous ont organisé une super fête le 23 mars de 14h à 22h30 à l'Amicale Laïque du Crêt de Roch.

    Au programme :

    Friperie, ateliers scientifiques Petits débrouillards, jeux, karaoke à l'orgue avec Hélène Momeux, animation musicale avec Don Aldo de la Moucha et Pierrot, Spectacle burlesque et musical avec Alderick, Françoise Drevet et son ukulele. Et concert métissé avec RAFFU .

    PRIX LIBRES SAUF BAR / Chili sin carne au diner (vegan)

    Cette journée permettra de financer des colis alimentaires.

    Les brigades c'est 90 familles et 400 personnes bénéficiaires.

    Le soir un repas prix libre vegan sans gluten et un goûter prix libre.

    On vous attend nombreuses et nombreux.

    Seul le peuple sauve le peuple"

    (Si vous voulez donnez un coup de main, n'hésitez pas à vous inscrire sur le frama :
    https://framadate.org/RJDxD1lEe1bdOG1X )

  • Monday 11 March 2024 - 11:54

    Conférence Gesticulée par Emmanuelle Cournarie.

    Dimanche 17 mars à 18h, à la Cale (16 rue Royet, St-Étienne), suivie d'une discussion, grignotage, bar.

    Au chapeau.

    C'est le récit d'une femme prise entre les espoirs d'ascension sociale de ses parents et la réalité néolibérale du monde qui se construit à partir des années 80.

    Cette société néolibérale, c'est celle qui a remplacé l'idéal collectif de justice et de cohésion sociale par la quête individuelle de réussite et de liberté.

    C'est celle qui nous impose de nous adapter, de faire la preuve de notre valeur sur des marchés : marché des études, marché de l'emploi, marché amoureux...

    L'accès à ces marchés, s'il est ouvert aux femmes, leur est systématiquement défavorable. Du marché du travail dévalorisé des femmes à l'exploitation de leurs corps sur le marché des sites de rencontre, le patriarcat se délecte du modèle néolibéral.

    Cette conférence gesticulée témoigne du processus de précarisation en cours et de la manière dont cette précarité impacte nos vies, bien au delà du travail !

  • Sunday 10 March 2024 - 14:12

    Rendez vous à midi, dimanche 17 mars, à la Tablée, 15 rue Robert à Sainté.

    Menu vietnamien végé / vegan prix libre : Banh bao / Bobùn / Perles de tapioca coco

    G. est en prison pour une longue peine. Ses proches habitent loin de l'endroit où il est incarcéré, et les moments pour se voir sont compliqués et rares, c'est souvent comme ça le soi-disant maintien des liens familiaux de la pénitentiaire... une tentative d'isoler les gens pour les briser un peu plus...

    Après de nombreuses et longues années d'incarcération, notamment à l'isolement, les traumatismes de la prison sont gravés en lui pour toujours... Pourtant il reste debout et solidaire.

    En prison, tout coûte cher.

    La gamelle est souvent mauvaise, et doit être remplacée ou complétée par les cantines, produits surtaxés par rapport aux prix extérieurs. La télévision, le frigo, sont payants. Les appels téléphoniques sont hors de prix.

    Il faut aussi souvent payer les avocats, les amendes, les parties civiles...

    Tout ceci pèse très souvent sur les proches, car le travail en prison n'est pas accessible à tout le monde, et les détenu.es sont payés des miettes, pour le plus grand plaisir des entreprises qui les exploitent.
    Il faut en plus ajouter le prix des déplacements au parloir, et parfois de l'hébergement pour les personnes qui viennent de loin.

    Pour toutes ces raisons, nous proposons une fois par mois une cantine en soutien, pour alléger la charge financière qui pèse sur des proches de détenu.es.

  • Sunday 10 March 2024 - 14:09

    Le samedi 23 mars, le Ramina Grobis est heureux d'accueillir la soirée proposée par la collective la fêlure de Marseille à l'occasion de la sortie de la publi#4 risographiée en juin 2023 aux ateliers My Monkey de Nancy.

    Sans thème imposé, la publi #4 réunit les propositions plastiques photographiques poétiques ou littéraires de seize contributeur·ice·x·s. Micro-édition située entre le fanzine et la revue, l'objectif de la « publi fêlure » est de valoriser les artistes femmes et issu·e·x·s des minorités de genre, de contribuer à leur visibilité et de les faire se rencontrer lors des soirées organisées pour leur sortie.

    Pour fêter cette sortie nous vous proposons une soirée de performances suivie d'une boum.

    Au programme :

    • « Nous sommes la mauvaise herbe », conférence-action de Youna Marsauche.
    • « H&M », performance de Léa Puissant
    • Projet solo au « violoncelle » de Amélie Legrand
    • « Candy Crash », techno noise lecture de Luna Baruta
    • « Le feu de la vague verte », DJ set de Latinantisexiste

    Au Ramina Grobis (15 rue Georges Dupré, St-Etienne), à partir de 19h.

    BIENVENU·E·S

  • Saturday 09 March 2024 - 00:30

    Le drapeau noir des canuts révoltés fait une apparition « remarquée » dans la manifestation des sans-travail aux Invalides à Paris, le 9 mars 1883, lors d'un meeting organisé par le syndicat des menuisiers. Louise Michel y arbore, pour la première fois, un drapeau improvisé, à partir d'un vieux jupon noir fixé sur un manche à balai. Voici la défense du drapeau noir qu'elle fit lors de son procès.

    Voici la défense du drapeau noir qu'elle fit lors de son procès le 22 juin 1883 :

    « Il y a quelque chose de plus important, dans ce procès, que l'enlèvement de quelques morceaux de pain. II s'agit d'une idée qu'on poursuit, il s'agit des théories anarchistes qu'on veut à tout prix condamner.

    On insiste sur la fameuse brochure : « A l'armée ! » à laquelle le ministère public semble s'être appliqué à faire une publicité à laquelle on ne s'attendait guère.
    On a agi autrement durement envers nous en 1871.
    J'ai vu les généraux fusilleurs ; j'ai vu M. de Gallifet faire tuer, sans jugement, deux négociants de Montmartre qui n'avaient jamais été partisans de la Commune ; j'ai vu massacrer des prisonniers, parce qu'ils osaient se plaindre. On a tué les femmes et les enfants ; on a traqué les fédérés comme des bêtes fauves ; j'ai vu des coins de rue remplis de cadavres. Ne vous étonnez pas si vos poursuites nous émeuvent peu.

    Ah, certes, monsieur l'avocat général, vous trouvez étrange qu'une femme ose prendre la défense du drapeau noir. Pourquoi avons-nous abrité la manifestation sous le drapeau noir ? Parce que ce drapeau est le drapeau des grèves et qu'il indique que l'ouvrier n'a pas de pain.

    Si notre manifestation n'avait pas dû être pacifique, nous aurions pris le drapeau rouge ; il est maintenant cloué au Père-Lachaise, au-dessus de la tombe de nos morts. Quand nous l'arborerons nous saurons nous défendre.
    Nous n'avons pas fait appel à l'Internationale morte parce qu'on n'a pu en réunir les tronçons et parce que l'Internationale est un pouvoir occulte et qu'il est temps que le peuple se montre au grand jour.

    On parlait tout à l'heure de soldats tirant sur les chefs : Eh bien ! à Sedan, si les soldats avaient tiré sur les chefs, pensez-vous que c'eût été un crime ? L'honneur au moins eût été sauf. Tandis qu'on a observé cette vieille discipline militaire, et on a laissé passer M. Bonaparte, qui allait livrer la France à l'étranger.
    Mais je ne poursuis pas Bonaparte ou les Orléans ; je ne poursuis que l'idée.
    J'aime mieux voir Gautier, Kropotkine et Bernard dans les prisons qu'au ministère. Là ils servent l'idée socialiste, tandis que dans les grandeurs on est pris par le vertige et on oublie tout.

    Quant à moi, ce qui me console, c'est que je vois au-dessus de vous, au-dessus des tribunaux se lever l'aurore de la liberté et de l'égalité humaine.

    Nous sommes aujourd'hui en pleine misère et nous sommes en République. Mais ce n'est pas là la République. La République que nous voulons, c'est celle où tout le monde travaille, mais aussi où tout le monde peut consommer ce qui est nécessaire à ses besoins...

    On nous parle de liberté : il y a la liberté de la tribune avec cinq ans de bagne au bout. Pour la liberté de réunion c'est la même chose En Angleterre le meeting aurait eu lieu ; en France, on n'a même pas fait les sommations de la loi pour faire retirer la foule qui serait partie sans résistance Le peuple meurt de faim, et il n'a pas même le droit de dire qu'il meurt de faim. Eh bien, moi, j'ai pris le drapeau noir et j'ai été dire que le peuple était sans travail et sans pain. Voilà mon crime ; vous le jugerez comme vous voudrez.

    Vous dites que nous voulons faire une révolution. Mais ce sont les choses qui font les révolutions : c'est le désastre de Sedan qui a fait tomber l'empire, et quelque crime de notre gouvernement amènera aussi une révolution.
    Cela est certain. Et peut-être vous-mêmes, à votre tour, vous serez du côté des indignés si votre intérêt est d'y être. Songez-y bien.

    S'il y a tant d'anarchistes c'est qu'il y a beaucoup de gens dégoûtés de la triste comédie que depuis tant d'années nous donnent les gouvernements. Je suis ambitieuse pour l'humanité moi je voudrais que tout le monde fût assez artiste, assez poète pour que la vanité humaine disparût. Pour moi, je n'ai plus d'illusion. Et tenez, quand M. l'avocat général parle de ma vanité. Et bien ! j'ai trop d'orgueil même pour être un chef : il faut qu'un chef à des moments donnés, s'abaisse devant ses soldats, et puis, tout chef devient un despote.

    Je ne veux pas discuter l'accusation de pillage que l'on me reproche, cela est trop ridicule. Mais, si vous voulez me punir, je commets tous les jours des délits de presse, de parole, etc. Eh bien ! Poursuivez-moi pour ces délits.

    En somme, le peuple n'a ni pain ni travail, et nous n'aurons en perspective que la guerre. Et nous, nous voulons Ia vie en paix de l'humanité par l'union des peuples.
    Voilà les crimes que nous avons commis.
    Chacun cherche sa route ; nous cherchons la nôtre et nous pensons que le jour où le règne de la liberté et de l'égalité sera arrivé, le genre humain sera heureux ».

    Texte de la Défense de Louise Michel, prononcée le 22 juin 1883, devant la Cour d'Assise de la Seine ; in Écrits sur l'Anarchisme - Ed Seghers, 1964.

    C'est dès fin 1882 que les anarchistes se prononcent pour l'abandon du drapeau rouge au profit du noir, celui de la révolte.

    Le 18 mars 1883, Louise Michel s'exclame salle Favié à Paris : « Plus de drapeau rouge, mouillé du sang de nos soldats. J'arborerai le drapeau noir, portant le deuil de nos morts et de nos illusions » [1].
    Louise Michel reprend le même discours à Lyon, devant une foule qui, lors de la révolte des Canuts, avait vu, pour la première fois l'apparition du drapeau noir. Elle était encore dans les mémoires.

    Le numéro 1 du journal « Le drapeau noir » paru à Lyon le 12 août 1883 s'exprime, en effet, sur ce choix : « Les événements, les faits de tous les jours, nous ont montré clairement que le drapeau rouge, si glorieux vaincu, pourrait bien, vainqueur, couvrir de ses plis flamboyants, les rêves ambitieux de quelques intrigants de bas étages. Puisqu'il a déjà abrité un gouvernement et servi d'étendard à une autorité constituée. C'est alors que nous avons compris qu'il ne pouvait plus être pour nous, les indisciplinés de tous les jours et les révoltés de toutes les heures, qu'un embarras ou qu'un leurre. »

    - ici même : Louise Michel, biographie pour le centenaire de sa disparition.


    [1] Cité par Maurice Dommanget dans L'Histoire du drapeau rouge, des origines à la guerre de 1939

    Article publié sur rebellyon.info.

  • Friday 08 March 2024 - 16:39

    Discussion et arpentage autour de la brochure « Libérer la vie, la révolution de la femme », de Abdullah Öcalan.

    RDV le mercredi 13 mars à 17 heures à l'Amicale Laïque du Crêt de Roch (la Cale) pour une discussion autour du mouvement révolutionnaire internationaliste kurde, du féminisme et des luttes queer. Cette discussion se déroulera en présence de membres d'un collectif queer Anatolien intersectionnel.

    L'idée est de commencer par une présentation du collectif et ensuite de faire un arpentage du texte « Liberer la Vie - La révolution de la femme », écrit par Abdullah Öcalan, théoricien et figure phare du mouvemet révolutionnaire kurde.

    Un arpentage c'est quand on lit à plusieurs un texte, qu'on se réparti des morceaux et qu'on en discute ensuite ensemble.

    Si tu veux ramener un truc à grignoter et à partager n'hésites pas.
    Tu peux aussi nous contacter via ce mail : lecture.stephanoises chez proton.me

    Adresse de la Cale : 20 Rue Royet, 42000 Saint-Étienne, France

  • Friday 08 March 2024 - 10:06

    Le vendredi 15 mars à partir de 19h au Méliès Saint-François, la Cimade et la MJC des Tilleuls organisent une soirée cinéma autour de l'exil et des frontières avec la projection de deux films : Lyon-Conakry de Chérif Bah et Chemins Inverses des jeunes des MJC de Sainté et de Rive-de-Gier.

    Au programme de cette soirée :

    • à 19h projection de Lyon-Conakry puis discussion avec la Cimade (association de soutien aux migrants)
    • à partir de 20h buvette et buffet froid
    • à 21h projection de Chemins Inverses puis discussion avec les jeunes réalisateurices

    LYON-CONAKRY de Hammady Chérif Bah (50')

    Hammady Chérif Bah est parti à la rencontre de compatriotes guinéens qui bataillent pour se construire une nouvelle vie dans un squat à Lyon, de ceux retournés au pays, des personnes solidaires qui contribuent à leur réinsertion ou qui combattent à Conakry le fléau de l'émigration. Des témoignages poignants sur les conditions de survie des migrants.

    CHEMINS INVERSES des jeunes des MJC de Sainté et de Rive-de-Gier (53')

    14 jeunes partent une semaine avec l'objectif de réaliser un Film à la frontière franco-italienne, à la découverte des parcours migratoires de personnes exilées ; mais aussi de ce qui se joue dans un groupe de jeunes aux codes et vécus bien différents.


    Entrée prix libre, soirée en soutien à la Cimade et à la Maison solidaire

    Au Cinéma le Méliès Saint-François, 8 Rue de la Valse, Sainté

    à très vite !

  • Friday 08 March 2024 - 10:06

    C'est quoi ?

    Pour les personnes qui nous ont déjà suivi, comme pour celles qui nous découvrent, cette troisième édition du DIVERX-GENS ne ressemble ni aux éditions précédentes ni aux prochaines.
    Le festival suit le parcours de vie, les rencontres de la fondateurice du collectif Café Autistes Adultes Lyon (2019) et se poursuivra ou s'éteindra.

    Le point commun chaque année est la date de clôture, le 2 avril, Journée Mondiale de Sensibilisation à l'Autisme.

    C'est où ?

    Deux lieux sur Lyon 7

    • L'Atelier de Sérigraphie Chalopin (3 rue Chalopin)
      Pour les vendredis 15 et 29 mars
    • L'Atelier des Canulars (91 rue Montesquieu)
      Week-ends des 16-17 et 23-24 mars + mardi 2 avril 2024

    Proches de la station Saxe-Gambetta

    Programmation

    Vendredi 15 mars - 18h

    Vernissage exposition collective Café Autistes Adultes Lyon
    (visible du lundi au vendredi jusqu'à la fin du festival)

    Samedi 16 mars - 19h

    Set commun Dijonnais avec Goûteur (Schlague Pop)
    https://youtu.be/Z1HpmMFBi08?si=sOlfaF3sOjfTQ_Bh
    et Parodéïne (Sadwave épicée à la lacrymo de fin de cortège)
    https://parodeine-sadwave.bandcamp.com/album/fin-de-soir-e

    Dimanche 17 mars - 17h (lectures et poésies)

    Collectif lyonnais « Poésie de Comptoir »
    Cédric Laplace (hymne au blues)
    Laurent Diox (lecture sur fond électro punk d'extraits de son livre "Henriette et le bonhomme-Bobine")

    Samedi 23 mars - 19h

    Laurence Loutre-Barbier (poétesse et croque-mort)

    TUNNEL BITCH (No Wave / Antifolk)Retour ligne automatique

    Et ajout de presque dernière minute NEBELKÄLT (groupe orphelin / coldwave)

    Dimanche 24 mars - 17h

    Ma Loutre (Spoken de l'Espace)

    S.H.I.T. (D.I.Y drone d'ambiance)
    https://shit1996.bandcamp.com/

    Vendredi 29 mars - deux créneaux au choix 14h ou 16h

    Viens sérigraphier toi-même notre visuel sur tote bag
    Uniquement sur inscription : atelier.diverxgens chez gmail.com
    (dans la limite des places disponibles)

    Attention accessibilité pour cet atelier sérigraphie
    L'atelier textile pour la session sérigraphie sur tote bag, se trouvant en sous-sol *sans ascenseur* avec un petit escalier en colimaçon, ne sera pas accessible aux personnes ayant des difficultés motrices.

    Mardi 2 avril - 19h

    Fiest'Apéro ouvert à tout le monde dans le calme, les chants et la bonne humeur avec :
    La Chorale des Canulars
    Café Autistes Adultes Lyon
    (journée mondiale de sensibilisation à l'autisme)

    CHARTE ACCESSIBILITÉ

    Nous demanderons au public de tenir compte des spécificités sensorielles (olfactive, auditive, visuelle, tactile...) des personnes faisant partie de notre collectif (pas de parfum, crème corporelle odorante, odeur d'après rasage forte, pas de mastication dans la mesure du possible, faire attention au volume voix, pas de flash sur les smartphones, ne pas toucher les personnes avec lesquelles vous discutez, pas même l'avant-bras ou l'épaule, ces gestes sont potentiellement douloureux... liste non exhaustive).
    Cela relève de gênes réelles qui peuvent provoquer vomissements, perte de connaissance, crises autistiques (meltdown, shutdown qui sont difficiles à vivre et culpabilisantes pour la personne concernée).

    Pas de moqueries sur les accessoires doudous (nounours, lunettes de soleil, bouchons d'oreilles, masque, casques, tenue vestimentaire...) et comportements des personnes présentes (mouvements répétitifs, écholalie, éclat de voix spontané...).
    Si vous complimentez, verbalisez/explicitez le fait que vous êtes en train de complimenter avec sincérité.

    Si une personne ne vous répond pas lorsque vous tentez de lui parler, prenez de la distance sans la faire culpabiliser.
    Si vous pensez que la personne a besoin d'aide, rapprochez-vous des personnes accueillant dans les lieux.
    Il est possible que ce soit un mutisme sélectif ou un début de crise autistique, ne touchez pas la personne, sauf si vous êtes très proche et qu'elle vous a déjà indiqué comment vous comporter avec elle dans ces situations.
    Merci également de ne pas reprendre les personnes sur les pronoms qu'elles peuvent utiliser pour parler d'elles-mêmes.
    Nous n'avons à ce jour pas de contact pour la LSF (langue des signes).

    Accessibilité

    Atelier des Canulars
    Il y a deux marches pour rentrer dans ce lieu associatif, il est toutefois possible de faire passer les personnes avec difficultés motrices par l'entrée du bâtiment attenant.

    Atelier Chalopin
    L'exposition collective, visible du 15 mars au 2 avril, sera accessible par l'allée du bâtiment pour les besoins PMR.

    L'atelier textile pour la session sérigraphie sur tote bag, se trouvant en sous-sol, sans ascenseur, avec un petit escalier en colimaçon, ne sera pas accessible ayant des difficultés motrices.

    Entrées

    Les événements à l'Atelier des Canulars sont en Entrée Prix Libre pour soutenir les artistes venant de Saint-Étienne, Dijon, Paris (et de Lyon aussi) ainsi que l'organisation du festival.
    Prix libre, ça veut dire qu'on donne ce qu'on veut, ce qu'on peut.

    Pas de CB sur place, pensez à prendre des espèces pour les entrées, boissons et merch des groupes.

    On vous accueillera dans un certain calme... Merci d'être attentif à nos besoins, sinon on aura très vite mal aux oreilles, au cerveau et on se sentira exclu.e de notre propre événement.

    MERCI !

    Merci à toutes les personnes passées, présentes et futures pour votre soutien, vos coups de main et votre présence <3

    Pitch